La saison du CF Montréal se sera finalement jouée sur quelques millimètres de gazon. Deux buts refusés pour hors-jeu l’ont empêché de renverser la cadence lors du dernier match de la saison, dimanche, au stade Saputo. Le Bleu-blanc-noir s’est incliné 2-0 devant l’Orlando City SC et est ainsi éliminé des séries de la MLS.

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La décision de ne pas accorder le but de Romell Quioto à la 59minute, alors que les locaux étaient menés 1-0, hantera certainement longtemps le club et les partisans montréalais.

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Romell Quioto fait connaître son mécontentement à l’arbitre après l’annulation de son but.

Rudy Camacho s’est amené sur l’aile droite. Il a centré habilement le ballon. Le meilleur buteur hondurien du CF Montréal a bien pensé faire mouche de la tête à bout portant, mais il était, semble-t-il, tout juste hors jeu. But refusé. Même la VAR ne bronche pas.

Mais c’est quand la reprise a été diffusée sur l’écran géant du stade Saputo que les esprits se sont réellement échauffés. Wilfried Nancy n’en croyait pas ses yeux. Il était remonté au possible sur les lignes de côté. Les joueurs montréalais ont encerclé l’arbitre sur le terrain, avant que Victor Wanyama, qui portait à ce moment le brassard de capitaine, ne vienne calmer le jeu en parlant seul à l’officiel.

« C’est scandaleux, a lancé l’entraîneur-chef Wilfried Nancy après la rencontre. On met un système en place pour éviter des erreurs grossières comme celle-ci. »

Nancy maintient que « ce n’est pas l’arbitre qui est fautif ».

C’est la personne responsable de la VAR. Que l’arbitre se trompe pendant le match, il y a les émotions, positives ou négatives, le stress et tout. Mais que la personne de la VAR se trompe, alors qu’elle est assise en train de regarder un match, c’est juste scandaleux.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

Mais rien n’y faisait, malgré l’insistance d’un onze montréalais réduit à dix après l’expulsion de Rudy Camacho à la 80e minute. Le défenseur français a reçu un carton rouge direct pour un dur tacle.

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Rudy Camacho a reçu un carton rouge à la 80minute.

Orlando avait pris les devants sur une superbe frappe de Jhegson Sebastián Méndez à la 55minute. Son tir de l’extérieur gauche de la surface, bien lobé, était allé se loger dans le coin droit du filet du gardien Sebastian Breza.

À la 86e, Daryl Dike faisait 2-0 pour les visiteurs, avec un tir en un contre un face à Breza. Il scellait ainsi l’issue du match, résultat qui permettait aux Lions de prendre le sixième rang dans l’Est et une place en séries.

En première mi-temps, le gardien du CF Montréal s’est signalé brillamment à la 12minute. Il s’est élancé de tout son long vers sa gauche pour bloquer un coup franc tiré à l’orée de la surface de réparation. En se relevant, il a célébré son arrêt avec la foule, les bras en l’air. L’intensité du match n’en a été que plus relevée.

Tout juste après, Sunusi Ibrahim est passé tout près de concrétiser une belle montée offensive à quelques pouces du filet, mais il a semblé trébucher avec le ballon à sa réception. Le stade Saputo n’en revenait pas. Lui non plus.

Joaquín Torres, fin seul dans la surface, a été frustré par un superbe arrêt de Pedro Gallese à la 21minute. À la 39e, Sunusi Ibrahim croyait bien s’être repris pour son raté, mais son but a été refusé pour hors-jeu, une décision nettement moins controversée que celle qui a suivi.

Des partisans « incroyables »

« Ce que vous avez vu de ce match, c’est ce qu’on a proposé durant toute l’année », a analysé Wilfried Nancy.

J’aurais aimé que ça se termine différemment parce que les joueurs méritaient de faire les séries.

Wilfried Nancy, entraîneur-chef du CF Montréal

Parce que si le résultat de dimanche l’a éliminé officiellement, le CF Montréal a tout de même raté plusieurs chances de remonter au classement en fin de saison. Sa seule victoire en six matchs en fin de calendrier n’aura pas été suffisante.

