Gabriel Gervais veut « redonner la pertinence » au CF Montréal dans son marché. Ne plus « tourner le dos » à son histoire. « Être à l’écoute » de ses partisans et de ses partenaires. Et même « avoir une réflexion sur le logo » du club.

Non, les défis ne manquent pas pour le nouveau président et chef de la direction de l’équipe.

Gervais s’est présenté aux médias, mardi matin, en compagnie du propriétaire du CF Montréal, Joey Saputo. Ce dernier a complimenté le « leadership » de son nouveau « chef d’orchestre », ainsi que son « humilité » et son « esprit d’équipe ».

Dès son entrée en poste lundi prochain, Gervais devra s’atteler à la tâche de se « familiariser avec les opérations » du club et de s’approprier les codes de la MLS. « Je serai en mode apprentissage dans les prochaines semaines », a-t-il dit.

Mais au-delà de ça, des dossiers épineux l’attendent sur son bureau.

L’identité du club, notamment. À noter que Saputo et Gervais étaient assis au podium entourés de deux anciens maillots de l’Impact portés par le joueur.

« Je sais que le nom de l’Impact et le logo, c’est un dossier sensible pour tous », a-t-il répondu lorsqu’il a été interrogé sur le sujet en tout début de période de questions. « Ça l’a été pour moi personnellement. J’ai joué [avec l’Impact] de 2002 à 2007. On saignait bleu lorsqu’on jouait. »

Gervais a révélé qu’il y avait des « démarches mises en place pour avoir une réflexion sur le logo ».

En parlant du rebranding de l’équipe, il s’est rappelé qu’il ne « comprenait pas la façon dont c’était communiqué ».

« La façon dont le nom a été changé de l’Impact au CF Montréal, c’était dans une vision de mettre la ville et la communauté au centre de l’équipe. On voulait utiliser une nomenclature qui est plus internationale, globale. Moi, je suis correct avec ça.

« Aujourd’hui, le nom CF Montréal est là pour rester. Une chose qui peut-être n’a pas été bien communiquée, c’était notre histoire. On avait l’impression, moi le premier, qu’on tournait le dos sur notre histoire. Ce n’était pas intentionnel de faire ça, loin de là. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Joey Saputo et Gabriel Gervais

Fait important : Saputo a confirmé que l’appellation « Club de Foot » ne sera plus utilisée. La signification de « CF », c’est pour « club de football », tandis que le nom officiel de l’équipe, c’est CF Montréal.

Le compte Twitter est passé de @clubdefootmontreal à @cfmontreal. Le bleu original est de retour dans l’image de marque de l’équipe de façon plus dominante. On n’hésite plus à sortir des images d’archives avec l’ancien logo dans les communications officielles.

Son propriétaire croit même que le nom « Impact » peut rester un « surnom » pour l’équipe, au même titre que « Rossoblù i Veltri » est le surnom de Bologne FC, son autre club en Serie A italienne.

« Si le nom pour toi, dans ton cœur, c’est Impact, chante-le, a lâché Saputo. Je n’ai pas banni le nom Impact. »

Il a ensuite fait référence à des rencontres qu’il a eues avec les deux groupes de supporters principaux, les 1642 MTL et les Ultras. Saputo révèle qu’il leur a proposé de les unifier dans une seule section en la baptisant « Les Estrades Impact ».

Le propriétaire a comparé cette idée à ce qui se fait dans la ligue et au Bologne FC.

« À Seattle, ils sont 4000 ensemble derrière le but. Ils sont 16 000 avec 16 groupes différents à Portland. À Bologne, il y en a 8000 avec 55 groupes différents. Et ils se haïssent. Mais chaque jeudi avant le match, ils se réunissent ensemble et font la planification de ce qu’ils vont faire et dire le dimanche. Ils ont une chose en commun, c’est l’amour pour le club. C’est une culture qu’on veut ramener au stade Saputo. »

Le plan en 2022 et 2023, c’est d’unifier tous nos supporters. C’est important que le stade Saputo devienne la forteresse de l’organisation.

Joey Saputo

On revient donc ici à la pertinence du club dans son marché.

Gervais a affirmé : « Pour qu’on puisse rayonner, on doit être enracinés dans la communauté. »

Le nouveau président a dit vouloir « comprendre la tendance, le point de vue des gens qui se présentent, les commanditaires, leur rétroaction ».

« Moi, de l’externe, c’étaient des commentaires négatifs que j’entendais par rapport à l’équipe. »

Pour Saputo, si l’équipe « veut avoir de la pertinence dans la ligue, il faut l’avoir dans la ville ». « C’est quelque chose qu’on doit reprendre tranquillement. »

« Même avant la MLS, on savait quand il y avait des matchs de l’Impact, s’est-il rappelé. On voyait des gens dans la ville avec des maillots de l’équipe, il y avait quelque chose qui se passait. On était plus présents avec nos partenaires. [Lors de l’entrée en MLS], ça allait bien, mais tranquillement, on a perdu ça. Ce n’est pas seulement à cause du changement de nom et de logo. »

Une « marge de manœuvre » pour faire des erreurs

L’annonce de l’embauche de Gervais au poste de président s’est fait attendre. Saputo a dit avoir rencontré « plusieurs candidats extrêmement compétents et qualifiés ».

Le propriétaire était à la recherche d’une personne « qui connaît bien le soccer, la gestion d’entreprise et le Québec inc. ».

« Gabriel répondait à tous ces critères. »

Le nouveau président était « très heureux » en tant qu’associé chez Deloitte et ne « cherchait pas à quitter la firme ». Il a parlé d’un « concours de circonstances » qui l’a mené dans le processus de sélection pour la présidence. Saputo a raconté.

« On est allés luncher le 1er décembre dernier, pour discuter simplement du club, de l’organisation, des différentes choses qui peuvent être faites. »

À l’époque, le propriétaire cherchait à pourvoir un poste au conseil d’administration avec un ancien joueur. Mais il recevait aussi, à ce moment, de nombreuses candidatures pour la présidence.

« À mi-chemin dans le repas, la facture était sur le point d’arriver, et il m’a finalement demandé ce que je pensais de sa candidature. T’en as mis du temps ! », a-t-il lancé en s’esclaffant.

Nous voilà au 29 mars, et Gervais s’adresse aux médias en tant que président du CF Montréal.

Il souhaite notamment avoir cette « marge de manœuvre » pour lui permettre de « faire des erreurs ». « Ils ont dit oui. »

Et au-delà des opérations du club, Gervais a rappelé que le CF Montréal se devait d’être « un moteur pour développer le soccer au Québec ».

« C’est un levier pour aider les jeunes, les familles les plus démunies. Ceci est fait à travers l’Académie, la pré-Académie, la fondation de l’Impact de Montréal », a-t-il énuméré.

« Très humblement, je suis confiant que mon bagage de connaissances et d’expérience peut contribuer à amener le club à un autre niveau. »