Un français solide, un sourire contagieux, une véritable volonté de s’intégrer au projet de Wilfried Nancy et le plaisir de revenir s’installer à Montréal. Dès les premiers instants de sa conférence de presse, jeudi, il ne faisait déjà plus aucun doute qu’Alistair Johnston allait devenir l’un des favoris des partisans du CF Montréal cette saison.

« Lorsque j’ai appris que j’étais échangé à Montréal, ma première réaction a été d’être très enthousiaste ! », lance-t-il en visioconférence, d’un ton corroborant son propos.

« C’est une équipe très prometteuse, ajoute-t-il. Beaucoup de joueurs sont très jeunes. […] Je crois qu’ils jouent un très beau style. »

La jeunesse du CF Montréal fait tout un contraste avec son ancienne équipe du Nashville SC, dont il était l’un des plus jeunes joueurs.

« Ici, je regarde la ligne défensive et je suis potentiellement un des gars les plus vieux, rigole le défenseur de 23 ans. Je ne peux même pas me faire pousser la barbe encore ! »

Alistair Johnston, un international canadien, a été acquis du Nashville SC mardi dernier. Olivier Renard, directeur sportif du CFM, a délié les cordons de la bourse pour l’extirper des griffes du club du Tennessee : un total d’un million de dollars d’argent d’allocation générale lui sera versé sur les deux prochaines années (750 000 $ en 2022, 250 000 $ en 2023).

Pour Alistair Johnston, la valeur de son transfert traduit le réel désir de la part du CF Montréal de l’avoir dans ses rangs. Et le sentiment est partagé.

« Montréal a été très persuasif et a mis plusieurs offres sur la table, jusqu’à ce que Nashville ne puisse plus refuser, explique-t-il en anglais, sa langue première. Ça montre à quel point Montréal m’appréciait. Ils ont prouvé qu’ils me voulaient vraiment. J’étais leur priorité durant la saison morte, et ils ont accompli leur boulot.

« Qu’il y ait un club qui me veuille autant, ça prouve qu’on croit en moi. C’est excitant pour la saison. »

Son propos est corroboré par Vassili Cremanzidis, adjoint d’Olivier Renard chez le CF Montréal. Après les départs de Rudy Camacho et d’Aljaž Struna sur la charnière défensive, il fallait la regarnir.

« On avait une liste de trois ou quatre joueurs, mais Alistair était le premier nom sur cette liste, explique-t-il au bout du fil. On a contacté Nashville. Au début, et jusqu’à la fin, ils n’avaient pas envie de l’échanger. […] On est toujours revenus à Nashville avec une offre augmentée, puis encore une autre. À la fin, ils ont dit leur prix et on l’a égalé. C’était toujours à la condition que le joueur ait un nouveau contrat. »

Johnston s’amène à Montréal avec un pacte de quatre ans en poche, soit jusqu’en 2023, avec deux années d’option en 2024 et 2025.

« Tu ne veux pas payer un million de dollars sans avoir l’assurance que tu as un joueur avec toi », souligne Cremanzidis.

« La boucle est bouclée »

L’« enthousiasme » d’Alistair Johnston envers cette nouvelle aventure est évident. En visioconférence, il révèle que le CF Montréal était « l’une de ses équipes favorites à regarder la saison dernière ».

C’est en plus un certain retour au bercail pour l’international canadien. Né à Vancouver, il a vécu à Montréal de l’âge de 4 à 7 ans avant de s’installer en Ontario, où ses parents lui ont fait suivre des cours d’immersion pour qu’il garde le contact avec la langue française. C’est toutefois dans la métropole québécoise qu’il a botté un ballon de soccer pour la première fois.

« J’ai commencé à jouer au foot à Lakeshore, raconte le défenseur. La boucle est bouclée ! J’ai commencé à Montréal, et je suis de retour à Montréal. »

Ma famille est super contente. […] C’était difficile pour mes parents de venir me voir lorsque j’étais à Nashville à cause de la pandémie, et je n’ai joué que deux matchs au Canada lors des deux dernières années. Ce sera plus facile pour eux de venir aux matchs. Je sais qu’ils seront contents de porter le bleu lorsqu’ils iront aux matchs à Toronto !

Alistair Johnston

Tiens, Toronto. Interrogé sur la rivalité entre les deux métropoles, Johnston s’est assuré de bien l’attiser… et de faire plaisir aux partisans montréalais.

« L’Académie du Toronto FC m’a toujours ignoré parce qu’on disait que j’étais trop petit, dit-il en riant. Alors, pour être honnête, je ne suis pas le plus grand fan de Toronto. Je parie que les partisans de Montréal seront heureux d’entendre ça ! »

Des retrouvailles canadiennes

Alistair Johnston est un latéral droit, et peut jouer dans une défense à trois. Il compare même son jeu robuste à celui d’un joueur de hockey. Sa flexibilité en défense devrait concorder parfaitement avec le système de Wilfried Nancy.

Qui plus est, il retrouve à Montréal son compatriote et collègue aux remparts du Canada Kamal Miller, le gardien James Pantemis ainsi que le milieu de terrain défensif Samuel Piette.

Ce dernier, « un de [ses] bons amis », a d’ailleurs été la première personne à qui Johnston a annoncé la nouvelle, en primeur.

« Il était tellement excité ! s’exclame-t-il. Il me disait tout, où m’installer à Montréal, etc. »

Joint par texto, Samuel Piette renchérit.

« C’est un de mes meilleurs amis dans l’équipe nationale, malgré le fait que je ne le connais que depuis janvier ! confirme Piette. On a tout de suite cliqué. On s’entend très bien à l’extérieur du terrain.

« Un joueur aussi polyvalent, très complet, sans être flashy, qui va faire le travail [get the job done], un peu dans le même style que moi. C’est quelqu’un avec une mentalité et une attitude irréprochable. Un super bon gars à avoir dans le vestiaire et sur le terrain ! »

Sa dernière année, Alistair Johnston la considère comme un « tourbillon ». Il a fait ses débuts avec l’équipe nationale en janvier 2021, disputant 18 matchs en un an. Il a pris part à 26 matchs avec Nashville, dont 24 comme partant, en plus d’entamer 2 matchs de séries de la Coupe MLS.

Il arrive donc à Montréal non pas avec le statut d’un jeune devant faire ses preuves, mais plutôt avec une certaine pression de performance.

« Quand j’étais à Nashville, si je faisais une erreur, on disait de me laisser le temps vu que j’étais une recrue. […] Mais maintenant, je suis un international canadien, il y a eu un gros montant de transfert pour m’acquérir. La pression monte. En tant que joueur de soccer, tu veux cela. »