Sur l’album OK Computer, après le déprimant interlude Fitter Happier, Radiohead passe à l’extravagante Electioneering. Les notes déchirantes émanant de la Telecaster de Johnny Greenwood vous transportent dans un tout autre état d’esprit. Un vif hochement de tête est assuré. Le CF Montréal va espérer que son retour de trêve internationale soit à l’image de cet enchaînement classique issu du rock alternatif.

Parce qu’il ne lui reste que deux matchs avant les éliminatoires de la Major League Soccer (MLS). Dont son dernier à domicile, samedi soir, face à DC United. Le club a déjà annoncé une salle comble pour cette rencontre. Il a tout avantage à profiter de celle-ci pour se donner un dernier élan.

Même si pour Wilfried Nancy, il est encore trop tôt pour penser à l’après-saison.

« C’est trop loin encore, a-t-il avancé jeudi matin au Centre Nutrilait. On a deux matchs à jouer. Ils sont importants parce qu’il faut continuer à gravir la montagne. »

Nancy a souvent la voix rauque après les matchs, signe d’une surutilisation de ses cordes vocales pendant les 90 minutes précédentes. Elles semblaient en bonne santé jeudi. A-t-il effectivement eu le temps de se reposer pendant la trêve ?

« J’ai des travaux à la maison en ce moment, donc c’est un peu compliqué, lance-t-il, amusé, mais pas trop. Je n’ai pas pu jouer au golf, donc c’est compliqué aussi… »

Mais il a profité de cette période pour faire le point sur les deux dernières années de son équipe. Et du chemin parcouru.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

L’entraîneur-chef du CF Montréal, Wilfried Nancy

Il y a eu des moments difficiles l’année dernière, certaines choses que l’on aurait dû mieux gérer. Et grâce à ces moments-là, on a pu être meilleurs cette année.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

Cependant, en raison de son « côté compétitif », il « regrette » le résultat de certains matchs en 2022. Comme cette défaite contre Philadelphie au Stade olympique, en début de calendrier. Parce qu’aujourd’hui, à deux rencontres du terme, le CFM n’est qu’à cinq points de la tête de la ligue. Le Supporter’s Shield, remis au premier du classement général après 34 matchs, est l’un des deux trophées majeurs de la MLS.

« On menait 2-0, mais le but de Djordje a été refusé, rappelle Nancy à propos du match du 5 mars dernier. Et après, on a pris 2 buts en 3 minutes. » Pour une défaite de 2-1.

L’Union a aujourd’hui 64 points. Montréal, 59. Ces trois minutes d’égarement en début de saison empêchent aujourd’hui le CFM d’espérer avec conviction une véritable course à trois pour le Shield, avec le LAFC. Il lui faudrait deux défaites de Philly – ce qui n’est pas dans les habitudes de l’équipe du domicile de Rocky – et deux victoires montréalaises.

« Je ne m’arrêterai devant rien (I will stop at nothing) », chante Thom Yorke sur Electioneering. Le CF Montréal est-il un adepte de Radiohead ?

La pire équipe de la ligue

Le DC United chancelant de Wayne Rooney s’amène en ville. DCU n’a remporté que le premier match depuis le retour de l’entraîneur anglais en juillet. Sinon, c’est 10 matchs sans victoire en août
et en septembre.

Mais « il faut prendre tout adversaire au sérieux », prévient Zachary Brault-Guillard, qui parle aussi de « rigueur » à appliquer sur le terrain.

Nancy évoque une reconstruction « intéressante » chez le DCU.

« Vous allez voir la façon dont ils jouent, avec leur gardien qui joue très, très haut. […] Ils ont [Christian] Benteke, un joueur très intéressant qui leur fait du bien. Ils se préparent pour l’année prochaine. »

Ce sera un match difficile, comme tous les matchs MLS.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

N’empêche. Il s’agit de la pire équipe de la ligue, sans l’ombre d’un doute. Qui doit en plus composer avec l’absence de son meilleur joueur, Taxi Fountas. Le Grec fait l’objet d’une enquête par la MLS en raison d’allégations voulant qu’il ait tenu des propos racistes à l’endroit de Damion Lowe, de l’Inter Miami. Le joueur est resté en Grèce malgré la fin de la fenêtre internationale.

On a tenté de savoir si l’entraîneur voit en ce match un impératif de victoire. Pour confirmer l’élan. Pour améliorer la fiche à domicile avant d’y accueillir un adversaire en éliminatoires. Pour satisfaire les 19 619 partisans présents.

« Je ne parle jamais de gagner un match », assure-t-il, ce qui va de concert avec sa philosophie affichée toute la saison.

« Je ne fais pas partie des entraîneurs qui disent “Allez, il faut se dépouiller, il faut qu’on aille dans tous les sens, il faut se battre”. Non. Les joueurs le savent. […] Si c’est pour dire ça, mon métier ne sert à rien. »

Lassi Lappalainen sera de retour en pleine forme pour cette rencontre, lui qui est absent depuis la fin août. Djordje Mihailovic sera toutefois suspendu pour cause d’une accumulation de cartons jaunes.