(Doha) Sous la pression, le Brésil se déhanche : complicité, camaraderie et petits pas de danse, les Brésiliens abordent avec le sourire leur quart vendredi contre la Croatie au Mondial-2022 malgré le stress du résultat, un marqueur culturel et tout sauf un manque de concentration, assurent-ils.

Lundi, lors de la large victoire en huitièmes contre la Corée du Sud (4-1), les joueurs brésiliens ont multiplié les célébrations festives à chaque but, allant même jusqu’à interpréter ce qu’ils ont appelé la « danse du pigeon » aux côtés de leur sélectionneur Tite (61 ans).

« C’était programmé », a raconté l’attaquant Richarlison, qui a popularisé cette chorégraphie comme célébration de but. « (Tite) m’a demandé de lui apprendre la danse du pigeon. C’est important pour lui d’être là et de nous apporter cette joie également. Ça nous contamine sur le terrain. »

L’image de Brésiliens hilares face à des Sud-Coréens la tête basse a néanmoins valu des critiques aux joueurs de la Seleçao.

« Il ne faut pas faire ça à chaque fois. C’est un manque de respect », a tranché l’ancien milieu international irlandais Roy Keane, au micro d’ITV. « Même leur sélectionneur a participé ! Je n’aime pas ça. »

« Il y a toujours des aigris »

Pour Graeme Souness, autre ancien joueur devenu consultant, cette attitude risque de leur valoir des représailles et autres tacles musclés : « Ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne découpe un de ces Brésiliens », a-t-il prophétisé.

Mais le Brésil, lui, revendique son droit à la joie et à la légèreté.

« Il y a toujours des personnes aigries qui y verront un manque de respect », a réagi Tite. « Mais je ne veux pas qu’il y ait d’autres interprétations que la joie du but, du résultat, de la performance. »

Depuis son atterrissage au Qatar, la Seleçao a fait de la décontraction son modus vivendi, en dépit des blessures de plusieurs cadres, comme Neymar, absent une dizaine de jours pour cause d’entorse à une cheville avant de reprendre lundi. « Ney » a d’ailleurs reçu plusieurs marques de soutien de ses partenaires pendant sa convalescence, avant d’aller célébrer son but inscrit contre les Sud-Coréens avec Alex Telles, forfait pour le reste du tournoi.

Mardi, à la fin de l’entraînement au Grand Hamad Stadium de Doha, les joueurs ont pu retrouver leurs familles présentes dans les gradins. Tite a joué sur la pelouse avec ses petits-enfants, pendant que certains joueurs faisaient de même avec leurs enfants.

Tambour

« C’est notre nature », a plaidé Tite avant le tournoi. « Tout comme nous respectons la culture arabe ou les autres cultures, nous respectons la nôtre. Est-ce la joie ? Oui. Il y a des moments de concentration et de sérieux, et d’autres moments. Les buts sont le meilleur moment pour faire la fête et cela se traduit différemment chez chacun. Pour nous, c’est la danse. Tout en respectant l’adversaire, c’est une manière de se respecter soi-même. »

Dans la vie de groupe, le sélectionneur a fait en sorte d’entretenir une bonne atmosphère en donnant du temps de jeu à tous ses joueurs, même le troisième gardien Weverton entré en fin de match lundi.

Et comme l’a dit le capitaine Thiago Silva, la concurrence entre titulaires et remplaçants est « saine », ce que confirme le vétéran Dani Alves (39 ans), abonné au banc.

« Si je dois jouer du tambour pour encourager, je serai le meilleur joueur de tambour, je ferai ce qui est bon pour l’équipe », a lancé l’expérimenté latéral.

Et cette joie d’être ensemble ne doit pas changer avant le quart contre la Croatie vendredi, malgré l’immense pression qui pèse sur les épaules des Brésiliens, dont les supporters attendent désespérément un sixième sacre mondial, 20 ans après le dernier.

« Il y a beaucoup de joie, de chahut, a résumé l’entraîneur des gardiens Claudio Taffarel, mais aussi un sens des responsabilités et de la détente. »