Longtemps malmené, souvent sifflé en début de saison, le Bayern Munich, roi de Bavière, veut redevenir empereur d'Allemagne en s'emparant de la tête du Championnat lors de la 13e journée.

«Le géant est de nouveau éveillé», résumait l'édition internet du magazine Der Spiegel, après la victoire du club munichois dimanche face à Schalke 04 (1-2).

Les hommes de Jürgen Klinsmann viennent d'enchaîner cinq victoires consécutives en Bundesliga, dont les quatre dernières grâce notamment à un but du Français Frank Ribéry, le maître à jouer qui leur manquait tant jusqu'à son retour de blessure fin septembre.

Samedi, s'ils parviennent à dominer Mönchengladbach, ils auront théoriquement la possibilité de ravir la place de leader au Bayer Leverkusen.

Quel chemin parcouru depuis début octobre où la presse allemande, très sévère avec un club dont elle moque volontiers le star-system et les gros sous, faisait ses gros titres sur le «plus mauvais début de saison depuis 31 ans» et «la descente aux enfers» du Bayern.

Le 4 octobre, au soir d'un douloureux nul face à Bochum (3-3 après avoir mené 3-1 jusqu'à la 84e minute), les Bavarois étaient sortis du terrain sous les sifflets de leur public. Le champion en titre n'est pas prêt d'oublier cette cruelle 7e journée: 11e à 7 points du leader!

Ce nul, face à une équipe du milieu de tableau, intervenait après deux défaites, l'une plutôt étonnante à Hanovre (1-0) et l'autre, terrible, devant le Werder Brême, son éternel rival sacré vice-champion la saison dernière: 2-5 à l'Allianz Arena après avoir été mené 5 à 0.

Dans le petit monde du football bavarois, il se murmurait déjà que le chef de la troupe, Jürgen Klinsmann, arrivé le 1er juillet seulement à Munich, allait payer les frais d'un tel fiasco.

Houblon amer

Ses méthodes de travail, réputées novatrices, ne paient guère au début, en particulier en défense où le système apparaît calamiteux. Dès les deux premières journées de Championnat, des doutes apparaissent: les Munichois sont tenus en échec par Hambourg (2-2), puis à Dortmund (1-1).

Alors, quand les joueurs viennent, comme chaque année, poser en culotte de peau à la Fête de la bière, l'ambiance n'y est pas et les gorgées de houblon, plus amères encore qu'à l'habitude, ont du mal à passer.

«Klinsi» continue d'y croire et réclame du temps. Il reçoit le soutien ferme des dirigeants du club qui l'assurent de leur confiance dans la tempête.

«Nous nous sommes beaucoup entraînés, nous avons beaucoup travaillé après avoir commencé tardivement la phase de préparation de la saison, en raison des engagements de nombreux joueurs dans l'Euro-2008», explique aujourd'hui Klinsmann.

«L'équipe est en forme, elle est de plus en plus stable. Nous avons des forces et nous travaillons sur ces forces», conclut-il en souriant.

Aujourd'hui, tous les regards se tournent vers l'époque où Klinsmann dirigeait la sélection allemande (2004-2006).

Sifflé et critiqué à son arrivée, l'ancien joueur de Monaco avait finalement porté l'Allemagne, sur fond d'immense ferveur populaire, jusqu'à la troisième place du Mondial-2006...