Si quelqu’un lance des fleurs à Jonathan Sirois, il va d’abord les attraper. Il va ensuite les distribuer, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus pour lui.

Tout au long de l’entretien téléphonique avec La Presse, le gardien de 21 ans attribue systématiquement ses réussites à autrui. Son altruisme est déconcertant.

Sa forte performance contre l’Austin FC lors du deuxième match de la campagne ? Elle s’explique par « la bonne préparation des entraîneurs ». Son calme et son aisance devant le filet depuis son arrivée comme titulaire ? Il les doit « à la confiance » que l’entraîneur-chef Hernán Losada et le vice-président et chef de la direction sportive du club, Olivier Renard, lui ont manifestée. La joie qui l’anime avant les matchs ? « Mes parents me rappellent tous les jours de match d’avoir du plaisir. »

Nous croyions bien pouvoir enfin le faire parler de lui-même quand il a été questionné sur ses premières minutes en MLS, obtenues contre l’Inter Miami lors du premier match de la campagne. Il a fait son entrée en remplacement à James Pantemis, sorti sur blessures.

Les gardiens, nous sommes une petite famille. J’étais beaucoup plus préoccupé pour James que par ma situation. C’était lui d’abord, et ensuite comment je pouvais aider l’équipe. Je n’avais pas le temps de penser à moi et mes premières minutes.

Jonathan Sirois

Celui qui a passé les deux dernières saisons en prêt avec le Valour FC en Première Ligue canadienne (PLC), où il a notamment été élu gardien du circuit à sa première campagne, a alors hérité du titre de titulaire.

Après la rencontre, l’entraîneur-chef Hernán Losada a parlé d’une absence qui pourrait durer de deux à quatre semaines, voire six semaines, pour Pantemis. Cette semaine, sur les ondes de BPM Sports, le directeur sportif Olivier Renard a glissé que le club attendait encore des résultats, « mais [que] Pantemis pourrait être absent pour plusieurs mois ».

Une nouvelle qui ne chamboule rien dans le quotidien du geôlier. Sirois avait comme objectif cette saison de « prouver » sa valeur à titre de gardien substitut. Alors il ne tient pas ce poste de partant pour acquis, loin de là.

Je prends chaque match un à la fois. Il n’y a aucune garantie. Si j’en joue 10 autres, tant mieux. Si ce n’est qu’un seul, eh bien, ce sera un match. J’y vais un match à la fois, une semaine à la fois, même un entraînement à la fois.

Jonathan Sirois

Une audition pour le poste de partant

Depuis que Clément Diop a ravi le poste à Evan Bush à la fin de la saison 2019, aucun gardien n’a été capable de s’établir comme gardien titulaire indiscutable. Entre-temps, Diop, Sebastian Breza et Pantemis ont momentanément eu l’étiquette de gardien partant, mais elle n’a jamais collé plus d’une saison.

Sirois pourrait alors s’imposer à la faveur du récent concours de circonstances. Cependant, le principal intéressé ne désire pas s’engager dans une lutte contre Pantemis.

Je ne suis pas ici pour créer une bataille avec James. Je me concentre sur mes performances. Si les médias veulent créer une lutte entre James et moi pour le poste de numéro un, ça les concerne. Moi, je me concentre sur ce que je peux contrôler.

Jonathan Sirois

Même s’il avoue être « satisfait » de ses performances depuis qu’il a été parachuté dans le poste de partant, l’athlète de Saint-Hubert est conscient qu’il peut « tout faire mieux ».

Sirois avoue parfois se « permettre de rêver » et de penser à ses buts à moyen ou long terme. Toutefois, il se force à avoir les pieds sur terre pour atteindre ses objectifs. « C’est le but de tous les gardiens d’être un jour un numéro un établi. Si je réussis à m’établir comme numéro un ici à Montréal, tant mieux, si c’est ailleurs, ce sera ailleurs. »

Dans l’intervalle, Sirois veut être un camarade agréable à côtoyer et un valeureux soldat sur qui ses coéquipiers et ses entraîneurs peuvent compter. « Je vais tout faire pour l’équipe. Je ne joue pas nécessairement pour moi. Je joue pour les personnes qui ont fait énormément de sacrifices pour que je sois ici. Ultimement, je joue beaucoup pour les fans. Je travaille beaucoup pour que ça paraisse sur le terrain et à l’extérieur. »

Jonathan Sirois pourra entendre son nom acclamé par les partisans du CFM pour la première fois samedi soir, alors que le Bleu-blanc-noir effectuera sa rentrée montréalaise au Stade olympique contre l’Union de Philadelphie. En dépit de son abnégation et de sa modestie, on lui souhaite de pouvoir savourer ses premières minutes professionnelles devant sa famille et ses amis.