Pendant 30 merveilleuses, insolites et chaotiques minutes, mercredi, tout ce qui a séparé la Pologne et le Mexique de la qualification en huitièmes de finale… était le nombre de cartons accumulés. Pardon ?

La conclusion du groupe C a été spectaculaire au Qatar. L’Argentine, à la suite de sa victoire de 2-0 face à la Pologne au stade 974 de Doha, a pris le premier rang. Les Polonais, malgré la défaite, se sont emparés de la deuxième position.

Au même moment, le Mexique l’a emporté 2-1 contre l’Arabie saoudite au Lusail Stadium. Et, non, cette victoire n’a pas été suffisante pour que les Mexicains passent au prochain tour. Comment cela a-t-il été possible ?

La Pologne et le Mexique ont terminé la phase de groupe avec le même nombre de points, soit quatre. Le deuxième bris d’égalité, c’est le différentiel de buts.

PHOTO KARIM JAAFAR, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’équipe du Mexique ne s’est pas qualifiée pour la phase éliminatoire.

Donc, lorsque l’Argentin Julián Alvarez a marqué le filet du 2-0 à la 67minute, et qu’au même moment, le Mexique menait 2-0 sur l’Arabie saoudite, les deux équipes étaient à égalité dans ces deux colonnes. Ils l’étaient aussi au chapitre du nombre de buts marqués.

Le quatrième bris d’égalité, c’est le résultat du match entre les deux équipes dans le tournoi. La Pologne avait fait un match nul de 0-0 contre le Mexique.


Selon les règles de la FIFA, le cinquième bris d’égalité, c’est le fair-play. Oui, oui. Le nombre de cartons accumulés dans son parcours à la Coupe du monde peut déterminer si une équipe passe ou non à la phase éliminatoire. Et c’est exactement dans ce contexte que la dernière demi-heure de jeu de ce groupe C s’est déroulée.

Pour la petite histoire, à ce moment, le Mexique avait sept cartons jaunes et la Pologne, cinq. Les Saoudiens ont finalement marqué contre les Mexicains à la 95minute pour donner l’avantage aux Polonais dans le différentiel de buts. Ça n’a pas changé l’ordre du classement, mais ça nous a privés de la confirmation de l’un des scénarios les plus cocasses possible.

Merci, Szczesny

On espère que les ambulances à Mexico et à Varsovie étaient prêtes à agir en cas de crises cardiaques, parce que les niveaux de stress dans ces deux capitales ont dû atteindre des sommets inégalés pendant cette période. La Pologne ne devait absolument pas accorder de but. Le Mexique devait absolument aller en chercher un de plus.

En vérité, dans la rencontre opposant Lionel Messi et Robert Lewandowski, le spectacle sur le terrain en a été nettement amoindri. En fin de rencontre, avec deux équipes qualifiées et satisfaites du résultat de part et d’autre, le jeu s’est éteint.

« Ce n’était pas un match pour un buteur comme moi, a indiqué Lewandowski, l’artilleur du FC Barcelone. Mais je savais que ce serait comme ça. […] Personne ne se souviendra de la manière dont nous avons joué ce match. L’important, c’est d’être prêts contre la France. »

Même son de cloche de la part de son sélectionneur.

Nous avons souffert, mais peut-être que du positif sortira de cette souffrance. Je suis désolé que nous ayons joué de manière aussi nerveuse, mais ce n’est pas le moment de se plaindre.

Czeslaw Michniewicz, sélectionneur de l’équipe de la Pologne

Mais du drame, il y en avait eu plus tôt.

Notamment à la 39minute. Quelques instants auparavant, Messi avait reçu la main du gardien Wojciech Szczesny au visage alors que l’Argentin tentait de frapper le ballon de la tête. L’arbitre, après vérification à la reprise vidéo, a décidé de façon controversée d’accorder le penalty.

Messi s’installe. Devant lui, l’un des meilleurs gardiens au monde. En ce qui a trait à l’action précise de bloquer un tir de pénalité, c’est peut-être le meilleur. Messi y va d’un tir puissant… bloqué brillamment par la main du Polonais.

PHOTO PEDRO NUNES, REUTERS

Le gardien polonais Wojciech Szczesny s’apprête à stopper un tir de pénalité de l’Argentin Lionel Messi.

Cet arrêt critique, juste là, est sans doute la raison pour laquelle la Pologne se prépare à affronter la France en huitièmes. Le geôlier de la Juventus a fait pas moins de neuf arrêts en première mi-temps, dont celui-ci. L’homme du match et du tournoi pour cette formation. Il en avait bloqué un autre, en plus de son rebond, contre l’Arabie saoudite.

Au sortir des vestiaires, l’Argentine n’a pas mis de temps à s’imposer. Alexis Mac Allister a trouvé le fond du filet après 68 secondes. Un tir faible dans la surface, mais bien placé.

L’Albiceleste, forte de sa possession dominante (74 %), a continué d’attaquer. Elle a enregistré pas moins de 23 tirs, contre 4 pour la Pologne. Du lot, elle en a cadré 12.

« La patience a été la clé, a analysé Nicolas Tagliafico, latéral gauche argentin. On savait que la Pologne allait essayer de défendre en mettant beaucoup de monde derrière. […] Des trois matchs qu’on a joués au Mondial 2022, je crois que c’est le meilleur. »

Julián Alvarez a doublé l’avance de son équipe à la 67e d’un bon tir du pied droit dans la boîte.

La victoire argentine a été sans équivoque, même si l’enjeu de cette rencontre n’était pas là. Après la vive déception de leur entrée en scène contre les Saoudiens, les Argentins sont bel et bien lancés dans cette compétition.

Avec l’Agence France-Presse