Liverpool a perdu mercredi une nouvelle chance de titre après une défaite à domicile en Coupe contre une équipe de 2e division, qui menace le sort de son entraîneur Rafael Benitez.

L'affection que le Kop portait à l'Espagnol, née du «miracle d'Istanbul» en Ligue des champions en 2005, est un souvenir.

Comme son devancier Gérard Houllier, Benitez, sauvé du licenciement par des manifestations de supporters fin 2008, pourrait payer ce désamour, prix d'éliminations précoces de la Ligue des champions, des Coupes nationales, et du parcours calamiteux dans un championnat qu'il ambitionnait de remporter.

Ancien capitaine du club, l'Irlandais Ronnie Whelan a sonné la charge après la défaite contre Reading, une équipe qui lutte pour son maintien en 2e division (1-2 après prolongations): Benitez «aurait dû partir depuis longtemps. Ils doivent le renvoyer maintenant».

Si l'indemnité de licenciement risque de faire hésiter les propriétaires d'un club perclus de dettes, le successeur semble presque évident aux yeux des supporteurs: la légende Red Kenny Dalglish, que Benitez a fait revenir au club.

Même la chaîne officielle du club ne censure plus les critiques. Un autre ancien Red, Jason McAteer, y a fustigé après la rencontre la performance «misérable» d'une équipe qui «n'a rien créé».

Gerrard et Torres blessés

Alors qu'il «garantissait» il y a peu que son équipe accrocherait une des quatre places qualificatives en Ligue des champions (Liverpool est actuellement 7e en championnat), Rafael Benitez reconnaît qu'elle est en «très mauvaise» situation. «C'est mieux que je ne vous dise pas ce que je n'ai pas aimé dans ce que j'ai vu», a-t-il soufflé.

Le futur proche, qui commence par un match contre le rugueuse équipe de Stoke, ne s'annonce pas ensoleillé. Régulièrement absentes, les deux stars de l'équipe, Fernando Torres (genou) et Steven Gerrard (cuisse) sont de nouveau sorties sur blessure contre Reading.

Et «sans eux, qui est capable de magie? Qui a un tant soit peu des qualités pour être un leader?», demande McAteer.

Hormis Torres et Gerrard, Liverpool est une équipe de joueurs moyens. Et Benitez, qui a beaucoup recruté, en est en grande partie responsable. Après la sortie des deux talismans, l'équipe sur le terrain gardait une valeur marchande globale de 70 millions d'euros, dépensés en grande partie par l'Espagnol.

Mais se débarrasser de Benitez ne règlerait pas les problèmes des dirigeants. Le fils de l'un des propriétaires, Tom Hicks Jnr, a dû démissionner cette semaine du conseil d'administration après avoir envoyé un mail obscène à un supporteur qui s'inquiétait de la situation financière du club.

Excluant de vendre ses joueurs, le directeur-général Christian Purslow est en quête d'investisseurs capables d'injecter plus de 110 millions d'euros d'ici mars. S'il échoue, Liverpool, grand d'Europe qui a longtemps combattu pour le titre de champion l'an passé, devra se résigner à contempler son brutal déclin.