De Soccer Québec à Canada Soccer. La première a perdu son directeur du développement. La seconde compte désormais sur un nouveau directeur du programme masculin régional.

Mike Vitulano vient de terminer sa première semaine en tant qu’employé à temps plein du programme national.

Nommé par Canada Soccer le 5 mai, il a quitté officiellement la fédération québécoise le 11 juin, au terme d’une journée où des représentants des associations régionales étaient rassemblés.

« C’était émotif, admet Vitulano. Ils m’ont présenté un chandail de l’équipe du Québec avec mon nom derrière. Mathieu [Chamberland, directeur général de Soccer Québec] a fait un très beau discours qui m’a touché, puis j’ai voulu prendre la parole et je n’avais pas de mots… »

Mike Vitulano sentait qu’il n’avait « pas tout à fait fini le travail » qu’il voulait accomplir à Soccer Québec. Mais le pouvoir d’attraction de la fédération canadienne était trop fort.

Après une pause d’une semaine dans le Sud « pour recharger les batteries », il était de retour au travail le lundi matin, bien installé à la maison.

Son rôle

Mais les déplacements ne manqueront pas pour celui qui a déjà servi Canada Soccer sur une base plus sporadique.

À titre de directeur du programme masculin régional, Vitulano, ex-joueur, lauréat en 2007 d’un championnat national en deuxième division de la NCAA avec Franklin Pierce University, travaillera avec les jeunes de 13 à 18 ans, qu’il s’efforcera de guider vers le programme national. Il sera régulièrement appelé à faire partie du personnel des formations U15 et U17.

On utilise le terme « régional » parce qu’il est plus englobant que « provincial ». Vitulano cite en exemple la série annuelle Québec-Ontario, qui rassemble les meilleurs 14 à 16 ans, parfois 17. Il y sera.

Je vais aller travailler avec des coachs, identifier des joueurs, peut-être aussi transmettre ce qui se passe avec l’équipe nationale. Tout ça fait partie de mon rôle.

Mike Vitulano

Le programme régional sert en quelque sorte d’antichambre aux équipes nationales.

Sans prescrire de façons de faire dans le détail, Vitulano sera chargé d’apporter une certaine uniformisation — il aime le mot — nationale. Une approche en droite ligne avec l’idéologie du récent programme de reconnaissance des clubs. De toute évidence, on souhaite baliser le soccer canadien.

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La latitude régionale demeurera. Mais Canada Soccer veut aider à améliorer, polir le travail.

Mike Vitulano vise donc davantage de cohérence entre les différents programmes de Canada Soccer et tous les acteurs du sport au pays. Il doit en être le liant.

L’exemple Jonathan David

Vitulano travaillera également avec les académies privées, la PLSQ, les trois clubs canadiens en MLS et ceux en CPL. L’objectif ultime étant d’identifier adéquatement les meilleurs joueurs de 15 ans au pays. Sans négliger le fait que d’autres écloront plus tard.

« C’est un sport, surtout du côté masculin, à développement tardif. Jonathan David, c’est juste à 18 ans qu’il a été découvert. Jusque-là, il faisait partie d’un club amateur », rappelle Mike Vitulano, en entrevue mardi dernier.

PHOTO STEPHANE MAHE, ARCHIVES REUTERS

Jonathan David

La dernière partie de son nouveau rôle sera justement de tenir à jour la base de données d’athlètes qui jouent à l’extérieur du pays et de suivre leur cheminement. Une raison supplémentaire pour renforcer les relations avec les fédérations provinciales.

« Ça doit être un réflexe de se dire : “Il faut que j’appelle Mike parce qu’un jeune vient de partir, il s’en va en deuxième division avec les moins de 14 ans à Paris.” Je dois le savoir. Et présentement, ce réflexe-là n’existe pas automatiquement. »

Le plan de John Herdman

On affirme avec raison que le tennis canadien vit son âge d’or. Tout porte à croire que le soccer canadien, en progression fulgurante, s’apprête à vivre le sien.

Quand John Herdman a pris les rênes du programme national masculin, en 2018, il a bâti un plan sur huit ans dont faisait partie une présence à la Coupe du monde de 2022, indique Vitulano.

Un chapitre moins sexy de ce plan consistait à faire en sorte que davantage de coachs et de joueurs vivent des expériences internationales. Afin de « créer une suite ».

« Ça ne peut pas être par chance qu’on trouve un joueur au coin de la rue en train de jouer au parc Kent, illustre Mike Vitulano. Il faut aussi trouver une façon qu’il y ait plus de joueurs comme lui qui se développent. »

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

John Herdman

En ce moment, le Canada demeure un acteur modeste sur l’échiquier mondial. Et cela se reflète dans la structure de son programme.

« La réalité, c’est qu’aux États-Unis, ils sont potentiellement 20 ou 30 à faire mon travail, laisse tomber Vitulano. Notre force canadienne, c’est de faire beaucoup avec peu de moyens. »

Mais le vent souffle dans la bonne direction. Et, à terme, toutes les sphères de l’organisation pourraient profiter de la notoriété grandissante de la formation masculine.

« Je reçois des messages sur les réseaux sociaux de gens qui me disent qu’ils habitent, par exemple, en Turquie et dont le jeune a la double citoyenneté, raconte Vitulano. On est sur la carte maintenant. »