(Francfort, Allemagne) Le Canadien Alphonso Davies, 19 ans, est la nouvelle star du soccer allemand et attire l’attention de tous les grands clubs d’Europe.

Le joueur latéral gauche du Bayern Munich impressionne par son talent et sa vitesse spectaculaire.

Davies a été nommé recrue de l’année de la Bundesliga (la ligue allemande de football), il est aussi le plus rapide de l’histoire. Le jeune joueur prodige a battu le record de vitesse le 16 juin : il a couru à 36,51 km/h, la vitesse la plus élevée jamais enregistrée en Bundesliga.

Davies est tellement populaire dans ce pays de 83 millions d’habitants qu’il a été impossible pour La Presse de lui parler. Le Bayern a précisé que de manière générale, très peu d’entrevues individuelles sont accordées avec les joueurs. Le club reçoit beaucoup de demandes pour Davies et il décide, avec son agent, chaque semaine, de ses activités médiatiques. Il y a aussi la volonté de le protéger, car il n’a que 19 ans.

La Presse s’est donc entretenue avec plusieurs journalistes sportifs européens, spécialistes de soccer, et ils sont unanimes : l’ascension de Davies a été fulgurante et méritée, c’est un joueur de grand talent qui a su s’intégrer au sein de l’équipe munichoise. C’est simple, en quelques mois il est devenu un joueur indispensable du Bayern de Munich, qui a remporté le doublé ; le club est champion pour la 30fois en Bundesliga et pour la 8fois consécutive, ce qui constitue un record. Le Bayern a aussi gagné la Coupe d’Allemagne pour une 20fois.

Un véritable conte de fées

Alphonso Davies est né le 2 novembre 2000 dans un camp de réfugiés du Ghana, ses parents ayant fui la guerre civile du Libéria.

Il émigre au Canada à l’âge de 5 ans, grandit à Edmonton, est recruté à 14 ans par les Whitecaps de Vancouver, joue dès l’âge de 15 ans dans la MLS et un an plus tard au sein de l’équipe nationale canadienne.

Davies a quitté les Whitecaps pour le Bayern de Munich où il est arrivé en janvier 2019, lors d’un transfert estimé à 11 millions d’euros.

« C’est un conte de fées pour Davies, mais aussi pour le Bayern », affirme Alexis Menuge, journaliste correspondant à Munich pour le journal L’Équipe et France Football. « Un jeune joueur qui arrive d’un continent où le soccer n’est pas le sport numéro un et qui s’impose dans une équipe où il y a des vedettes à chaque poste, il faut le faire, ça montre sa force de caractère et son talent », poursuit-il.

Physiquement, il a de grandes capacités, mais ce qui impressionne le plus, c’est sa rapidité sur le terrain, car personne n’a vu un joueur courir aussi vite, ça plaît beaucoup aux supporters, et c’est devenu le préféré du public.

Alexis Menuge, journaliste pour L’Équipe

« Quand il est arrivé à Munich, on voyait bien lors des premiers entraînements qu’il était timide et très nerveux, ce qui est normal. Davies a lui-même dit que c’était son rêve de jouer avec toutes ces superstars qu’il regardait à la télévision et sur sa PlayStation ! Et il faisait désormais partie de cette équipe », confie en entrevue téléphonique Florian Plettenberg, journaliste en chef à Sport1, chaîne de télévision de sports en Allemagne. Il ajoute que Davies a été recruté comme ailier, mais que c’est à la position de latéral gauche qu’il s’impose et où il fait un travail remarquable.

Davies a joué 39 matchs, a marqué trois buts et effectué sept passes décisives, dont deux en Ligue des Champions.

Pour Frank Linkesch, journaliste à Kicker, magazine sportif allemand, Davies est déjà le meilleur joueur de soccer canadien de tous les temps. « Son évolution au cours des derniers mois a été sensationnelle, rien de moins. Son ascension a commencé lorsque Hans-Dieter Flick a été nommé entraîneur en novembre dernier ; tout a changé, car il a eu confiance en lui. Davies a saisi sa chance, a joué de très bons matchs et est devenu indispensable au fil des mois. Il est le meilleur joueur latéral gauche de la Bundesliga et même du monde entier ! », dit-il en entrevue avec La Presse. Il évoque la grande performance de Davies le 25 février lors de la huitième de finale de la Ligue des Champions contre Chelsea, où il a fait une passe décisive à Robert Lewandowski pour l’emporter 3-0.

Il y a pourtant eu des commentaires moqueurs lors de son transfert. « Il y a eu des doutes, il était inconnu, et disons-le franchement, il n’y a pas beaucoup de très bons joueurs canadiens qui s’illustrent dans les grands clubs européens. Le directeur sportif a eu du flair, et a fait une bonne affaire », affirme Frank Linkesch.

« Davies est un joueur fantastique et ce qui est le plus extraordinaire, c’est que personne ne s’attendait à ça, il a créé la surprise ! », dit Florian Plettenberg, qui se souvient d’un autre Canadien, Owen Hargreaves, né à Calgary (il est aussi de nationalité anglaise), qui a joué entre 2000 et 2007 au Bayern, puis au Manchester United.

Raphael Honigstein, journaliste et spécialiste du soccer pour The Athletic, estime que le parcours de Davies est très inspirant.

On y voit la méritocratie par le sport, par la détermination, le talent. Il a de nombreuses qualités, il est intelligent, il a une vraie maturité, ce qui est assez exceptionnel pour son âge, il prend les bonnes décisions sur le terrain et ses accélérations sont spectaculaires.

Raphael Honigstein, journaliste pour The Athletic

Les journalistes vantent aussi le bon caractère de Davies, et son ouverture d’esprit. « Davies est très positif, il a le soutien des joueurs, des plus jeunes comme des plus expérimentés comme Thomas Müller, Manuel Neuer et Robert Lewandowski. Il est de bonne humeur, il fait le DJ et met de la musique dans le vestiaire, il a fait sa place autant au niveau sportif qu’humainement », remarque Alexis Menuge du journal L’Équipe. « C’est le gars accessible, normal, chaleureux, qui rit de lui-même, il a même déclaré qu’il voulait être comédien après sa carrière de footballeur, le public l’adore parce que Davies pourrait être leur meilleur ami ! », explique Florian Plettenberg, de la chaîne de télévision Sport1.

La valeur de Davies a explosé sur le marché ; d’ailleurs, le Bayern a prolongé son contrat jusqu’en 2025.

« Il va être là, au Bayern, pour les prochaines années, on peut prédire que sa carrière sera immense, c’est un grand joueur », conclut Florian Plettenberg.

PHOTO REUTERS

Alphonso Davies et Joshua Zirkzee

De gros chiffres

Pour donner une idée de ce que représente la Bundesliga, voici quelques chiffres : la Bundesliga, c’est 4 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2018-2019 ; à lui seul, le Bayern Munich, c’est 750,5 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2018-2019. Le stade bavarois, l’Allianz Arena à Munich, où joue le Bayern, accueille, à chaque match à domicile, 80 000 spectateurs.