Dans la foulée du dévoilement du nouveau maillot du CF Montréal, entretien en six temps avec le numéro 6.

Partira, partira pas ?

L’entraîneur-chef du CF Montréal Thierry Henry est pressenti pour diriger Bournemouth, club anglais en deuxième division, a-t-on appris mercredi par l’entremise de médias britanniques.

Les joueurs en jasent entre eux, admet Samuel Piette. Au moment de l’entrevue, jeudi après-midi, il sortait tout juste d’un entraînement avec Clément Bayiha, Thomas Giraldo, Lassi Lappalainen et Ballou Tabla. L’un demandant à l’autre s’il était bien au courant.

« Mais ça ne va pas plus loin que ça, assure Piette, parce qu’on n’a tellement pas d’informations. Pour l’instant, on le prend comme chaque rumeur sur l’arrivée ou le départ de joueurs. On n’en fait pas un plat. C’est sûr qu’on en discute, mais on ne développe pas vraiment sur la situation parce qu’il n’y a rien à dire. »

En fait, le Québécois se dit surpris qu’il n’y ait pas davantage de rumeurs de ce genre à propos de son coach, étant donné son statut.

Cela dit, conséquence de la pandémie de COVID-19, Henry n’a presque pas vu sa famille, l’an dernier, en raison de la fermeture des frontières. Et, pour le moment, alors que la saison arrive à grands pas, c’est le statu quo de ce côté…

PHOTO STEVEN SENNE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Thierry Henry

« Quand tu dois prendre une décision professionnelle, tu pèses les “pour” et les “contre”, et au niveau familial, oui, c’est un pensez-y-bien. Moi qui suis papa depuis tout récemment, c’est sûr que c’est un point qui ferait pencher la balance, fait valoir le milieu de terrain. Après, ça dépend de ses priorités, de ses plans. Donc, je ne peux pas vraiment commenter, mais c’est sûr qu’il doit y penser. Thierry, c’est un gars de famille. Je sais que l’an dernier, ça a été difficile pour lui. »

Dans un nouveau texte paru en soirée en Angleterre – après cette discussion avec Piette –, le Daily Mirror affirme maintenant qu’Henry pourrait être confirmé à la tête de Bournemouth dès la semaine prochaine.

Vers un autre exil

Lors d’une entrevue avec La Presse à la fin d’octobre dernier, au lendemain d’une défaite de 1-0 contre Nashville, Samuel Piette n’avait pas caché son ras-le-bol et celui de plusieurs de ses coéquipiers. Les périodes passées au New Jersey, entrecoupées de quarantaines à la maison, ont pesé de plus en plus lourd vers la fin du calendrier.

Or, les clubs canadiens se dirigent vers la même situation en ce début de saison. Mais elle semble mieux accueillie cette fois. Ou moins négativement, disons.

« On était tout simplement à bout, lance Piette. Ça nous avait été un peu imposé, entre guillemets. On n’avait pas le choix, c’était pas mal à la dernière minute, on n’avait pas vraiment eu le temps de se préparer. Et ça avait été une longue saison. C’était plus dur à prendre qu’aujourd’hui. »

Si l’on exclut le camp d’entraînement, la saison 2020 de l’Impact s’était échelonnée du 19 février au 15 décembre, deux matchs de la Ligue des champions de la CONCACAF.

Le calendrier régulier 2021 de la MLS se mettra en branle le 17 avril.

« Retourner aux États-Unis, ce n’est pas l’idéal, pas ce qu’on souhaite. Mais on le voyait venir étant donné que la situation avec la COVID n’a pas assez changé, incluant les règles par rapport aux déplacements vers les États-Unis et vice-versa », note le Québécois.

Il espère toutefois que des aménagements seront possibles pour atténuer les impacts sur le moral des troupes.

« Si on part pour six, huit mois, c’est sûr que le club va avoir une approche différente. En même temps, oui, c’est dur mentalement de savoir qu’on serait séparés de nos familles. Mais est-ce qu’elles pourraient venir nous rejoindre ? Est-ce qu’on reviendrait seulement à quelques reprises ? Il y a encore beaucoup de points d’interrogation. »

Mieux que de ne pas jouer

Une fois de plus, la prochaine campagne ne sera donc pas une sinécure pour la formation montréalaise. Au moins, il y en aura une.

Les négociations entourant la convention collective entre la MLS et ses joueurs, réglées il y a une dizaine de jours, ont été difficiles. Un certain mécontentement a été exprimé dans les deux camps. Mais le dossier est clos jusqu’en 2027.

« Je suis simplement content qu’il n’y ait pas de lock-out, laisse tomber Piette. Dans des négociations, les deux parties tirent chacune la couverture de leur côté et en laissent un peu. De ce que j’ai compris, il y a certaines conditions qu’on aurait souhaité améliorer, même chose pour eux. Ça fait partie des négos. »

La grogne envers la nouvelle identité

Le changement de logo et, par-dessus tout, le changement de nom de l’équipe ont soulevé l’ire d’une partie des fans de la formation montréalaise. Une décision arbitraire qui balaie sous le tapis l’histoire de l’organisation, plaident-ils entre autres.

PHOTO PABLO A. ORTIZ, FOURNIE PAR LE CF MONTRÉAL

Samuel Piette et le nouveau maillot du CF Montréal.

Samuel Piette se montre conciliant.

« Je peux comprendre la réaction de certains partisans qui ne sont pas contents, pour qui l’Impact, c’était une histoire d’amour de plusieurs années. J’ai parlé à beaucoup de gens pour qui le rebranding est super bien reçu, tout le monde n’a pas la même opinion. Tant que les échanges sont faits dans le respect, je n’ai vraiment aucun problème. Mais je comprends la réaction de certains partisans et je ne leur en veux pas. »

Un nouveau visage

La composition du club a beaucoup changé ces deux derniers mois. Piette est déjà passé par là, mais dans le rôle inverse.

« À mon année de départ de Düsseldorf [NDLR En 2014], je pense que sur 25 joueurs, 15 avaient quitté le club. Malheureusement, j’avais été un de ceux qui avaient écopé. Cette année, je fais partie de ceux qui restent. Ce n’est pas un choc, mais c’est un gros changement et j’ai hâte de voir ce que ça va donner. »

Le Québécois avoue ne pas connaître les nouveaux venus. Quoi qu’il en soit, il aime l’idée de procurer plus de munitions au coach.

« On lui donne des armes sur le banc, on ajoute de la profondeur, chose qui nous manquait peut-être un peu les années précédentes. »

Capitaine ?

Le capitaine Jukka Raitala est parti. En son absence, Piette a occasionnellement porté le brassard la saison dernière. Il serait un choix logique pour la saison à venir.

« On ne m’en a pas parlé pour l’instant. C’est sûr que ça m’intéresse, ce n’est pas un secret, affirme-t-il. Mais, comme j’ai toujours dit, capitaine ou pas, je ne changerai pas mon attitude, mon éthique de travail. Je vais bien dormir même si je ne suis pas nommé. »