Deux joueurs en sortent, trois autres y font leur entrée. Non, on ne parle pas de substitutions sur le terrain pendant un match, mais plutôt du protocole COVID-19 de la MLS, qui chamboule le début du camp d’entraînement de sept joueurs du CF Montréal.

Zorhan Bassong, Matko Miljevic et Joaquín Torres ont rejoint Bjørn Johnsen et Róbert Orri Thorkelsson sur la liste COVID du club, tandis que Mason Toye et Ahmed Hamdi ont récemment pu rejoindre leurs coéquipiers à l’entraînement.

« On a l’impression que toutes les équipes devront gérer cette situation cette année, a commenté Kamal Miller mardi, en visioconférence. Je ne suis pas ravi qu’on doive la gérer si tôt, mais je crois que c’est bon que les gars s’en rendent compte. La COVID pourrait causer l’absence de plusieurs personnes pendant l’année. »

« Tout le monde doit être prêt à cette éventualité, a poursuivi le défenseur international canadien. Beaucoup de profondeur sera utilisée. C’est une bonne prise de conscience [wake-up call] pour tout le monde. On devra être prêts et rester au sommet de notre forme. »

« Ça fait un bon moment que j’attends »

Ça tombe bien, parce que profondeur il y a. Particulièrement en défense.

Et s’il y en a un qui veut se battre pour un poste défensif dans l’alignement partant, c’est bien le jeune Karifa Yao.

« Je suis là, à ce camp, pour essayer de me tailler une place », dit catégoriquement le défenseur de 21 ans.

Yao est issu de l’Académie du CF Montréal. Avec le grand club, il a disputé 128 minutes en 3 matchs de MLS en 2020, ainsi que 2 rencontres du Championnat canadien en 2021. L’an dernier, il a été prêté au Cavalry FC de Calgary, en Canadian Premier League (CPL).

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Karifa Yao

Mes espoirs sont assez hauts. Avec ma dernière saison à Calgary, ça s’est super bien passé. Le fait qu’on jouait dans une défense à trois, le même système de jeu qu’à Montréal, ça aide beaucoup.

Karifa Yao

Les 25 matchs disputés avec le club de l’Alberta lui ont permis de devenir un joueur « plus intelligent ».

« Je ne jouais plus contre des jeunes de l’Académie, mais bien contre des hommes expérimentés. Ma façon de défendre a dû changer. Je ne pouvais plus seulement rentrer dans les contacts et gagner des duels parce que j’étais costaud. Je devais réfléchir à mon positionnement, anticiper les passes, les longs ballons, faire moins d’erreurs. Quand tu fais une erreur en tant que défenseur central, ça paie cash. »

Le joueur né à Montréal d’un père ivoirien et d’une mère sénégalaise arrive donc à ce camp d’entraînement affamé et prêt.

« Le travail fait avant la présaison est extrêmement important, particulièrement pour les jeunes, souligne Karifa Yao. Quand tu arrives au camp et que tu es prêt, l’entraîneur voit déjà que tu es ici pour jouer et te faire une place. […] Il faut être prêt pour le camp, non pas arriver au camp et être en retard dans ta préparation pour la saison qui s’en vient. »

« Ça fait un bon moment que j’attends, honnêtement, ajoute le défenseur. Depuis Rémi Garde, après Wilmer [Cabrera], et j’ai finalement eu mon temps de jeu avec Thierry [Henry]. Je suis allé en prêt à Calgary. J’espère que finalement, cette année, j’aurai des minutes constantes. »

S’il perce à Montréal, Yao aura de jeunes leaders à prendre en exemple. Comme Kamal Miller qui, à 24 ans, est déjà le plus expérimenté du groupe.

« C’est un peu fou quand on y pense, mais je suis prêt à relever le défi », estime Miller.

« J’ai l’impression que chaque année, j’ai dû élever mon jeu d’un cran d’une façon ou d’une autre. L’année dernière, c’était de jouer beaucoup de minutes et de m’ajuster au fait de devenir partant. Et maintenant, c’est de devenir un leader, puisque je suis le plus expérimenté sur notre charnière défensive présentement. »

L’absence de Davies « fait mal » au Canada

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Alphonso Davies

Kamal Miller dit avoir parlé à Alphonso Davies, qui souffre présentement d’une myocardite potentiellement liée à son infection à la COVID-19. La vedette de la sélection canadienne – et du Bayern Munich – sera absente pour ses matchs de qualifications pour la Coupe du monde de 2022, à la fin du mois. « Je lui ai parlé pour m’assurer qu’il était correct, indique Miller. On joue un peu à FIFA ensemble. C’est une grosse perte sur le terrain et à l’extérieur. […] Ça fait mal, parce que les autres équipes vont voir que son nom n’est pas sur notre alignement et pourraient considérer cela comme une opportunité. Mais le Canada a tellement de profondeur, on a tellement de gars qui peuvent prendre sa place. […] Ça fait mal de perdre Alphonso, mais ça nous donne la motivation de faire le travail pour lui. »