(Copenhague) Un but gag, un avantage gaspillé, une délivrance tardive : l’Espagne a triomphé de la Croatie vice-championne du monde (5-3 a. p.) lundi à l’Euro, délivrée par Alvaro Morata après un scénario invraisemblable qui l’envoie en quarts, où elle défiera la France ou la Suisse.

Au bout d’un match haletant, Morata (100e) et Mikel Oyarzabal (103e) ont effacé la grossière bévue initiale du gardien Unai Simon et propulsé l’Espagne vers le tour suivant et un rendez-vous alléchant à Saint-Pétersbourg.

Que de frayeurs ! La bourde du portier basque (20e), puis les deux buts encaissés dans les dix dernières minutes du temps réglementaire pour permettre à la Croatie de revenir à 3-3 et d’arracher la prolongation, n’ont finalement pas porté préjudice à la « Roja » de Luis Enrique, persévérante et qualifiée.

C’est en revanche une terrible désillusion pour la Croatie de Luka Modric, qui assiste au crépuscule de son époque dorée, trois ans après avoir atteint la finale du Mondial-2018 en Russie… mais un tonitruant réveil pour l’Espagne, qui tient enfin son premier match référence depuis le début du projet de reconstruction de l’Espagne, qui a débuté la partie pleine d’entrain et de bonnes intentions.

Douche froide

Mais à la 21e minute de jeu, c’est la douche froide : une innocente longue passe en retrait du jeune Pedri débouche sur une terrible bourde d’Unai Simon. Le gardien de l’Athletic Bilbao manque son contrôle, et doit se contenter de regarder le ballon rouler vers ses filets.

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Unai Simon

Une grossière erreur qui douche les ambitions des Espagnols. Et relance celles de Luka Modric et consorts. Apathiques jusque-là, les Croates multiplient les assauts : Modric perce dans la surface, Nikola Vlasic s’offre une incursion côté droit, et Mateo Kovacic tente sa chance depuis l’entrée de la surface (26e).

L’Espagne est groggy. Et mettra dix minutes à s’en relever. Mais à la 38e minute, le Parisien Pablo Sarabia, déjà buteur contre la Slovaquie, fusille Dominik Livakovic, qui venait de stopper une première tentative de Gaya, et l’Espagne égalise.

Le banc exulte, et la « Roja » remet la main sur le match juste avant la pause. Une bonne marche qui va continuer au retour des vestiaires. À la 61e, Pedri, auteur de la passe en retrait sur le premier but, brise la ligne croate et sert un ballon millimétré pour Cesar Azpilicueta, qui redonne l’avantage à l’Espagne de la tête. Et à un quart d’heure de la fin, Ferran Torres ajuste un ballon du gauche pour matérialiser la domination espagnole.

L’Espagne a alors un pied en quarts. À dix minutes de la fin du temps réglementaire, la « Roja » est au sommet des montagnes russes. Mais la descente sera vertigineuse.

Morata, ce héros

À la 85e, après un cafouillage dans la surface et une passe de Modric, Mislav Orsic réduit l’écart. Et à la 90e+2, Mario Pasalic place une tête puissante pour crucifier Unai Simon et arracher la prolongation.  

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Même s’il a encaissé trois buts, Unai Simon a sauvé les siens à plusieurs reprises : il s’est rattrapé à la 67e, avec un sublime arrêt réflexe de la main droite sur une frappe de Josko Gvardiol, puis sera à nouveau déterminant en prolongation, à la 96e, avec un autre arrêt sur sa ligne.  

Et sur le banc, Luis Enrique passe aussi par toutes les émotions. S’il se cognait la tête contre une bouteille d’eau lors du premier but encaissé, il a célébré les suivants avec effusion, en sautant dans les bras des membres du staff.

L’ambiance est suffocante. La Croatie aborde la prolongation avec l’euphorie d’avoir égalisé, mais c’est bien l’Espagne qui maîtrise le ballon.  

Et c’est Alvaro Morata, tant critiqué par les supporters et la presse espagnols depuis le début du tournoi, qui va se transformer en héros national : à la 100e, il contrôle un centre de Dani Olmo au deuxième poteau, et envoie un missile dans les cages croates pour délivrer l’Espagne.  

Il sera imité trois minutes plus tard par Mikel Oyarzabal, qui va sceller la retentissante qualification vers les quarts.

La France et la Suisse, qui s’affrontent plus tard en soirée pour affronter la « Roja » en quarts, sont prévenues. Près de dix ans après l’historique triplé Euro-2008, Mondial-2010, Euro-2012, l’Espagne fera tout pour montrer à l’Europe qu’elle est de retour.