John Herdman le dit à qui veut l’entendre : il y a un « changement de mentalité » qui s’opère dans la tête des membres de l’équipe canadienne.

Le sélectionneur du Canada décrit même l’affrontement de dimanche face aux États-Unis à Hamilton, en Ontario, comme un « match de derby ». On utilise généralement cette expression pour qualifier une rivalité géographique entre clubs.

« Il y a une excitation réelle à affronter les États-Unis » chez les joueurs canadiens, a commenté Herdman en visioconférence, à la veille de cette rencontre de qualifications pour la Coupe du monde de 2022 entre les deux nations.

« Il nous a fallu du temps pour nous rendre où l’on est. Les États-Unis sont en avance de quelques années au niveau de leur bassin de talent, de la profondeur de leur équipe et des joueurs qui évoluent en Europe. Mais le Canada s’en vient. »

John Herdman ne cesse de répéter le mot « humilité » dans ses points de presse. Il veut empreindre cette valeur à toutes les étapes du développement et du processus de qualification de son équipe. Et il l’applique encore, à la veille de cet affrontement au sommet de la CONCACAF.

La vérité, c’est que le Canada est potentiellement la meilleure équipe de la région. Sinon, il est de loin l’équipe la plus en forme. Seule équipe encore invaincue dans l’Octogonale après neuf matchs, la sélection arrive dans le froid de Hamilton forte de quatre victoires de suite. Elle est première au classement, un point devant les Américains. Ses attaquants continuent de produire à un rythme régulier. Sa défense est rugueuse et étanche.

On serait tenté d’affirmer que le Canada est déjà rendu à sa destination. Il aura l’occasion de le confirmer dimanche après-midi, au Tim Hortons Field.

« Les Américains veulent nous soutirer cette première place, explique Herdman. C’est une superbe occasion pour nos joueurs. Ce sont les qualifications pour la Coupe du monde. C’est une rencontre énorme. Nous jouons contre nos plus grands rivaux. »

Même lesdits rivaux n’ont que de bons mots pour le Canada et sa progression. Gregg Berhalter, homologue de John Herdman chez les Américains, dit avoir une « bonne relation » avec l’entraîneur du Canada.

« On souhaite que le Canada se qualifie pour la Coupe du monde, a-t-il lancé en visioconférence, samedi midi. Ce n’est pas un secret. C’est seulement [ce dimanche] que l’on veut qu’ils perdent. Tous les autres matchs, je suis content de les voir gagner. »

« John Herdman a fait un excellent travail avec ce programme, ajoute-t-il. Je l’ai répété à plusieurs reprises. Ils ont des joueurs talentueux et un leadership fort. Ils ont des ambitions pour ce programme. Quand les gens embarquent dans cette vision, ce n’est pas une surprise de les voir avoir tant de succès. »

« On s’épanouit dans ce type de chaos »

Ce n’est pas pour rien que ce match a été organisé à Hamilton. L’expérience du froid glacial d’Edmonton en novembre, face au Mexique, avait opéré comme un charme.

« Ce qu’on a appris lors de ce premier match à Edmonton, c’est qu’on était capables de garder une haute intensité tout du long, a expliqué John Herdman. […] C’est devenu assez chaotique contre le Mexique, mais on s’épanouit dans ce type de chaos. »

Le thermomètre devrait afficher - 6 °C dimanche après-midi, à l’entame du match. Pas de quoi faire peur aux visiteurs.

« Ils ont joué à Edmonton et on a joué à Columbus, souligne Berhalter. On est habitués au froid maintenant. »

« Tout ce qu’on fait, on le fait pour optimiser nos chances de se qualifier, précise Herdman. […] On savait que peu importe où on organisait ce match, les partisans allaient nous suivre. L’équipe a capturé l’enthousiasme des fans. On aurait pu aller en Saskatchewan, et on aurait rempli le stade ! »

« On est canadiens, on aime le froid », ajoute-t-il en riant.