(Munich) De nouveau séduisante, rapide et décomplexée, l’Italie a frappé fort en écœurant la défense de la Belgique (2-1), vendredi à Munich, pour rejoindre l’Espagne en demi-finale de l’Euro et poursuivre sa reconquête.

Jusqu’où ira-t-elle ? Après un huitième tendu contre l’Autriche (2-1 a. p.), l’insouciante « Nazionale » tient son match référence dans ce Championnat d’Europe, face au maestro Kevin de Bruyne et au colosse Romelu Lukaku.  

Elle tient surtout une demi-finale en grande compétition, scénario encore inespéré trois ans plus tôt, lorsque les habitués de la sélection avaient regardé le Mondial depuis leur canapé…

« On a mérité de gagner, les joueurs ont été extraordinaires, même si on a un peu souffert », a savouré le sélectionneur italien Roberto Mancini.

Pour les Belges, le coup d’arrêt est brutal, après avoir résisté valeureusement au Portugal de Cristiano Ronaldo, écarté à force de sacrifices défensifs et de courage (1-0).  

La défense centrale et ses 33 ans d’âge moyen, si solide contre la Seleçao, a sombré cette fois-ci devant les accélérations italiennes, et s’est montrée coupable sur les deux buts, de Nicolo Barella d’un slalom bien conclu (31e) puis Lorenzo Insigne d’un missile enroulé de loin (44e).

PHOTO MATTHIAS HANGST, AGENCE FRANCE-PRESSE

Lorenzo Insigne

Lukaku et De Bruyne ont donc désormais rendez-vous au Qatar, dans 17 mois, pour enfin récompenser leur génération dorée.

« On savait que ce serait un tournoi difficile car il y avait beaucoup d’éléments et de paramètres qui ont joué contre nous », a regretté De Bruyne, évoquant les blessures, notamment celle d’Eden Hazard, alors que lui-même était tout juste remis pour ce quart de finale.

Pour les Italiens Federico Chiesa et Marco Verratti, autres hommes forts des « Azzurri », l’aventure continue à Londres, dès mardi… et le symbole est beau, car ils retrouvent les demies de l’Euro contre l’adversaire qui avait mis fin à leur superbe parcours en 2012, en finale : l’Espagne.

Donnarumma décisif

Ils s’y avanceront cette fois beaucoup plus favoris que contre la génération Xavi-Iniesta, victorieuse 4-0 à l’époque. Et beaucoup plus frais : la Roja vient d’enchaîner deux fois 120 minutes, en huitième puis en quarts, et n’a écarté la Suisse qu’aux tirs au but (1-1 a. p., 3-1), suivis par les 13 000 fans de l’Allianz Arena sur écran géant.

Les Italiens fouleront la pelouse de Wembley avec toute la confiance que confère un succès contre les N.1 mondiaux au classement FIFA, et avec la certitude que leur formule fonctionne.

Un Marco Verratti inépuisable au milieu de terrain, un Leonardo Spinazzola au four et au moulin et un Lorenzo Insigne en artilleur de loin : la machine italienne ressemble de plus en plus à une Ferrari à l’approche de l’épilogue de l’Euro.  

PHOTO MATTHIAS SCHRADER, ASSOCIATED PRESS

Youri Tielemans et Marco Verratti

Il faut y ajouter, vendredi soir, un Gianluigi Donnarumma étincelant dans ses cages, devant De Bruyne (22e) comme devant Lukaku (26e), et une défense de vieux briscards au rendez-vous.  

Giorgio Chiellini, de retour de blessure, n’a ainsi raté aucune occasion de rappeler à Lukaku qu’il n’était pas une menace, d’un duel de la tête ou de quelques mots bien sentis.  

Et Leonardo Bonucci est resté solide, croyant même ouvrir le score avant d’être signalé hors-jeu par l’assistance vidéo (13e).  

Finalement, le plus maladroit de l’arrière-garde aura été Giovanni Di Lorenzo, auteur d’une petite faute sur Jérémy Doku, synonyme de penalty puis de réduction du score… Le deuxième but encaissé par la Nazionale lors de ses 13 dernières rencontres, seulement.

Doku percutant

L’Italie a su rester soudée, à l’image de cette frappe contrée de De Bruyne (17e) ou de ce sauvetage insensé d’une cuisse de Spinazzola devant Lukaku à bout portant (61e), avant de sortir en larmes (79e), sévèrement blessé à un tendon d’Achille, avec des « signes cliniques de lésion » selon la Fédération italienne.

La partition belge s’est trop souvent résumée à ces deux hommes, et en seconde période à Doku, titulaire surprise pour pallier le forfait sur blessure d’Eden Hazard et toujours dangereux balle au pied, comme sur cette frappe au-dessus (83e).

Difficile, dans ces conditions, de faire tomber une sélection italienne en pleine reconquête sous la baguette de Roberto Mancini, artisan d’une succession de 32 matchs d’affilée sans défaite.  

Les chiffres disent beaucoup du niveau de cette Italie, mais ils ne diront plus grand-chose lorsque s’ouvrira Wembley, l’Espagne et le lot d’incertitudes d’une demi-finale, mardi soir. Nul doute que les tifosi rêveraient d’étirer la série à 34.