(Ottawa) Canada Soccer travaille à « moderniser » l’entente controversée avec Canadian Soccer Business, celle-ci ne donnant pas les résultats escomptés, ont indiqué devant un comité parlementaire des dirigeants de la fédération sportive.

Le Comité permanent du patrimoine canadien poursuivait lundi son étude de la situation à Canada Soccer après avoir entendu, il y a environ deux semaines, les témoignages de quatre joueuses de l’équipe nationale féminine venues dénoncer l’écart salarial entre elles et leurs coéquipiers masculins.

La séance a commencé sur une fausse note, alors que les élus ont manifesté leur mécontentement par rapport à l’absence du président démissionnaire Nick Bontis, qui devait comparaître. Ce dernier n’était pas à la table pour des motifs personnels, selon ses avocats ; les élus ont insisté pour qu’il soit convoqué à nouveau.

C’est Earl Cochrane, secrétaire général de Canada Soccer, qui a donné le coup d’envoi aux travaux avec la déclaration liminaire. Il a commencé par vanter la proposition de convention collective dévoilée tout juste avant que la capitaine Christine Sinclair et trois de ses équipières ne fassent leur apparition en comité.

« Nous croyons fermement que l’offre est juste et équitable. En vertu de cette entente, l’équipe féminine serait la deuxième équipe nationale la mieux payée au sein des équipes de la FIFA, derrière les États-Unis », a-t-il plaidé par visioconférence.

Puis, un mea-culpa. « Récemment, Canada Soccer a pris des décisions de financement pour les opérations de l’équipe féminine qui, selon nous, auraient un impact minimal. Nous avions tort », a soutenu le dirigeant en lisant des notes préparées, reconnaissant que « l’impact a été négatif pour l’équipe féminine ».

« Nous avions besoin de cet argent »

Une fois la présentation d’ouverture bouclée, les élus ont ensuite changé de chaîne, talonnant les dirigeants sur le pacte conclu en mars 2018 entre Canada Soccer et la firme Canadian Soccer Business (CSB). Celle-ci « mérite d’être révisée », a convenu Paul-Claude Bérubé, du conseil d’administration de la fédération.

L’entente cédant tous les droits commerciaux et télévisés des équipes nationales féminine et masculine, entre autres, avait été avalisée « pour une très bonne raison », soit pour engranger « trois millions de revenus par année et éviter une dépense d’un million par année pour faire la télédiffusion de nos matchs », a-t-il dit.

« Nous avions besoin de cet argent et nous avons conclu que de recevoir cette somme d’argent à long terme allait sécuriser nos opérations », a enchaîné M. Bérubé, tout en signalant que la résiliation de l’accord n’est pas dans les cartons.

« Vous avez les mains complètement liées avec cette entente », a commenté le conservateur Kevin Waugh.

Autant les hommes que les femmes avaient exigé l’ouverture des livres comptables de la fédération après la conclusion du pacte. L’accord, qui vient à échéance en 2027, mais pourrait être prolongé jusqu’en 2037, était endossé par Nick Bontis – celui-là même que les élus du comité veulent entendre témoigner.

Commentaires inacceptables sur Sinclair

Il a été question de lui en dépit de son absence : la libérale Lisa Hepfner a ramené sur le tapis une anecdote racontée par Christine Sinclair au comité.

« Je ne me suis jamais sentie plus insultée » qu’au sortir d’une réunion où Nick Bontis avait comparé ses demandes à du « bitching », avait exposé la prolifique numéro 12.

« Christine Sinclair est une légende dans notre sport. Elle représente le meilleur de ce que nous sommes, et le meilleur du sport féminin sur la scène internationale. Ce qui a été dit […] ne représente pas la façon dont nous la voyons et l’estime que nous avons pour elle », a dénoncé Earl Cochrane.

Adriana Lima persona non grata

Comme pour tester l’image que Canada Soccer a des femmes dans le sport, le libéral Anthony Housefather a questionné ses représentants sur la sélection de la mannequin brésilienne Adriana Lima, qui est associée à la marque de lingerie Victoria’s Secret, à titre d’ambassadrice de la Coupe du monde féminine de la FIFA.

« Canada Soccer considérerait-il qu’un mannequin de sous-vêtements Calvin Klein serait un ambassadeur adéquat pour une Coupe du monde masculine ? Elle n’a jamais joué au soccer. Pourquoi la choisirait-on ? N’est-ce pas dégradant pour les joueuses que le Canada et d’autres envoient sur le terrain ? », a-t-il lancé.

« C’est la première fois que j’entends cela, mais si je me fie à ce qu’on me décrit, je considère que l’époque de présenter le sport féminin de cette manière devrait être révolue, et depuis longtemps », lui a répondu Earl Cochrane.

La date de la prochaine rencontre du comité parlementaire n’a pas été annoncée.

Avec La Presse Canadienne

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