Autant le Canada a bien paru face au Qatar, vendredi à Vienne, autant doit-il être déçu de l’opposition qui lui a été offerte.

Les hommes de John Herdman l’ont emporté 2-0 face aux hôtes de la prochaine Coupe du monde, dans ce premier de deux matchs amicaux qu’ils disputent dans cette région de l’Europe cette semaine.

On ne voulait pas sous-estimer le Qatar, qui a eu sa place d’office au Mondial en vertu de sa qualité d’organisateur du tournoi. Mais force est d’admettre que le niveau n’y était pas tout à fait. La domination canadienne a été totale et complète.

« On a montré notre qualité, a souligné John Herdman après la rencontre. C’est important pour nous. »

À défaut d’avoir eu un adversaire de la trempe du Maroc, de la Croatie ou même de la Belgique, l’unifolié a au moins pu faire le plein de confiance.

« Ç’a été une performance solide », a lancé Samuel Piette après la rencontre.

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Le stade Viola Park de Vienne a été l'hôte du match amical entre le Canada – victorieux – et le Qatar, vendredi

On a été dominants avec la possession, et capables de récupérer le ballon rapidement dès qu’on le perdait.

Samuel Piette

Le milieu défensif du CF Montréal a été titulaire pour ce match, et a offert une très belle partition contre un adversaire hors de la région bien connue de la CONCACAF.

Pression canadienne

Herdman avait opté pour faire jouer ses habitués dans son alignement partant.

Cyle Larin a trouvé le fond du filet dès la 4minute, faisant mouche de la tête dans la surface. Puis, à la 13e, Jonathan David s’est emparé d’un retour à l’embouchure pour doubler la mise.

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Cyle Larin (à gauche) a trouvé le fond du filet dès la 4minute.

Sur les ondes du diffuseur OneSoccer, Herdman a encensé ses attaquants.

« Ils adorent marquer. Et ils obtiennent du bon service quand ils jouent pour le Canada, avec la qualité autour d’eux. Mais je veux aussi souligner le travail qu’ils accomplissent. Les données de Cyle étaient stupéfiantes [off the charts] sur notre GPS. »

Le Qatar a accepté d’absorber la pression canadienne tout le match. En se satisfaisant de jouer la contre-attaque rapide lorsqu’il en avait l’occasion. Ce qui est rarement arrivé. Et, surtout, sans grand succès. On a noté un bel arrêt de Milan Borjan à la 78e, sans plus.

Alphonso Davies a quitté le match peu après ce qui a temporairement semblé être une blessure importante. Mais il s’est finalement relevé par ses propres moyens, et est resté au banc des joueurs. Herdman a dit qu’il semblait « correct » par la suite.

Le succès des Montréalais

Les partants, qui incluaient aussi les Montréalais Alistair Johnston et Kamal Miller, ont généralement bien paru. Cela dit, le contraire aurait été étonnant. Le sélectionneur du Canada n’a d’ailleurs pas manqué de souligner leur brio.

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Alistair Johnston (2)

« Alistair Johnston a été brillant ce soir », a-t-il dit, avant de se dire aussi « impressionné » par Kamal Miller. Les deux défenseurs du CF Montréal avaient le mandat de jouer dans les deux profondeurs du terrain pour défaire le bloc bas installé par les Qataris. Et ainsi, « créer des supériorités numériques sur les côtés ».

« Ils ont vraiment bien géré ça, a salué l’entraîneur. Mais ils ne peuvent le faire sans Stephen [Eustáquio] et Sam Piette devant eux. »

Ces deux joueurs ont travaillé en double pivot au milieu de terrain. Pour Piette, « la bonne relation » qu’il entretient avec le joueur du FC Porto hors du terrain s’est reflétée sur la pelouse du Generali Arena.

« On a montré aujourd’hui qu’on est capables de faire jouer cette équipe », a lancé le Québécois.

« Décisions difficiles »

Le milieu Ismaël Koné et les attaquants Iké Ugbo et Charles-Andreas Brym ont fait leur entrée à l’heure de jeu. Ensuite, l’ailier Liam Millar a pris la place de Sam Adekugbe. Si on cherchait un signe bien concret pour confirmer que ces matchs font office d’auditions pour plusieurs joueurs avant la Coupe du monde, il se trouvait juste là.

D’ailleurs, John Herdman a avoué avoir des « décisions difficiles » à prendre d’ici novembre.

C’est la partie la plus difficile à vivre pour un entraîneur. Tu sais qu’il y a des gars qui n’y seront pas. J’ai été loyal envers certains joueurs pendant quatre ans. […] C’est au cœur de ce sentiment de fraternité que l’on a.

John Herdman, entraîneur-chef de l’équipe canadienne

Il ne veut pas être aveuglé par la « brillance » de quelques belles performances récentes émanant de joueurs qui percent. Mais l’enjeu de la forme physique, même pour ceux qui ont fait de grands sacrifices lors du long processus de qualification, le tracasse aussi. Herdman finit par nommer l’exemple de Richie Laryea qui, avec un Toronto FC hors des séries, ne jouerait pas de matchs compétitifs pendant près de deux mois avant la rencontre contre la Belgique, le 23 novembre.

« Ce ne serait pas une situation idéale pour le Canada que d’avoir des joueurs pas prêts, physiquement. […] On va essayer de les amener à un niveau adéquat, mais on ne le saura pas avant notre rencontre contre le Japon. Certains joueurs dont on s’attendrait qu’ils jouent pourraient ne pas être prêts à jouer ces matchs internationaux. »

Entre-temps, il reste au Canada son vrai défi de cette fenêtre internationale. Le match contre l’Uruguay, mardi à Bratislava, en Slovaquie, « sera un test bien différent », dixit Herdman.

« C’est le type de rencontre dont rêvent les joueurs. »