Depuis 2 ans que Felix Magath est le tout puissant entraîneur de Wolfsburg, le club du constructeur automobile Volkswagen a changé de catégorie et l'ancien international allemand peut décrocher à la surprise générale un nouveau titre de champion d'Allemagne.

Comme il le fait depuis début 2009, Magath, 55 ans, ajustera sa cravate vert-bouteille samedi avant le coup d'envoi de la rencontre de la 28e journée contre le Bayer Leverkusen (9e à douze points).

Depuis qu'il porte ladite cravate, Wolfsburg a enchaîné neuf victoires, dont une retentissante claque assénée au champion en titre, le Bayern Munich, (5-1) début avril.

Mais Magath connait trop bien le football pour laisser la superstition s'immiscer dans sa gestion du surprenant leader de la Bundesliga qui, à sept journées de la fin, compte trois points d'avance sur le duo Bayern-Hambourg.

Si le rendement offensif du duo Grafite-Dzeko (36 buts à eux deux) est le signe le plus visible de la domination de Wolfsburg, la réussite des «Loups» repose avant tout sur leur condition physique irréprochable.

Adepte des marches à montagne --le Brésilien Grafite en garde du reste un cuisant souvenir-- et des «medicine balls», ces ballons lourds utilisés dans des exercices de musculation, Magath est souvent comparé à un officier préparant ses troupes à des missions commando.

Fils d'un soldat américain stationné en Allemagne, Magath, jamais très tendre avec la presse, s'est forgé une réputation de dur à cuire comme joueur et surtout comme entraîneur.

«C'est le dernier dictateur régnant en Europe», aurait lâché l'un de ses anciens joueurs après une éreintante séance de travail.

Échecs

Mais à Wolfsburg, ce père de six enfants, passionné d'échecs, cultive une autre image: il parle toujours aussi peu, mais selon Grafite, «il est présent lorsqu'on a besoin de lui».

L'ancien meneur de jeu d'Hambourg où il a remporté trois titres de champion et deux éditions de la C1, a même accompagné ses joueurs dans l'une de leurs séances de cinéma de veille de match.

Magath a trouvé à Wolfsburg, club sans palmarès ni passé, le job parfait, alors que son caractère pas toujours facile avait conduit les dirigeants du Bayern Munich à le limoger malgré deux doublés Coupe/championnat consécutifs en 2005 et 2006.

Depuis son recrutement surprise en 2007, il est à la fois entraîneur, manageur et directeur exécutif et n'a de compte à rendre à personne si ce n'est Martin Winterkorn, le grand patron de Volkswagen.

En deux ans, Magath a dépensé 50 millions d'euros sur le marché des transferts pour recruter 33 nouveaux joueurs, dont les champions du monde italiens Zaccardo et Berzagli.

Convaincu par son flair, ses méthodes et son discours, Volkswagen lui a déjà proposé de prolonger son contrat jusqu'en 2012, date à laquelle Wolfsburg pourrait avoir pris ses habitudes en Ligue des champions.