Pendant toute la saison, La Presse offre un tour d’horizon hebdomadaire des plus grands moments sur la scène du soccer européen

L’histoire

Presque 10 ans jour pour jour après son premier match à la barre de l’Impact de Montréal, Jesse Marsch se retrouve entraîneur-chef d’une équipe de Premier League.

L’Américain a été nommé lundi nouveau technicien de Leeds United, qui avait viré son adoré Marcelo Bielsa la veille. C’est un premier emploi pour Marsch depuis son parcours avorté en Bundesliga avec le RB Leipzig. Il avait été congédié en décembre dernier après seulement cinq mois en poste.

Le défi est de taille à Leeds. Sportivement, il doit permettre au club de rester à flot en Premier League. Avec ses 23 unités, l’équipe n’est qu’à 2 petits points du premier relégable (Burnley, 21 points). Il hérite d’un club vaincu cinq fois lors de ses six derniers matchs et ayant accordé 21 buts dans l’intervalle.

L’Argentin Bielsa avait propulsé le club à un retour historique en Premier League en 2020. Après sa première année au sommet de la pyramide anglaise, Leeds avait atteint une très enviable neuvième position.

Quand on dit que Marcelo Bielsa était adoré dans cette ville du nord de l’Angleterre, on pèse nos mots. En 2020, l’année où l’équipe a remporté le titre de la deuxième division et a été promue, une rue de Leeds a été rebaptisée en son nom. Il y a des graffitis à son image un peu partout en ville. Sa posture pensive aux abords du terrain, en position accroupie, restera une image indélébile de ses quatre années chez ce club historique.

PHOTO PETER POWELL, ARCHIVES REUTERS

Marcelo Bielsa

Son style de jeu, basé sur une pression haute et continue ainsi que sur une transition rapide vers l’attaque, était excitant au possible. L’envers de la médaille, c’était l’ouverture béante que cette pression à l’avant créait à l’arrière. Voici les récents revers qui ont mené à son congédiement : 4-0 contre Tottenham, 6-0 contre Liverpool, 4-2 contre Manchester United, 3-0 contre Everton. Il faut aussi dire que trois joueurs importants de son système – le défenseur Liam Cooper, le milieu Kalvin Phillips et l’attaquant Patrick Bamford – sont blessés depuis plusieurs semaines.

Jesse Marsch avait eu beaucoup de succès avec le RB Salzburg, en Autriche, avant de se joindre au Leipzig. Il opte aussi pour du soccer moderne basé sur une forte pression, mais garde un certain pragmatisme défensif. Est-ce que ce sera assez pour colmater les brèches ? Les retours imminents des blessés aideront certainement sa cause.

L’histoire, bis

Après une réponse somme toute faible à l’invasion russe en Ukraine – une solution de type olympique qui permettait aux athlètes russes de prendre part aux compétitions sous un drapeau neutre –, la FIFA a corrigé le tir, lundi.

La Russie a été exclue de la Coupe du monde de soccer, tout comme des compétitions européennes de l’UEFA. Les Russes ne pourront donc pas disputer leur match de barrage contre la Pologne prévu à la fin de mars, la sélection féminine est écartée de l’Euro 2022 et le Spartak Moscou doit déclarer forfait face au RB Leipzig en huitièmes de finale de la Ligue Europa.

Il s’agissait de la seule décision possible. Des matchs internationaux comme ceux-ci impliquent le déplacement des joueurs, du personnel, des journalistes et des partisans des équipes impliquées. Dans les circonstances, c’était impossible.

Néanmoins, de toute cette tourmente est ressorti un moment particulièrement touchant, dimanche. Le Benfica de Lisbonne affrontait le Vitória de Guimarães dans le championnat portugais. À la 62e minute, le joueur ukrainien du Benfica Roman Yaremchuk se préparait à faire son entrée sur la pelouse de l’Estádio da Luz, dans la capitale. Jan Vertonghen lui remettait le brassard de capitaine.

Puis, il était accueilli sous de chaleureux applaudissements de la foule, jumelés à une ovation debout bien sentie. La caméra ne manquait pas de capter les drapeaux ukrainiens dans les gradins… et l’éventuel visage crispé et émotif de Yaremchuk sur le terrain.

Impossible de rester de glace.

Le match

Vous aurez rarement vu un match de 0-0 aussi divertissant. La finale de la Carabao Cup que se sont disputée Chelsea et Liverpool à Wembley, dimanche, était éclatante du début à la fin. Et quelle fin ce fut.

Difficile de faire une synthèse rapide de ce match, remporté au terme d’une séance de tirs au but absolument folle. Résumons donc la partie en posant notre regard sur un seul homme : Édouard Mendy, gardien de Chelsea.

PHOTO GLYN KIRK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Édouard Mendy

Mendy est sénégalais. Tout comme son adversaire, l’excellent Sadio Mané. Les deux ont remporté ensemble la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en janvier dernier, avec leur sélection. Au terme d’une séance de tirs au but.

Un des moments les plus déterminants dans ce match est survenu à la 30minute. Mendy venait de faire un superbe arrêt contre Naby Keïta, se projetant de tout son long vers sa droite. Mané se jetait sur le retour dans la surface comme un lion chassant sa proie. Défiant la gravité, Mendy posait sa main sur la frappe de son compatriote de façon in extremis. Sénégalais contre sénégalais, sublime contre sublime.

Après de merveilleuses chances ratées, des décisions controversées de la VAR et 30 minutes de prolongation, direction tirs au but. Mendy avait remporté la CAN de cette façon. Son expérience devrait lui serv… Mais non. Thomas Tuchel, son entraîneur, le sort au profit du gardien substitut Kepa Arrizabalaga.

Liverpool va réussir ses 11 (!) tirs contre Kepa. Chelsea, ses 10 premiers. Lorsqu’est venu le temps pour le gardien de prendre son propre tir de pénalité, il a raté. Complètement. Son ballon doit être en orbite autour de Saturne actuellement. Entré seulement pour les tirs de barrage, Kepa n’a donc fait aucun arrêt et a même raté le seul lancer des siens. Dans le domaine des décisions regrettables, celle-là restera dans les annales.

Le moment

Dans le domaine des bonnes nouvelles, il faut noter le retour au jeu quasi inespéré de Christian Eriksen. Les images de l’effondrement du Danois lors de l’Euro 2020, le 12 juin dernier, avaient ému la planète soccer.

Eriksen avait subi un arrêt cardiaque lors de ce match du Danemark face à la Finlande en phase de groupes. Après près de 10 minutes étendu sur le terrain avec des équipes de secours et des joueurs abasourdis, il était évacué vers un hôpital.

On ne pensait ainsi jamais le revoir sur un terrain de foot.

PHOTO PETER NICHOLLS, REUTERS

Christian Eriksen

Mais Christian Eriksen a retrouvé la forme. Il porte maintenant un défibrillateur cardiaque.

Engagé jusqu’à cet hiver avec l’Inter Milan, il a été transféré à Brentford, en Premier League, en janvier. Il avait joué un match amical le 15 février dernier.

Mais dimanche, c’était son vrai retour à la compétition. Et il a été ardemment applaudi par ses nouveaux partisans à son entrée sur le terrain. Le Danois aura finalement joué 38 minutes.

Qui sait, avec un Danemark déjà qualifié, pourrait-on le voir à la prochaine Coupe du monde, en novembre ?