Le chemin qu’a parcouru Mohamed Farsi pour se rendre à la MLS a été sinueux. « Les occasions ne sont pas venues sur un plateau d’or, dit le Québécois. Je suis parti les chercher. »

PLSQ. PLC. MLS Next Pro, puis MLS. En passant par l’Algérie. La voie qu’il a tracée pourra maintenant servir aux jeunes talents québécois rêvant aux plus hauts niveaux nord-américains.

« En vérité, c’est ça, l’objectif », avoue-t-il lors d’un entretien Zoom avec La Presse.

Il y a deux semaines, Farsi a signé un contrat avec la première équipe du Crew de Columbus, club qu’affrontera le CF Montréal ce mercredi soir en Ohio. Il est ainsi devenu le deuxième Québécois actif à jouer en MLS en dehors de Montréal, après le gardien Maxime Crépeau.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @FARSI_15

Mohamed Farsi lors de la signature de son contrat avec le Crew de Columbus

Farsi était depuis mars engagé avec le Crew 2, équipe de réserve évoluant en MLS Next Pro. Ce nouveau circuit, considéré comme la troisième division américaine, est un circuit de développement pour la grande ligue.

Mohamed Farsi a fait trois apparitions jusqu’à présent avec le Crew. Dont deux avant de signer son contrat. Et chaque fois, il a « pris ça sérieusement ».

J’avais pour objectif de signer cette année, mais peut-être plus vers la fin de la saison. […] C’est venu plus rapidement que prévu. Ouais, je suis content.

Mohamed Farsi

Un autre qui est « content », c’est Mathieu Choinière. Le milieu de terrain du CF Montréal connaît bien Farsi : les deux joueurs ont croisé le fer à l’époque où ils évoluaient dans le soccer régional.

« C’est grandement mérité, ce saut en MLS ! », indique Choinière lors d’un échange de messages textes avec La Presse.

« J’ai très hâte de l’affronter bientôt. Ça va être comme dans le bon vieux temps. »

« La PLC ne voulait pas de moi »

Mo Farsi a un ton amical, chaleureux. Au moment de notre appel, il est « tranquille à la maison » après son entraînement avec le Crew. Il n’y a pas si longtemps, ce dernier complément de phrase aurait paru hors de portée pour le Montréalais, dont les parents sont nés en Algérie.

Adolescent, Farsi ne s’était pas assez démarqué pour se joindre à l’Académie de l’Impact, « l’équipe de sa ville ».

Sans rancune, assure-t-il.

« Quand j’étais plus jeune, entre 12 et 15 ans, je n’étais pas dans l’élite du Québec. […] C’est vraiment vers 16 ans que j’ai explosé par rapport aux joueurs de mon âge. »

Il y a eu une parenthèse futsal. Puis une saison avec le CS Longueuil en Première Ligue de soccer du Québec (PLSQ). Il rejoint finalement l’AS Blainville en 2019. Et se fait remarquer à 19 ans lors d’un affrontement en Championnat canadien contre York9, club de Première Ligue canadienne (PLC). Ce qui l’amène à s’entendre avec une équipe de la première division algérienne, l’AS Aïn M’lila.

J’ai eu mon premier contrat pro en Algérie. Parce que malheureusement, la PLC ne voulait pas de moi. On va se dire la vérité !

Mohamed Farsi

Mais « ça s’est mal passé » en Algérie. En une saison, il n’a jamais pu fouler le terrain. De retour au pays, le Cavalry de Calgary, en PLC, lui offre un essai.

Malgré le « coup sur l’ego », il se retrousse les manches.

« J’ai fait mon essai de deux semaines. J’ai tout donné. Comme par hasard, j’ai signé un vendredi vers 13 h. »

C’était le 13 mars 2020. Cette date vous dit quelque chose ?

« Deux heures plus tard, ils ont annoncé que les activités allaient être interrompues quelques semaines. […] Ç’a été interrompu de mars à juin. »

Attends. Tu as signé ton contrat pro deux heures avant que tout ferme à cause de la pandémie ?

« J’ai signé au parfait moment, man ! »

Il devient cette année-là une des jeunes vedettes du circuit canadien. Jusqu’à remporter le titre de joueur U21 par excellence en 2020. Après une autre belle saison en 2021, il s’engage avec le Crew 2 en mars 2022.

Un choix de carrière que certains remettaient en doute, selon lui.

« Passer de la PLC à la MLS Next Pro, ce n’était pas un pas vers l’avant, dit-il. Tu joues contre des jeunes, etc. Mais je n’avais vraiment pas peur de faire ce choix-là. Quand je l’ai fait, ça a parlé. […] Moi, je sais pourquoi j’ai fait ça. »

« À la fin de la journée, regardez qui passe pour un génie ! », ajoute-t-il en riant.

« Inspirer » et « aider »

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal, a parlé d’une « belle histoire » mardi, interrogé au sujet de Farsi.

« Je me rappelle encore qu’il y avait beaucoup de sceptiques par rapport à la PLC, indique Nancy. […] Mais grâce à ça, ça a permis à des joueurs d’évoluer, comme ce jeune. Et comme Joel Waterman, qui vient aussi de là. »

« Il y a du talent » au Québec, assure Farsi. Il aimerait l’« inspirer », montrer qu’il y a « d’autres portes d’entrée » que le CF Montréal.

« Si je peux aider de cette façon-là, ça me fait juste plaisir. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Joel Waterman

Waterman ne sera finalement pas suspendu

On croyait bien que Joel Waterman serait suspendu pour ce match contre le Crew de Columbus, après qu’il ait écopé d’un carton jaune de trop samedi soir dernier. Mais l’avertissement, signalé à la 53e minute par l’officiel Ramy Touchan, est finalement allé à la fiche de Djordje Mihailovic. Non seulement Waterman est donc disponible pour le match de ce mercredi, mais on peut même retirer un carton à son compteur en vertu de ses cinq matchs consécutifs sans que son nom ait été inscrit dans le calepin de l’arbitre. Selon Alistair Johnston, son coéquipier clamait son innocence dès le retour aux vestiaires, samedi. « Joel était bien au courant de cette affaire, a dit le défenseur, amusé par la réaction de son compatriote canadien. […] Il disait : “Non, ce n’était pas moi. Je suis allé voir le rapport des officiels de la MLS et ils l’ont changé pour Djordje.” […] C’est bon pour notre corps défensif. Joel joue de façon incroyable ces derniers temps. »