La tension qui monte au stade Saputo. La frustration des partisans qui la suit. Puis, la délivrance. L’euphorie. La touche du destin d’Ismaël Koné, à la 68minute.

Le but du Québécois, suivi du penalty de Djordje Mihailovic dans les arrêts de jeu, a fait passer le CF Montréal en demi-finale de l’Est, dimanche soir. Il a éliminé Orlando City en vertu d’une victoire de 2-0.

« C’était spécial, s’est réjoui Koné, tout sourire, après le match. Je n’avais jamais marqué au stade Saputo. […] C’était le bon moment pour marquer le premier. »

Tu dis.

Djordje Mihailovic a qualifié l’ambiance du stade Saputo comme étant « la meilleure dans laquelle [il a] joué dans sa carrière professionnelle ».

« Ça en dit beaucoup, parce que j’ai joué dans de belles ambiances. On sait que la semaine prochaine sera encore meilleure. »

Le prochain adversaire du CF Montréal sera connu ce lundi soir, à l’issue du match entre le New York City FC et l’Inter Miami. Une chose est certaine : son prochain match aura lieu dimanche prochain, à 13 h.

La tension monte

Le CF Montréal a dominé cette rencontre, comme il en a l’habitude. Mais Orlando City avait décidé d’appliquer un style de jeu perturbateur.

En première mi-temps surtout, le gardien Pedro Gallese a fait de sa lenteur à remettre le ballon en jeu son expertise. Et s’abreuvait des lamentations nombreuses et bruyantes de la foule. Jumelée à des décisions controversées – pour ne pas dire ratées – de l’officiel Ismail Elfath, la frustration montait et montait dans les gradins.

Mais, sur le terrain, les joueurs de Wilfried Nancy ne se sont pas laissés impressionner. Il faut dire que l’entraîneur les avait préparés en ce sens.

« Même avant le match, on connaissait leurs tactiques, a souligné Mihailovic. On savait qu’ils allaient tenter de perdre du temps. Si on respectait notre plan de match et contrôlait nos émotions, les occasions allaient venir. »

L’insatisfaction dans les gradins était à son comble à la toute fin de la première mi-temps. L’arbitre Elfath n’a pas jugé bon de siffler un penalty – évident aux yeux de La Presse – à l’avantage du CF Montréal.

« C’est difficile jouer un match de foot quand l’arbitre n’est pas des deux côtés, a réagi Koné. C’est bizarre, hein ? »

Nancy, « meilleur entraîneur de l’année » pour une raison

Mais ce sont ces péripéties qui, en somme, ont fait de cette deuxième mi-temps une période salvatrice. Le CF Montréal a gardé son calme. Il a continué de se créer des occasions. Et ce, même s’il a conclu la rencontre avec deux tirs cadrés seulement ; ses deux buts. De l’autre côté, outre quelques tirs quelque peu dévissés, Orlando n’en a cadré aucun.

Arrive la 68e. Le défenseur Joel Waterman passe vers Kei Kamara dans la boîte. Le Sierraléonais envoie à Mihailovic en première intention. Ce dernier remet à un Koné libre à gauche. Petite touche, deux enjambées, et puis vlan ! Le CF Montréal prend les devants.

Fumigènes, cris de joie, et peut-être quelques soupirs de soulagement.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Comment les deux principaux acteurs de ce but ont-ils vécu ce moment ?

« Je me suis préparé à prendre un tir, raconte Mihailovic. C’est alors que je vois que [Koné] est à gauche, complètement libre. C’est quelque chose sur lequel on s’est entraîné il y a deux jours. Et c’est la raison pourquoi notre entraîneur est l’entraîneur de l’année. Parce que ce qu’on fait dans les entraînements fonctionne pendant les matchs ! »

Vient le tour de Koné devant les micros.

« Moi, je suis sûr que Djorjde va me le remettre, assure le Québécois. S’il ne me le remet pas, on va se battre. Mais c’est ça, la qualité de Djordje. C’est un grand passeur, un grand créateur. »

« On mérite ces moments »

Les tactiques d’Orlando, mené au tableau indicateur, n’ont pas fonctionné. Et de toute façon, Montréal a continué d’attaquer. La victoire montréalaise a été confirmée après le but marqué par Mihailovic sur penalty, à la 99minute.

Le dernier vrai match éliminatoire du CF Montréal – si on exclut l’année pandémique de 2020 – remonte à 2016. La plupart des joueurs du club n’étaient pas ici. Pas même Samuel Piette.

Pour une formation avec une expérience quasi inexistante dans le tournoi d’après-saison de la MLS, le CF Montréal a démontré du caractère et une belle sérénité.

« C’était important que le groupe se prépare bien pour ce match, a noté Mihailovic. Il ne fallait pas regarder trop loin. Oui, on est conscients de l’importance de la rencontre. Mais on sait aussi qu’on mérite d’être ici. On l’a prouvé lors des 34 derniers matchs. On est une des meilleures équipes de la ligue. On mérite ces moments. »