(Séville) Des promesses, mais pas de buts : pour son entrée en lice à l’Euro, l’Espagne a pratiqué un football séduisant, mais n’a pas réussi à marquer, lundi à Séville contre la Suède (0-0), un nul qui pourrait semer le doute dans la tête du sélectionneur Luis Enrique.

La jeune « Roja » a osé, mais la Suède l’a bridée : retranchés dans leur moitié de terrain durant l’immense majeure partie de la rencontre, les « Blagult » (les « bleu-jaune », en suédois) sont parvenus à freiner l’ardeur de cette équipe d’Espagne remaniée, et captivante malgré l’absence de stars et de buts.

Les choix tactiques d’Enrique feront certainement parler : pour ce premier match, le sélectionneur espagnol a mis sur le banc le « goleador » Gerard Moreno, qui a accumulé à lui seul 23 buts cette saison en Liga à Villarreal… soit plus que Ferran Torres, Álvaro Morata et Dani Olmo réunis (dans leurs championnats respectifs), les trois attaquants alignés et restés muets lundi.

Brillants en première période, plus empruntés au retour des vestiaires, les Espagnols n’ont pas réussi à marquer pour leurs débuts devant leur public… faisant ressurgir les mauvais souvenirs des éliminations précoces lors de l’Euro 2016 en France et du Mondial 2018 en Russie, dès les huitièmes de finale.

Une phase d’apprentissage sans doute nécessaire pour ces « bleus » de la « Roja ». Mais désormais, leur joker est déjà consumé.

Trop jeunes ?

En l’absence des stars des deux sélections (les vétérans Sergio Ramos et Zlatan Ibrahimović n’ont pas été retenus, car blessés, et Sergio Busquets et Dejan Kulusevski sont toujours à l’isolement après leur test positif à la COVID-19 la semaine dernière), les jeunes ont pourtant offert de belles promesses.

Pedri, qui a joui d’une grande liberté dans le dispositif espagnol, a par exemple bien combiné avec le capitaine de substitution Jordi Alba à gauche, au sein de ce onze le plus jeune de l’histoire de la « Roja » dans un Championnat d’Europe.

À 18 ans et 201 jours, le milieu du Barça est devenu lundi le plus jeune joueur de l’histoire de la sélection espagnole à avoir entrepris un match dans un grand tournoi international, battant ainsi le précédent record de précocité détenu par Cesc Fàbregas, 19 ans et 41 jours contre l’Ukraine lors du Mondial en 2006.

Le phare Koke

Olmo, du RB Leipzig, a aussi eu deux grosses occasions d’ouvrir le score en première période, d’abord à la reprise d’un centre du milieu de terrain et capitaine de l’Atlético Madrid Koke, stoppé par une parade de la main gauche de Robin Olsen (16e), puis avec cette frappe de loin encore repoussée par le portier suédois de l’AS Roma (45e).

Et autour de ces jeunes, les vétérans n’ont pas déçu : Koke a été l’Espagnol le plus en vue en première période, avec une frappe du droit non cadrée (23e) et une reprise d’un centre parfait d’Alba qui s’est envolée au-dessus du cadre (29e).

Morata a aussi manqué sa plus nette chance de marquer à la 38e, quand son ballon enroulé a fui le cadre alors qu’il était seul face au portier suédois, des ratés qui n’ont pas fait tiquer Enrique, assis sur sa glacière à la façon de Marcelo Bielsa en première période, à applaudir et à haranguer ses hommes.

PHOTO JOSE MANUEL VIDAL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Luis Enrique

L’Espagne ne s’est fait qu’une seule (et belle !) frayeur, juste avant la pause : l’attaquant de la Real Sociedad Alexander Isak a tenté sa chance du droit dans la surface… mais Marcos Llorente a mis son pied sur la ligne pour repousser le ballon sur le poteau, puis dans les bras d’Unai Simón.

Hormis cette alerte, l’Espagne a dominé : la « Roja » a totalisé 419 passes en première période, soit le plus haut total dans les 45 premières minutes d’un match de l’Euro depuis que cette donnée est enregistrée (1980) par le statisticien Opta.

Il lui reste à confirmer cette possession, sa marque de fabrique, en buts, samedi contre la Pologne de Robert Lewandowski, surprise 2-1 par la Slovaquie lundi.