« La saison aurait pu mieux se passer comme elle aurait pu moins bien se passer, a noté simplement Sebastian Breza. Sauf qu’aujourd’hui, c’était le jour décisif. Ça ne servait à rien de repenser aux occasions manquées ou aux fois où on a été chanceux. »

Le portier a par ailleurs voulu rendre hommage aux partisans qui ont rempli le stade Saputo, dimanche.

« Ils ont crié, ils ont chanté, c’est peut-être même grâce à eux qu’on a eu le momentum du match en bonne partie. Honnêtement, c’était incroyable. On était un peu surpris quand on a appris que le stade allait être rempli. Merci beaucoup à tout le monde d’être venu. Ç’a été difficile au début de jouer sans vous. Mais dès qu’on est rentrés à Montréal, vous êtes restés derrière l’équipe et vous nous avez encouragés. »

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Les joueurs du CF Montréal ont salué leurs partisans à la fin du match.

Si la saison en MLS s’est terminée avec un 10rang (46 points) pour les Montréalais, il reste néanmoins un défi de taille : la finale du Championnat canadien contre le Toronto FC. On ne sait pas encore quand ni où ce match décisif sera joué.

« C’est un objectif très important, a relevé le milieu de terrain Mathieu Choinière. La saison ne se finit pas sur une note négative, on a encore ce championnat à jouer.

« Ce serait bien de rapporter le trophée ici. »

Les séries de la MLS commenceront le samedi 20 novembre prochain, après la pause internationale.

Les Ultras de retour à l’extérieur du stade Saputo

« Ils ont besoin de fédérer tous les partisans. » Voilà le message que les Ultras voulaient faire passer dimanche, en se présentant aux abords du stade Saputo.

Les Ultras sont bannis de leur section 132 depuis début septembre, le club ayant cité des « enjeux de sécurité ».

Mais la nouvelle de mardi dernier de la démission du président de l’équipe, Kevin Gilmore, a fait tomber une partie du mur d’insatisfaction de la part des groupes de supporters.

Les Ultras avaient ainsi invité les groupes 1642 MTL et 127 Montréal à se joindre à eux pour montrer leur soutien à leur Impact.

« Je suis pour leur marche qui signifie “Gilmore out”, a commenté Sébastien Ouellet, du groupe 1642 MTL, qui a souligné ne vouloir parler qu’en son nom, pas au nom de son groupe. Je n’étais pas d’accord avec toutes les décisions qui ont été prises. Ça a divisé les supporters au lieu de les unifier. J’espère que le but du prochain président sera de réunir tout le monde en une seule voix. »

« Il va falloir qu’ils trouvent le moyen de satisfaire le plus possible leur base la plus fidèle », a renchéri l’Ultra Maxime Turpin.

Ils étaient regroupés dans le stationnement du centre Pierre-Charbonneau. Quelques minutes avant le début du match, ils scandaient les chants bien connus des habitués du stade Saputo.

« Beaucoup de choses ont été dites sur nous qui sont loin d’être vraies, a lancé Maxime Turpin. Quand on voit les gens ici, ce ne sont pas de mauvaises personnes. »

Il montre du doigt ses compagnons, rassemblés autour d’un barbecue, bières à la main et écharpes au cou.

On n’est pas les meilleurs pour communiquer, mais je pense qu’on a vraiment tenté de le faire avec le club lors des six mois qui ont suivi le rebrand. Il n’y a eu aucun retour de leur part.

Maxime Turpin, membre des Ultras

Sébastien Ouellet, du groupe 1642 MTL, nuance.

« Est-ce qu’ils sont blancs comme neige ? Je ne pense pas. Autant la direction va devoir reconnaître certaines choses, autant les Ultras vont devoir se regarder dans le miroir. »

« J’aimerais ça qu’ils reviennent, les Ultras. Dans la 132, il y a des individus qui ne sont pas des Ultras. Eux, je trouve ça plate qu’ils ne soient plus là. Et il y a les Ultras comme tels. […] J’aimerais ça qu’ils soient capables de dire : “On va revenir, on va respecter les règles qui sont écrites.” Et j’aimerais ça que l’Impact – ou le futur nom, si ça reste – dise : “Voici ce à quoi ils se sont engagés.” Et le dise publiquement. »