Battre le Brésil, mais pleurer. Et pas de joie.

C’est dans cet état que le Cameroun s’est retrouvé après sa victoire de 1-0 sur la Seleção, vendredi. Gain miraculeux, acquis dans les arrêts de jeu, qui n’a cependant pas permis aux Lions indomptables de se qualifier pour les huitièmes de finale.

C’est plutôt la Suisse, forte de sa victoire de 3-2 contre la Serbie, qui s’est emparée de la deuxième position du groupe H.

« On peut être fiers de ce qu’on a fait ce soir, a souligné le gardien camerounais Devis Epassy. On a démontré qu’on était une grande équipe aussi, solidaire et combative, mais pas que ça. »

« On a tout donné, a quant à lui estimé Bryan Mbeumo. On rate notre qualification sur les deux premiers matchs où on n’a pas su faire la différence. »

Le Brésil avait décidé de reposer ses piliers. Mais on estime que même l’équipe B des Sud-Américains pourrait finir première de la plupart des groupes de cette Coupe du monde, tant elle est profonde à toutes les positions.

Ses attaquants, qui ont eu 21 occasions de faire mouche, devront recalibrer leur GPS. Sur le lot, seuls 7 tirs ont été cadrés. Et Epassy, l’homme fort du match, s’est érigé comme un mur à chacune de ces tentatives.

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Le gardien camerounais Devis Epassy

De l’autre côté, les Lions ont été patients. En absorbant le gros de la pression (65 % de possession en faveur du Brésil), ils devaient être efficaces en contre-attaque.

Avant ce match, non seulement la défense brésilienne n’avait pas accordé de buts dans ce Mondial, mais elle n’avait pas non plus accordé de tirs cadrés ! Les solides défenseurs Thiago Silva et Marquinhos n’étaient toutefois pas sur le onze partant du Brésil, vendredi.

D’où l’importance de l’exploit du Cameroun. C’est d’ailleurs la toute première fois qu’une équipe africaine bat le Brésil dans l’histoire de la Coupe du monde.

« C’est une très grande joie et un très grand rêve, gagner un match de Coupe du monde face au grand Brésil, a déclaré Jérôme Mbekeli, auteur de la passe décisive sur le but victorieux. Des gens que je vois jouer chaque week-end. […] Il y a quand même des regrets, mais on ne va pas cracher sur les trois points qu’on a pris ce soir. »

Les Camerounais ont placé trois tirs sur le cadre brésilien. Ederson, portier substitut à Alisson, a bloqué les deux premiers.

Mais sur le troisième, à la 92minute, il a été complètement déjoué et n’a pas bougé. À droite, Mbekeli a envoyé un somptueux centre vers la surface. Vincent Aboubakar, l’attaquant sur qui reposaient tous les espoirs camerounais dans ce tournoi, était parfaitement placé. Il a reçu le cuir sur la tête et l’a envoyé choir à la droite du filet.

Euphorique, il a retiré son maillot. Pourquoi pas ? Il écrivait l’histoire en battant le Brésil, grand favori du tournoi ! L’arbitre l’a rejoint, lui a donné un deuxième carton jaune. Aboubakar s’est donc vu expulser. Il en rit. Nous aussi.

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Vincent Aboubakar après avoir marqué le seul but du match

C’était toujours 3-2 pour la Suisse dans l’autre match. Même une égalisation serbe n’allait pas sauver le Cameroun : on se serait alors fié au quatrième bris d’égalité pour départager les Camerounais et les Suisses au classement, soit le résultat du match entre les deux formations (victoire suisse de 1-0). Sentiment doux-amer pour le Cameroun, donc, au coup de sifflet final.

« En dehors du fait qu’on a gagné, on a quand même une déception, a noté le sélectionneur Rigobert Song. On se rend compte qu’on pouvait faire mieux. C’est une jeune équipe [du Cameroun], on a vu notre jeunesse qui monte en puissance, c’est à souligner. »

Le Brésil a donc rendez-vous avec la Corée du Sud, lundi prochain. La Suisse, elle, se mesurera au Portugal de Cristiano Ronaldo, mardi.

Le sélectionneur brésilien Tite a rappelé que personne n’a gagné trois matchs dans ce Mondial, et que « les trois équipes qui se sont qualifiées précocement ont perdu ». En plus du Brésil, la France et le Portugal se sont inclinés à leur dernier match de poules.

« Cela nous remet en question, dit-il. Il y a peu de temps d’un match à l’autre, ils sont équilibrés. Le foot moderne est universel. »

Avec l’Agence France-Presse