(Madrid) L’Atlético Madrid a bouleversé l’ordre établi et devancé les mastodontes Real Madrid et FC Barcelone pour s’emparer samedi du 11e titre de champion d’Espagne de son histoire, le premier depuis 2014 sous l’ère Diego Simeone.

Sept ans après, les « Colchoneros » refont le coup : les Madrilènes, qui ont régné sur la Liga durant une grosse partie de la saison, ont une nouvelle fois joué les trouble-fête pour finir par s’approprier la couronne espagnole grâce à leur victoire 2-1 à Valladolid, alors que le Real s’est imposé (2-1) à Villarreal.

Samedi, la « Maison-Blanche » n’y a cru que l’espace de quelques secondes. Menés 1-0 à la pause comme l’« Atleti », les hommes de Zinédine Zidane ont cru égaliser par une tête de Karim Benzema (56e)… mais alors que son but était revu et annulé par l’arbitre vidéo, au même moment, Angel Correa a égalisé d’un pointu à Valladolid, avant le but de la gagne, par Luis Suarez (67e), pour les « Colchoneros ». Benzema s’est rattrapé en fin de match, avec une lucarne valide, cette fois (87e), suivie d’un but victorieux mais insuffisant de Luka Modric (90e +2).

Le Barça, éjecté de la course au titre la semaine dernière, a conclu sa saison sans Messi mais avec un joli but d’Antoine Griezmann et une victoire à Eibar, 1-0.

Départ canon

Il s’agit seulement de la 2e fois en 16 ans qu’une équipe parvient à briser l’hégémonie du Real et du Barça en Liga, après l’exploit des « Rojiblancos » eux-mêmes en 2014, scellé également à la dernière journée.

Un sacre qui a un goût de revanche pour l’Atlético et son entraîneur-totem Diego Simeone. Après le départ de nombreux cadres à l’été 2019 (Antoine Griezmann, Lucas Hernandez, Diego Godin…) et après une saison minée par la pandémie de COVID-19 l’an passé, le technicien argentin a su se réinventer pour trouver l’alchimie parfaite, et hisser son équipe sur le toit de l’Espagne.

« On sort d’une année très compliquée, comme le monde entier, une année difficile pour toutes les équipes. Et finir champion après une année si difficile, ça fera date. Ca veut dire beaucoup sur ce club, ça signifie qu’il est fait d’une autre matière », a assuré d’emblée Simeone en conférence de presse d’après-match, samedi soir, après le succès 2-1 arraché à Valladolid grâce à des buts d’Angel Correa et de Luis Suarez.

« Derrière moi, il y a un travail humain énorme, beaucoup de gens. Il y a cinq ou six semaines, j’étais avec les kinés, et je leur avais dit qu’à partir de ce moment, on ne se saluerait plus en disant “bonjour” mais en disant “on va finir champions”. Et c’est ce qui s’est passé », a raconté le technicien argentin.

PHOTO JUAN MEDINA, REUTERS

Jan Oblak et Renan Lodi célèbrent la victoire.

Il a réussi à attirer le « Pistolero » uruguayen Luis Suarez, brusquement lâché par le Barça l’été dernier, buteur samedi et en pleurs au coup de sifflet final ; il a intelligemment repositionné Marcos Llorente et Thomas Lemar pour exploiter au mieux leurs qualités ; et a parfois fait l’effort de sortir de son austère et râpeux 4-4-2 pour injecter une dose de spectacle dans le jeu madrilène.

Après une première partie de saison canon, l’Atlético cumulait déjà 50 points après seulement 19 matchs joués, et devançait le Real et le Barça (40 pts chacun) de dix points au classement. Le 2e meilleur bilan de l’histoire du Championnat d’Espagne après 19 journées, derrière l’historique saison du Barça en 2012-2013 (55 pts après 19 matchs). Un tel écart n’a jamais été remonté dans l’histoire de la Liga.

Ainsi, les « Rojiblancos » ont marqué les esprits, avec une série de 14 victoires en 15 matchs de Liga entre mi-octobre et fin janvier.

Simeone, légende

La deuxième partie de saison a été plus compliquée, mais malgré l’enchaînement des matchs, le « Cholo » Simeone a réussi à garder son groupe sous pression et a su gérer les blessures et les cas de COVID-19. Et l’Atlético, en s’accrochant à ses valeurs de ténacité et de rigueur, a tenu bon jusqu’au bout pour arracher, non sans frayeurs, cette onzième couronne nationale.

« Dans les difficultés, quand tout paraît impossible, le coronavirus, les blessures, sans personne dans les stades, après une année très longue et très compliquée, après avoir passé 31 journées à la première place, j’ai vu un groupe de joueurs qui a tout donné », a souligné le « Cholo » Simeone.

Un coup de maître qui élève encore plus Diego Simeone au rang de légende vivante du club madrilène : le technicien argentin, en poste depuis décembre 2011 et sous contrat jusqu’en juin 2022, compile deux Ligues Europa (2012, 2018), deux finales de Ligue des champions perdues face au Real (2014, 2016), et désormais deux Championnats d’Espagne (2014, 2021).

PHOTO CESAR MANSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les partisans, rassemblés par centaines autour de la fontaine barricadée de Neptune à Madrid, devront calmer leurs ardeurs : les autorités madrilènes ont interdit les rassemblements pour éviter tout débordement

Décès accidentel d’un adolescent

Les célébrations du titre de champion d’Espagne par plusieurs milliers de supporters de l’Atlético, autour de la fontaine de Neptune à Madrid, ont été endeuillées par le décès accidentel d’un adolescent de 14 ans, samedi soir, ont indiqué les services d’urgence à l’AFP.

Le drame s’est produit alors que le mineur se trouvait à bord d’une fourgonnette en compagnie de proches, une partie du corps passée au travers de la vitre. Et lorsque le véhicule est entré dans un parking souterrain d’une place proche du lieu des festivités, le jeune homme a heurté le mur, ce qui a provoqué un traumatisme crânien sévère. Les services d’urgence ont tenté en vain de le ranimer pendant une heure.

Plusieurs milliers de partisans se sont retrouvés pour célébrer le sacre de leur équipe en Liga, alors que les autorités avaient appelé à éviter tout rassemblement par sécurité sanitaire. Ainsi, environ deux mille partisans se sont rassemblés autour de la fontaine de Neptune, qui était barricadée et surveillée par les forces de l’ordre.

La police n’a pas coupé la circulation, et les voitures traversaient la place au compte-goutte, souvent en klaxonnant pour haranguer la foule, qui agitait ses écharpes et ses banderoles au rythme des chants « Atléti, Atléti, Atlético de Madrid ! ».

La coutume veut que les supporters de l’Atlético Madrid aillent se baigner dans cette fontaine quand l’équipe remporte un titre. Mais les autorités sanitaires leur avaient demandé d’éviter tout rassemblement et le gouvernement comme le club avaient appelé à des célébrations responsables.