La direction du CF Montréal annonce la fermeture pour une durée indéterminée de la section 132 du stade Saputo « en raison de plusieurs incidents répétés ».

La mesure entrera en vigueur dès le prochain match à domicile de l’équipe, le samedi 11 septembre, contre le Nashville SC.

« Une série d’incidents, récents et plus anciens, a obligé le club à agir. Des agissements répétés de violence, d’agression verbale et physique, d’intimidation et de vandalisme, ainsi que l’utilisation fréquente de fumigènes, de dispositifs incendiaires et autres items pyrotechniques non autorisés, ont continué à croître dans la section 132, où est située l’Association des supporters (ASUPMTL), incluant les Ultras Montréal 2002 et les groupes de supporters affiliés. Dès le 11 septembre, ces groupes sont donc bannis de tous les évènements au stade Saputo, ainsi que de tous les évènements et initiatives du club », lit-on dans le communiqué publié mercredi matin.

Le vendredi 27 août, des supporters de cette section « ont été impliqués dans une altercation » avec des fans du Toronto FC, « qui ont été physiquement agressés à l’extérieur du stade Saputo », ajoute-t-on.

Un rapport d’agents de sécurité a fait état d’actes de violence gratuite, a indiqué à La Presse un porte-parole du club.

« En raison de ces agissements et d’autres incidents survenus ce jour-là, le Toronto FC a demandé de ne pas émettre de billets dans la section des supporters de l’équipe adverse, lors du match à Toronto le 23 octobre, et ce, pour aucun partisan du CF Montréal. La MLS soutient cette requête à la suite des derniers incidents, ainsi que les risques accrus. La ligue a aussi expliqué que d’autres sanctions pourraient être émises contre le club et ses partisans si ce type de comportement continue », rapporte la direction dans le communiqué.

Au cours des dernières années, plusieurs avertissements avaient été lancés par l’organisation aux représentants de cette section, affirme-t-elle.

Depuis l’entrée de la formation montréalaise en MLS, en 2012, 49 sanctions, contre des individus comme pour des groupes de supporters, ont été imposées dans la section 132, nous a précisé le porte-parole.

Cette saison seulement, cinq individus de la section ont été bannis du stade Saputo.

Après le match de retour à domicile, le 17 juillet, la section au complet avait été sanctionnée, privée pour un match des « privilèges des groupes de supporters » (drapeaux, fumigènes autorisés, bannières). Le non-respect de la consigne au match suivant, le 4 août, a entraîné la révocation de ces privilèges pour trois matchs supplémentaires. Puis, le 14 août, une bagarre impliquant un homme qui portait un maillot du CF Montréal a éclaté dans la section. Les actes du 27 août, en marge de la rencontre, auront été la goutte qui a fait déborder le vase.

On ne peut toutefois affirmer avec certitude que ce sont des membres des Ultras qui ont pris part à cette altercation avec des fans du Toronto FC, d’où la fermeture complète de la section, explique-t-on.

Les groupes Front Commun Montréal, Montréal Boys, Suppras Montréal et Bolos Crew sont aussi des habitués de la section 132. Pouvant accueillir environ 150 spectateurs, elle n’est par ailleurs pas fermée aux fans non membres de l’un des groupes de l’Association des supporters.

Fumigènes et violence

Maxime Turpin, l’un des organisateurs des manifestations de février et de juin contre le changement de nom du club, a été surpris par l’adoption de cette mesure.

« Des fumigènes, il y en a toujours eu. Le club sanctionnait régulièrement la section, mais on arrivait toujours à trouver un terrain d’entente. Et souvent, le club trouvait les responsables et les punissait individuellement », a-t-il réagi en entretien avec La Presse, au nom de l’Association des supporters de l’Impact de Montréal (ASUPMTL).

Cela dit, les récriminations liées aux fumigènes ne sont sans doute pas l’élément qui a mené à la fermeture pure et simple de la section 132. Leur utilisation paraît somme toute banale en comparaison des bagarres survenues lors des deux derniers matchs. Les causes et le déroulement de celle du 14 août varient d’une source à une autre, mais il s’agit tout de même d’actes de violence impliquant chaque fois des fans de la section.

Je suis complètement d’accord que toute forme de violence doit être bannie d’un stade de foot ou de ses alentours.

Maxime Turpin, de l’Association des supporters de l’Impact de Montréal

Pour ce qui est des agressions du 27 août contre des supporters torontois, il ajoute toutefois que l’organisation devrait renforcer les mesures de sécurité quand les grands rivaux sont en ville, même si « c’est toujours la faute des individus, ce n’est pas leur faute à eux [les dirigeants] ».

N’empêche que la sécurité ne pourrait être assurée partout à l’extérieur du stade…

Au bout du compte, Maxime Turpin déplore que toute la section 132 fasse les frais du comportement – inacceptable – de quelques-uns.

« C’est toujours injuste de pénaliser tout le monde plutôt que les individus. Je trouve ça vraiment dommage de pénaliser toute une tribune et plusieurs groupes, dont des personnes qui sont des abonnés de saison depuis quasiment 20 ans. »

Le changement d’identité

Il y a quelques semaines, la haute direction du CF Montréal avait rencontré les Ultras – comme elle le fait occasionnellement avec des groupes de partisans – pour discuter de différents sujets, a souligné un porte-parole de l’équipe.

Une discussion qui s’est déroulée très cordialement, ajoute-t-il.

Mais l’ordre du jour prévu n’aura pas dépassé le point 1. Pendant plus de trois heures, les deux parties ont échangé à propos du rebrand de l’organisation. La direction expliquant qu’elle ne reviendrait pas à l’ancienne identité du club, les autres thèmes devenaient sans intérêt pour les Ultras. Maxime Turpin, qui était présent, confirme que la rencontre s’est bien déroulée ainsi.

La direction a alors fait valoir aux membres des Ultras – très déçus – qu’ils pouvaient continuer à manifester leur désaccord, mais à condition de respecter les règles du stade et son code de conduite.

La fermeture de la section 132 n’est donc pas une décision punitive en lien avec le rebrand ou les critiques envers Kevin Gilmore, assure le porte-parole.

Maxime Turpin n’en croit pas un mot. Les protestations vigoureuses contre le changement de nom sont en cause, selon lui.

« Ils ont essayé de nous faire accepter ce changement, mais ils voient que ça ne marche pas, donc je pense qu’ils passent à la vitesse supérieure », avance-t-il.

Qui dit vrai ?

Chose certaine, cette partie de l’équation n’est pas la plus sérieuse. La violence ne pouvait plus être tolérée. Tout comme, aux yeux de l’organisation du moins, l’utilisation continuelle d’articles considérés comme potentiellement dangereux.

Il s’agit d’une décision basée strictement sur la sécurité, conclut le porte-parole. Celle des fans, des joueurs et du personnel.