N’eut été de l’opportunité de renouer avec deux hommes-clé dans la progression de sa carrière de joueur de soccer professionnel, Evan Bush serait demeuré avec l’Impact de Montréal, l’organisation qui lui a permis de découvrir une ville qu’il n’aurait jamais pensé tant aimer lorsqu’il y a mis les pieds pour la première fois en 2011.

Le nouveau porte-couleurs des Whitecaps de Vancouver l’a admis sans détour lors d’une visioconférence, mardi après-midi, depuis Portland où est basée sa nouvelle équipe.

Bush, dont le transfert vers la côte Ouest du Canada a été confirmé lundi, n’a pas caché qu’il a encore de la difficulté à exprimer tout ce que Montréal lui a apporté. Du moins verbalement, car il a rédigé un long message que l’organisation de l’Impact a repris et publié sur son site internet.

« Chaque fois que quelqu’un m’a posé cette question au cours des deux derniers jours, je suis devenu trop émotif », a avoué Bush lorsqu’il s’est fait demander ce qui lui manquerait le plus de Montréal.

« J’ai affiché un message sur Instagram aujourd’hui — avec probablement plus de mots que les gens auraient voulu lire —, et j’ai touché à tout ce que j’ai apprécié pendant mes années à Montréal. Je pense que seulement 10 %, en fait, est lié au fait de jouer des matchs et de me trouver sur le terrain. J’ai aimé cet aspect. Mais la ville, et les relations que ma famille et moi-même avons bâties au fil de ces dix ans sont des choses que je n’aurais jamais imaginé quand je suis arrivé là-bas. »

La page frontispice de son message, où on le voit en photo devant un filet au stade Saputo avec son épouse Colleen et leurs trois enfants, tous Canadiens, sert d’ailleurs de rappel : Bush avise les lecteurs d’être prêts car il s’agira « d’au revoirs plus longs que d’habitude ». Il le termine dix pages plus loin en ces mots, dans la langue de Molière : « Je vous aime tous. Adieu, ma belle ville. EVAN BUSH #1 ».

Entre les deux, il y raconte de nombreux passages de sa vie, autant personnelle que professionnelle. Les secteurs où il a habités, l’importance de son épouse dans ce nouvel environnement, les moments exaltants sur le terrain et ceux moins joyeux aussi. Mais ce qui ressort par-dessus tout, c’est son affection pour Montréal.

« Quand je suis arrivé là-bas, tout ce que je savais de Montréal, c’est que (les gens) parlaient une langue différente de partout ailleurs en Amérique du Nord. Et des gens m’ont dit que j’étais fou d’aller là-bas. […] Il y a eu des difficultés au début, mais il n’y a aucun regret, c’est certain », a-t-il affirmé lors de la visioconférence.

Respect

La dernière année de Bush à Montréal n’a certes pas été la plus réjouissante de sa carrière, alors qu’il a été placé dans un rôle de réserviste à Clément Diop. Or, Bush n’a jamais manifesté son mécontentement face à sa situation.

« L’année a été tellement étrange que l’occasion de tenir ces conversations ne s’est jamais présenté », a-t-il fait remarquer, en faisant allusions aux diverses interruptions au calendrier causées par la pandémie de coronavirus.

« J’ai pensé qu’il y aurait des moments pendant la saison où on aurait fait appel à mes services. Il y a beaucoup de changements en cours à Montréal, beaucoup d’éléments qui entrent en ligne de compte. Je n’ai jamais poussé sur ce dossier et j’ai tenté de rester aussi professionnel que possible. J’ai parlé à Thierry (Henry) deux fois depuis la transaction et il m’a dit que je n’avais jamais dépassé les limites en matière de professionnalisme et de leadership. Et pour moi, c’est ce qui importait le plus. Je ne voulais pas détourner l’attention vers moi, même jusqu’au dernier jour à New York. J’ai voulu parler à l’équipe après le match parce que je voulais que l’attention se porte sur le groupe. »

Informé vendredi soir par le directeur sportif Olivier Renard de l’intérêt des Whitecaps à son endroit, Bush a pris le week-end pour mûrir sa décision en consultation avec son épouse. Au passage, il admet avoir apprécié la façon dont l’organisation montréalaise s’est comportée à son endroit en lui permettant d’être partie prenante de la décision.

S’il a finalement dit oui à la transaction, dimanche, c’est qu’elle lui permettait de retrouver Marc Dos Santos, l’entraîneur-chef des Whitecaps, et Youssef Dahha, l’instructeur des gardiens de l’équipe. Ces deux hommes, a déclaré Bush, étaient là à ses débuts avec l’Impact.

Bush leur a d’ailleurs parlé vendredi soir, à la demande de Dos Santos et de Dahha.

« Ce n’est pas une décision que je pouvais prendre en 30 minutes, ou même en une ou deux heures. Ces discussions, surtout avec mon épouse, étaient ce qui importait le plus. Si ça n’avait pas été de Marc et de Youssef et de mes relations passées avec eux, ç’aurait été plus facile de rester à Montréal, un endroit où je suis familier, et attendre l’entre-saison et la suite », a-t-il précisé.

« J’ai tellement de respect pour eux que je devais les écouter et entendre ce qu’ils voulaient me dire. Marc a été mon premier entraîneur à Montréal. Il est celui qui m’a donné ma chance, au départ. En gros, il a lancé ma carrière à Montréal.

« Youssef est quelqu’un d’assez spécial et un gars fantastique, a enchaîné Bush. J’ai eu un lien incroyable avec lui pendant de nombreuses années, et sous sa direction, j’ai connu quelques-unes de mes meilleures années à titre de professionnel. »