Voilà maintenant plus de quatre mois que le CF Montréal est sans président. Le club cherche à remplacer Kevin Gilmore depuis son départ, en novembre dernier. La Presse fait le point, alors que le nom de Sasha Ghavami fait surface.

La personne doit connaître le soccer. Le marché montréalais. Le proverbial Québec inc. Mais aussi être à l’affût des tendances nord-américaines. Être au courant des façons de faire en MLS. Être imprégnée de la culture foot. Avoir des antécédents dans le monde des affaires. L’heureux élu ou l’heureuse élue devra être un bon vendeur ou une bonne vendeuse. Bien communiquer. Ramener les gens au stade. Parler français, de préférence. Rassembler la communauté autour du club. Et ses partisans, aussi.

La personne idéale pour la présidence du CF Montréal existe-t-elle ?

Déjà, La Presse peut confirmer que la piste de la candidature de Paul Wilson, ancien vice-président principal aux communications du Groupe CH, a bel et bien refroidi.

Et tant qu’à être dans les noms qui ne seront pas annoncés prochainement par le CF Montréal, ajoutons-y ceux de Nick De Santis et de Richard Legendre. Joints par téléphone, les deux hommes ont confirmé qu’ils n’avaient pas envoyé leur CV à Joey Saputo.

Rappelons que Richard Legendre a été le vice-président exécutif du club de 2007 à 2018, année de sa retraite. Il a contribué à la construction du stade Saputo, puis à son agrandissement. Legendre a aussi piloté le passage de l’Impact de Montréal vers la MLS et la construction du Centre Nutrilait en 2014. En bref, Richard Legendre a déjà fait ce boulot. Et il n’a pas voulu se prononcer sur le poste vacant du CF Montréal.

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Richard Legendre

Au téléphone, il nous lance une riche boutade pour illustrer son propos : « J’ai toujours la même joke : je n’aime pas être la belle-mère, je suis le gendre ! »

Mais au fil de nos appels en ce début de mars, un nom sort du lot.

Celui de Sasha Ghavami.

« Je ne ferme jamais de portes »

C’est le journaliste de TVA Sports Frédéric Lord, dans son émission balado XI MTL, qui a lancé en premier l’idée – hypothétique – de Sasha Ghavami à la présidence du CF Montréal.

Ghavami est notamment connu pour son association avec Laurent Duvernay-Tardif en tant qu’agent de joueurs certifié de la NFL et de la LCF. Son ancrage dans le monde du sport québécois et nord-américain est donc bien réel.

Mais il est aussi avocat. Et bien branché dans le milieu des affaires montréalais. Tiens, tiens.

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Sasha Ghavami

Au bout du fil, l’agent de 30 ans veut en premier lieu émettre une clarification importante : il n’a pas été pressenti par le CF Montréal pour le poste de président du club.

Mais Ghavami nous fait ensuite une déclaration intéressante.

Un poste comme celui-là, dans le monde du sport professionnel, et surtout à Montréal, si tu as l’occasion de te faire approcher pour ça, tu écoutes. C’est la règle de base. Il y a très peu de postes comme ça. Il faut que tu prennes le temps d’écouter.

Sasha Ghavami

Plus tard dans notre conversation, il va un peu plus loin.

« C’est sûr que d’un point de vue personnel, je ne ferme jamais de portes. C’est sûr que ce serait flatteur de se faire considérer, mais je ne peux pas mentir et dire que j’ai été approché. »

Soit.

Notons par ailleurs que Sasha Ghavami ne savait pas du tout que son nom circulait de la sorte.

C’est pourquoi, lorsqu’il se lance dans une conception détaillée du profil à considérer pour la présidence d’un club comme le CF Montréal, on reste surpris. Même si on ne devrait peut-être pas l’être, au vu de ce qu’il a déjà accompli à 30 ans.

« Ça prend quelqu’un qui a une vision business, mais qui a aussi une compréhension du monde sportif et de la réalité des athlètes, de ce qu’ils vivent, explique-t-il. Créer un environnement qui va favoriser l’arrivée de bons joueurs, de bons entraîneurs, monter une équipe qui va aussi pouvoir t’aider à dénicher le talent. Ça prend aussi toute une équipe sur le plan de l’aspect business qui va pouvoir optimiser le rendement d’affaires en fonction des résultats que tu vois, et de comment la structure est montée. »

Et Ghavami, qui a déjà été entraîneur de soccer à un niveau mineur, voit des occasions flagrantes de profiter du contexte particulier montréalais.

« On est dans une des villes les plus multiculturelles en Amérique du Nord, et même au monde, lance-t-il. On a des gens de partout qui adorent le soccer. C’est le sport le plus populaire sur la planète. On a un stade, on joue dans une belle ligue. Il n’y a aucune raison de ne pas être dans la scène principale montréalaise, surtout en considérant le fait que c’est une équipe qui va jouer dans un moment de l’année où le divertissement est à son comble. Les périodes estivales, de printemps. Je capitaliserais là-dessus. »

Culture foot ou culture des affaires ?

Chez les gens consultés et dans ce qui est ressorti au cours des derniers mois, on sent qu’il y a dichotomie entre l’importance d’être bien imprégné dans la culture foot et la connaissance du milieu des affaires.

C’est entre autres la raison pour laquelle Nick De Santis n’a pas posé sa candidature au poste de président : il ne croit pas avoir le profil de l’emploi.

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Nick De Santis

« Oui, je pourrais vendre le club à n’importe qui parce que je ressentais le club », a indiqué celui qui a occupé diverses positions chez l’Impact pendant 26 ans. « Mais il faut avoir une personne capable d’être dans le monde des affaires, d’être dans le monde du Québec inc. sur le plan des commanditaires. »

Il note l’évolution fulgurante de la MLS en Amérique du Nord, et le fait que Montréal doit suivre la cadence.

Qui connaît du succès dans la MLS ? Le succès, ça ne veut pas dire seulement gagner des championnats. C’est la continuité, la stabilité.

Nick De Santis

« Je fais toujours une bonne comparaison avec Seattle. Les Sounders étaient dans la USL, comme nous. Mais vous avez vu leur croissance ? Ils viennent juste de construire un centre d’entraînement de 500 millions [c’est plutôt un complexe estimé à 1 milliard de dollars]. Vous voyez la croissance dans ce marché. À l’intérieur du club, ce sont tous des Nord-Américains. Portland et Kansas City sont aussi des clubs avec de la stabilité. Et ce sont des gens de l’intérieur qui connaissent leur marché. Ils connaissent la MLS, et ça, c’est vraiment important. »

Sasha Ghavami répond à la question autrement.

« Je ne pense pas nécessairement que la culture foot devrait primer sur d’autres aspects, souligne l’agent de joueurs. Je pense que c’est un facteur important à considérer, certainement. Il faut que tu comprennes ton produit pour pouvoir bien le présenter. Mais reste que tu as aussi besoin d’un homme ou d’une femme qui va être en mesure d’avoir une vision d’ensemble sur comment optimiser son entreprise. 

« La capacité de bien s’entourer dans une structure et un organigramme qui permet de créer un environnement de travail et une équipe de travail optimale, ça, je pense que c’est prioritaire. »