(Lausanne) Bannie du sport mondial après l’invasion de l’Ukraine, la Russie s’est pourtant jetée mercredi dans la course à l’organisation de l’Euro de football en 2028 ou en 2032, aux côtés de la Turquie, l’alliance Royaume-Uni/Irlande et l’Italie.

« La désignation du pays hôte » des deux compétitions « aura lieu en septembre 2023 », précise l’UEFA dans un communiqué, alors que les quatre candidats, qui devaient faire connaître leur intérêt avant mercredi, devront le confirmer d’ici le 5 avril.

Russie et Turquie entendent accueillir n’importe laquelle des deux éditions du tournoi continental, ajoute l’instance européenne, alors que le Royaume-Uni et l’Irlande visent l’Euro-2028 et l’Italie l’Euro-2032.

L’intérêt des Russes, hôtes du Mondial-2018, pour décrocher l’organisation de leur premier Euro était connu de longue date, mais leur candidature semblait tout sauf acquise vu leur exclusion de la plupart des compétitions internationales après l’invasion de l’Ukraine.

Si l’UEFA et la FIFA ont suspendu les équipes russes de leurs tournois le 28 février « jusqu’à nouvel ordre », la Fédération russe de football (FUR) n’a pas été elle-même suspendue, a précisé à l’AFP un porte-parole de l’organisation européenne.

Riposte possible

L’exécutif de l’instance entend néanmoins « réévaluer la situation juridique et factuelle » lors de ses prochaines réunions, notamment les 7 avril et 10 mai, « y compris à la lumière de la déclaration d’intérêt exprimée par la FUR », a ajouté cette source.

Les règlements de l’UEFA réservent justement l’attribution de ses compétitions à des fédérations membres « qui ne sont pas suspendues ni exclues », ouvrant une piste si l’instance veut rapidement couper court à l’offre russe.

Les candidatures de la Turquie et la Russie bousculent le dossier britannico-irlandais, précocement annoncé par la presse anglaise lundi comme unique candidat, et qui a récemment reporté ses ambitions sur l’Euro-2028 après avoir renoncé à viser le Mondial-2030.

Si les cinq fédérations concernées (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande et Irlande du Nord) finissent par obtenir le tournoi, il s’agira de la cinquième organisation conjointe de l’Euro, une tendance engagée en 2000 par la Belgique et les Pays-Bas.

L’UEFA a en revanche maintes fois laissé entendre que l’expérience complexe de l’été 2021, avec un Euro-2020 disséminé entre onze villes à travers le continent, de Londres à Bakou, n’était pas près de se reproduire.

Quelles conditions ?

L’Italie, vainqueur de la dernière édition et qui a accueilli à deux reprises la compétition (1968, 1980), fait de son côté figure de favori pour l’Euro-2032, alors que l’Euro-2024 a été attribué dès 2018 à l’Allemagne, préférée à la Turquie.

Outre l’épineux cas de la Russie, la course à l’attribution de ces compétitions vient percuter deux dossiers délicats pour le football mondial : la refonte du calendrier international et l’ambition affichée en matière de droits de l’homme.

En lançant la désignation des pays-hôtes de ses futurs Euros, l’UEFA part du principe que l’été 2028 ne sera pas occupé par la Coupe du monde, alors que la FIFA envisage de faire passer son Mondial à un rythme biennal à cette échéance.

La même menace plane d’ailleurs sur l’été 2032, même si l’instance mondiale paraît temporiser sur la refonte du calendrier international au-delà de 2024, qui crispe nombre d’acteurs du foot.

Par ailleurs, l’UEFA n’a pour l’heure rien dévoilé de l’éventuelle conditionnalité de l’accueil des compétitions au respect des droits de la personne, alors qu’elle est très attendue sur le sujet.

En décembre dernier, les ONG, associations de supporters et syndicats regroupés dans l’organisation « Sport and Rights Alliance » avaient dénoncé le « pas en arrière significatif » de l’UEFA en la matière, alors qu’elle avait imposé à l’Allemagne des conditions précises pour l’Euro-2024.