Le Canada avait besoin d’un vrai test dans sa préparation pour la Coupe du monde. Contre l’Uruguay, mardi, c’est ce qu’il a eu. L’unifolié s’est incliné 2-0 au terme de ce match amical disputé à Bratislava, en Slovaquie.

Mais le Canada n’a pas démérité. C’est même lui qui a construit l’essentiel du jeu, surtout en deuxième mi-temps. On aurait cru qu’en soi, cela aurait été rassurant pour John Herdman. Le sélectionneur avait cependant la mine déconfite sur les ondes de OneSoccer après la rencontre.

« Je suis un peu déçu, a-t-il avoué. Je viens de parler aux gars dans le vestiaire, et je leur ai dit que quand vous avez autant d’occasions dans un match, il faut en profiter. […] Il n’y a pas de prix spécial lorsque tu perds un match que tu aurais dû gagner. »

Si tu perds des matchs comme ça, tu vas sortir de la Coupe du monde assez rapidement.

John Herdman, sélectionneur de l’équipe canadienne

Il y avait une réelle dichotomie entre les commentaires de l’entraîneur et le sentiment qui émanait de cette défaite somme toute honorable contre un adversaire de la trempe de l’Uruguay. Parce que devant la Celeste, avec ses joueurs issus de quelques-uns des plus grands clubs européens, le défi était de taille.

« On doit voir les éléments positifs, a souligné Stephen Eustáquio, encore lumineux au milieu du terrain mardi. On a contrôlé le jeu contre une excellente formation. […] Lors d’une journée normale, en qualifications pour la Coupe du monde, on aurait profité de nos occasions. J’aime penser que nos attaquants en gardent pour le Qatar. »

C’est exactement à ce chapitre que la différence de niveau entre les deux formations s’est fait sentir. L’exécution. L’instinct du tueur dans le dernier tiers. L’Uruguay a marqué ses deux buts sur ses deux seuls tirs cadrés, en première mi-temps. Le Canada, bien qu’il ait eu 55 % de possession et 3 tirs cadrés sur 11 tentés, n’a jamais réellement effrayé le gardien Sergio Rochet.

Débuts compliqués

À l’image de son diffuseur officiel, l’équipe canadienne a mal entamé son match. Pendant les 16 premières minutes de la rencontre, OneSoccer, qui possède les droits de Canada Soccer, a connu des problèmes techniques. Ce qui a privé ses abonnés des images en direct de la Slovaquie.

Lorsque le signal a repris vie à la 17e, c’était déjà 1-0 pour l’Uruguay. Nicolás de la Cruz avait enfilé une frappe sublime sur coup franc, après un tacle pourtant propre du défenseur du CF Montréal Kamal Miller.

La marque reflétait l’allure du début de rencontre à ce moment. Mais par la suite, et malgré d’autres problèmes techniques du diffuseur, le Canada a graduellement retrouvé ses repères. On l’a senti plus posé, plus patient dans sa construction de jeu.

PHOTO RADOVAN STOKLASA, REUTERS

John Herdman

Ce qui n’a pas empêché l’Uruguay, fort de son grand talent offensif, de doubler la mise. À la 33e, l’attaquant de Liverpool Darwin Núñez a fait fi de la couverture d’Alistair Johnston dans la surface, et a effectué une très belle reprise de la tête sur un centre de Luis Suárez. Deux noms qui, à eux seuls, peuvent faire frémir n’importe quelle défense de la planète.

« Ce sont deux moments qui nous ont coûté le match », a soulevé Kamal Miller, sur OneSoccer. « Ce sont dans ces moments critiques que tu perds des matchs de soccer. »

Les hommes de John Herdman ont conclu positivement le premier engagement. Des chances de Cyle Larin et Jonathan David, notamment, ont fait retenir leur souffle aux partisans de la Celeste. Mais à ce niveau, on a pu voir à quel point le temps et l’espace sont beaucoup plus restreints.

« Réaliste »

Cette tendance s’est confirmée en deuxième période. Autant le Canada a réussi à bourdonner autour de la surface uruguayenne, autant le bloc défensif étanche de son adversaire l’a empêché de s’épanouir offensivement.

J’ai trouvé que nous avons été excellents. En deuxième mi-temps, j’ai eu l’impression qu’on a dominé. On les a empêchés de venir dans notre boîte.

Kamal Miller

Mais John Herdman a voulu être « réaliste ». « L’écart à rétrécir n’est pas si grand », a-t-il indiqué sur OneSoccer. Le diffuseur est devenu fiable au bon moment, d’ailleurs, puisque la conférence de presse virtuelle organisée par Canada Soccer a été annulée après plus d’une heure d’attente.

« Les joueurs réalisent qu’on est tout près, a enchaîné Herdman. Mais une partie de notre travail dans les coins offensifs n’était pas assez précis. Ils ont marqué deux buts sur trois ou quatre centres. Sur 22, nous n’en avons marqué aucun. »

Prochain rendez-vous pour le Canada : un affrontement contre le Japon, tout juste avant la Coupe du monde, le 17 novembre prochain.