La réponse de Wilfried Nancy a été très spontanée lorsqu’un journaliste l’a questionné sur son nouveau rôle d’entraîneur-chef du CF Montréal.

« J’adore. Je ne peux pas être plus clair que ça, a-t-il lancé au cours de sa première visioconférence avec les médias depuis sa nomination, il y a trois semaines. Je prends énormément de plaisir. La différence, c’est que quand on est adjoint, on propose des idées à l’entraîneur et il les prend ou pas, en fonction de son ressenti, de sa journée.

« Alors que quand on est entraîneur, on a une idée et on la met en place. On collabore, bien entendu, avec le staff, on explique pourquoi on veut faire ça. C’est ce qui me passionne. J’avoue que sur ça, je m’éclate. »

En ce moment, avec ses adjoints Laurent Ciman et Kwame Ampadu – auxquels se joindra Jason Di Tullio, un choix qui est venu « naturellement », a dit Nancy – et l’entraîneur des gardiens Rémy Vercoutre, il travaille à la symbiose du groupe sur le terrain, à la logique dans les actions collectives.

« On prend énormément de plaisir à essayer de faire comprendre des concepts aux joueurs pour qu’ils soient capables de courir en même temps. Parce que dire à un joueur de faire quelque chose, il va le faire. Mais avoir la synchronisation, que les joueurs soient connectés, c’est la chose la plus difficile. C’est notre challenge avec le staff. »

Un faible échantillon

Le premier match de la saison, le 17 avril, contre le Toronto FC, arrive à grands pas. Plus encore, le départ du club pour Orlando, le 6 avril. Entre ceux deux dates, on le sait, le CF Montréal ne jouera que deux matchs préparatoires.

« Ce n’est pas évident par rapport à la construction et la cohésion de l’équipe », a souligné le coach.

Entre-temps, il regarde « beaucoup » les matchs internationaux disputés par ses nombreux joueurs qui y sont éparpillés.

« Mais après, je prends ça avec des pincettes parce que chaque entraîneur demande quelque chose de spécifique », indique-t-il.

Quand le groupe sera réuni en Floride, il ne restera que quelques jours au personnel d’entraîneurs pour attacher les ficelles.

Pour les deux duels préparatoires, on donnera donc sans doute beaucoup de minutes aux prétendants à un poste sur le onze de départ du match inaugural.

« Bien sûr qu’avec plus de matchs amicaux, j’aurais tenté un peu plus de choses, mais là, je vais tout simplement essayer de gagner du temps. Parce qu’effectivement, on a besoin d’avoir des automatismes, de travailler sur certaines choses, a expliqué Nancy. Ça va être – les titulaires, je n’aime pas trop ce terme-là –, ça va être les joueurs qui vont être prêts pour le premier match. Et après, on verra. »

L’entraîneur se souvient de cas où les plans ont changé tardivement au camp. Parfois, il faut réajuster le tir.

« Oui, on a une idée de qui on veut mettre en place, mais on se laisse une porte de sortie parce que rien n’est défini encore », assure-t-il.

Le défi de la surface

En faisant le choix de tenir le camp à Montréal pour conserver une certaine « fraîcheur mentale », Olivier Renard et Wilfried Nancy savaient qu’il y aurait une contrepartie malheureuse : devoir s’entraîner sur le synthétique. Surface qui a d’ailleurs engendré quelques blessures mineures ces dernières semaines.

« On savait que ça allait être la première fois de l’histoire qu’on allait faire une pré-saison sur le synthétique. Ce n’était pas facile. Mais la météo nous a donné un petit coup de main, donc on a pu aller sur la pelouse et à la première séance, j’ai revu des enfants, plein de plaisir », a raconté l’entraîneur-chef.

Justement, il y a beaucoup d’adolescents au camp cette année. Certains y auraient été de toute façon, d’autres y ont été invités pour combler les appels en équipes nationales et les retards dus aux quarantaines.

De la jeunesse qui a insufflé une bonne dose d’enthousiasme au camp, nous a récemment dit le directeur sportif Olivier Renard.

« Ce que j’aime bien voir, c’est que quand les jeunes arrivent au début, ils sont tout timides. Ils ont du mal à s’exprimer à certains moments. Et maintenant, ils sortent un peu de leur zone de confort, donc il y a des choses qui sont beaucoup plus intéressantes, sur les concepts de jeu, sur la vitesse du jeu surtout », a raconté Nancy.

Oui, les jeunes apportent de l’énergie, a-t-il corroboré.

« En contrepartie, ça prend de la patience. Parce que qui dit énergie, qui dit envie de bien faire, qui dit jeunes dit aussi, à certains moments, précipitation. Donc, ça peut amener un peu de frustration par rapport aux joueurs qui sont un peu plus vieux. »

N’empêche, depuis le début du mois, il s’est créé une dynamique intéressante, note Wilfried Nancy, entre les plus vieux et les plus jeunes présents au camp.

QUELQUES NOTES SUR…

James Pantemis

Globalement, le coach a apprécié le travail de son jeune gardien québécois au tournoi de qualification olympique CONCACAF des moins de 23 ans. Il a bien aimé son attitude, son courage, entre autres. Mais il reste du travail. « James a été bien. Maintenant, il faut qu’il gomme une seule chose et il le sait. Oui, il a été bon sur les arrêts, mais il a fait des erreurs qui ont mis en danger son équipe. Donc, il sait qu’il doit essayer de les minimiser. » Clément Diop, pour ce début de saison, demeurera l’homme de confiance du club.

Ahmed Hamdi

Le milieu de terrain égyptien acquis au début de mois de février vient à peine de terminer sa quarantaine. Là encore, Wilfried Nancy a aimé ce qu’il a vu. Mais il faudra être patient avec Hamdi, ne serait-ce qu’en raison de son adaptation qui ne sera pas facile. Sa compréhension de l’anglais est « minime », a indiqué Nancy. « J’ai mon Google Translate qui est là », a lancé le coach à la blague. Dans les faits, le thérapeute du sport en chef, Karam Al-Hamdani, lui donne un coup de pouce. Le joueur a commencé à apprendre un peu l’anglais.

Aljaz Struna

« Sa force, c’est qu’il connaît ses qualités et ses défauts. Il ne va pas compliquer le jeu. Il va jouer par rapport à ce qu’il voit », a résumé Nancy à propos de son nouveau défenseur, acquis du Dynamo FC de Houston à la mi-janvier. On y va progressivement avec celui qui a terminé sa quarantaine il y a à peine une semaine. « Je pense qu’il se sent bien au niveau du groupe », a aussi observé l’entraîneur.