La scène déconcertante de matchs disputés dans des stades vides a inauguré une nouvelle année qui a ramené les mêmes incertitudes auxquelles le soccer mondial est confronté.

Avec une deuxième vague de COVID-19 qui frappe tant de pays — accélérée par des variants du virus — la tenue même des compétitions sans interruption demeure un défi.

Le retour des spectateurs dans les stades a été tenté dans toute l’Europe, mais on a petit à petit fait marche arrière à la fin de 2020, jusqu’à ce que les tourniquets soient complètement fermés. Les matchs de toutes les grandes ligues européennes se joueront sur un fond de silence début 2021, une réalité qui détonne avec l’atmosphère bruyante habituelle dont les joueurs se nourrissent.

Continuer à offrir le spectacle — avant le déploiement massif des vaccins — est l’objectif des différentes ligues, qui cherchent à éviter de longues pauses au calendrier qui peuvent entraîner des remises coûteuses pour les diffuseurs.

La Premier League anglaise a continué ses activités pendant la période de Noël. Mais maintenant que la ligue rapporte un nombre record de cas de COVID-19, la priorité devrait être de s’assurer que les matchs et les séances d’entraînement ne contribuent pas à la propagation du virus.

« Je sais que ce n’est peut-être pas une bonne chose à dire, mais ce sont des moments difficiles pour tout le monde, a reconnu l’entraîneur Frank Lampard de Chelsea. Nous aimons regarder notre football, mais la sécurité et la santé doivent passer en premier. »

Ce que 2020 a montré au soccer mondial, c’est que, même si de nombreuses organisations comme l’UEFA expriment leur détermination à ne pas laisser une pandémie perturber leurs activités, celle-ci peut en fin de compte imposer sa loi.

Reporté l’année dernière, la planification du championnat d’Europe reprogrammé soulève encore plusieurs interrogations. Avant que l’UEFA puisse se demander si les amateurs seront autorisés à assister aux matchs, elle doit d’abord déterminer où les matchs seront présentés.

La logistique était déjà la plus difficile de l’histoire de l’Euro - soit 12 stades dans 12 villes à travers l’Europe — avant même l’arrivée de la COVID-19. Des plans alternatifs sont envisagés qui pourraient réduire considérablement le nombre de sites utilisés si les circonstances ne se sont pas suffisamment améliorées.

La tenue de la Gold Cup et de la Copa America reportées à travers les Amériques sont des opérations moins délicates en juin et juillet, mais repose toujours sur la protection de l’environnement des équipes contre la propagation du coronavirus.

Comme si l’organisation d’une compétition à 24 équipes à travers l’Europe pendant une pandémie ne représentait pas déjà un défi suffisant, l’UEFA doit résoudre une autre situation complexe. L’avenir de ses compétitions interclubs reste également en suspens, les différends sur le format de la Ligue des champions nécessitant une solution.

Les luttes de pouvoir qui divisaient le football européen à l’aube de 2020 persistent.

« Il n’y a plus de temps pour l’égoïsme, a affirmé le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, dans les heures qui ont suivi l’annulation à contrecœur de l’Euro 2020 l’année dernière. C’est une réinitialisation du football mondial. »

Mais près de 10 mois plus tard, Ceferin doit toujours essayer de concilier les priorités conflictuelles des clubs et des ligues déterminés à remodeler ou à protéger la Ligue des champions.

Il y a les menaces continuelles de compétitions rivales alors que les clubs de premier plan — apparemment sous l’impulsion du Real Madrid — poursuivent leur propre intérêt tout en s’aliénant les puissants clubs de la majorité des petites équipes. Les discussions au sujet d’une Super Ligue européenne pourraient s’intensifier alors que les puissances vivent une saison inhabituelle de bouleversements avec la Juventus, Barcelone, le Real Madrid et le Paris Saint-Germain qui commencent tous la nouvelle année sans être au sommet de leur ligue.

Une refonte des ligues anglaises par les six plus grands clubs a été contrecarrée l’année dernière lorsqu’une offre apparemment généreuse — d’aider les clubs en difficulté financière pendant la pandémie — a été démasquée pour ce qui ressemblait à une prise de pouvoir. Mais la disparition du « Project Big Picture » n’a pas freiné le désir de changement.

C’est toutefois l’activisme des joueurs qui a volé la vedette en 2020 et les a incités en cette nouvelle année à utiliser leurs tribunes sur le terrain pour apporter des changements en faveur d’une plus grande diversité.

En Angleterre, les joueurs continuent de mettre un genou à terre avant le coup d’envoi — remplissant le silence du stade d’un symbolisme puissant dans la recherche d’une plus grande diversité dans le sport et la fin du racisme. L’attaquant de Manchester United et de l’équipe anglaise, Marcus Rashford, a montré comment un joueur peut faire pression sur un gouvernement dans sa bataille pour offrir des repas aux enfants défavorisés.

Outre les questions de santé liées à la pandémie et la pauvreté qui en découle, il y a aussi les inquiétudes grandissantes quant à l’impact à long terme de coup de tête sur le ballon

La nouvelle année apporte l’un des changements les plus importants pour éviter que les joueurs ne souffrent de lésions cérébrales comme les commotions cérébrales et des mesures sont mises à l’essai à partir de ce mois-ci. Ce pourrait être aussi l’année de la remise en cause du geste, du moins à l’entraînement, car les études mettent en évidence les risques de démence pour les anciens professionnels.

« Le simple fait de diriger un ballon ne provoque pas de commotion cérébrale, soutient Michael Gray, neuroscientifique à l’Université d’East Anglia en Angleterre. Néanmoins, le cerveau subit un choc à l’intérieur du crâne, et cela entraîne des séquelles. Et ce sont ces séquelles au fil des années qui créent la neurodégénérescence. »

Cet avertissement donne à réfléchir et remet en perspective toutes les querelles concernant les formats de compétition, l’assistance vidéo à l’arbitrage et les décisions de report de match pendant la pandémie.