Frederico Moojen s’est enraciné au Québec après avoir joué avec l’Impact de Montréal en 2007. L’hiver, ce Brésilien de naissance joue pour les Sidekicks de Dallas, de la Major Arena Soccer League, et le reste du temps, il enseigne le foot.

Moojen vient de mettre sur pied la première prep school québécoise consacrée au soccer, à Boisbriand, et organise depuis 2012 des essais destinés à placer de jeunes Québécois dans des universités canadiennes et américaines, le « Camp de repêchage Ribeiro/Moojen ».

Ce camp a été reporté en décembre en raison de la pandémie, mais Frederico Moojen y attend à Montréal un nombre record d’une soixantaine de représentants d’universités, notamment UCLA, Clemson, San Francisco, Portland, Syracuse.

Q. Quand avez-vous pu reprendre les entraînements privés et semi-privés avec vos jeunes ?

R. Depuis plusieurs semaines en privé. Au départ, il fallait garder les distances et on portait des masques. C’était un joueur à la fois. En un sens, ça procurait un avantage à l’élève parce qu’il était seul avec moi. Il recevait plus d’attention.

Q. Est-ce que la pandémie a beaucoup nui à la forme physique des jeunes au cours de cette période de confinement ?

R. Pas vraiment. On peut en regarder les effets négatifs. Mais il y a aussi eu des effets positifs. Les jeunes ont pu profiter de davantage de temps en famille. Ils ont pu prendre une pause du rythme effréné du soccer. Ce n’est évidemment pas idéal d’avoir seulement une ou deux semaines de préparation avant le lancement de la saison, mais ils n’ont pas trop perdu la forme en quelques mois. Je ne le vois pas, du moins. Leur développement à long terme ne sera pas affecté.

Q. Après une absence de plusieurs mois, on travaille sur quoi au départ ?

R. Je fais le parallèle avec un retour au jeu à la suite d’une blessure. Après la réadaptation, on recommence lentement. On fait un peu de course à pied au départ. On augmente un peu la cadence. On commence la pliométrie, l’agilité, puis on est prêt à sauter sur le terrain. La plupart des jeunes faisaient déjà de la course à pied pendant le confinement, alors ça a aidé. Ils pouvaient aussi s’exercer avec un ballon à la maison. Pour un athlète d’élite, deux semaines suffisent à retrouver le niveau maximal.

Q. Auriez-vous des exercices techniques à recommander aux jeunes pour retrouver leur niveau ?

R. Il faut essayer de faire le maximum d’exercices avec le ballon. Si vous n’avez pas accès à un entraîneur, trouvez un parc près de la maison. Dénichez un but et servez-vous de votre imagination. On peut installer des cônes et pratiquer ses dribbles, tirer au but, jongler avec le ballon. Pour les jeunes, il faut faire le maximum d’exercices avec un ballon. Il faut avoir tous les outils pour réussir, être fort autant avec le pied droit qu’avec le pied gauche. Être capable de tirer ou de passer de l’intérieur du pied comme de l’extérieur.

Q. Est-ce qu’on sous-estime l’importance de jongler avec un ballon ?

R. C’est tellement important, pour la coordination, pour l’équilibre, pour la technique. Quand on jongle avec le pied droit, on prend appui sur le gauche. Quand on change de pied, l’équilibre peut être plus difficile à maintenir. C’est primordial aussi pour le contrôle du ballon. Si on est à l’aise avec le ballon, ça va aider pendant les matchs et ça va gonfler la confiance en soi. Tous les jeunes devraient en faire chaque jour.

Q. Pourrait-on assister à un plus grand nombre de blessures ces prochaines semaines ?

R. Je ne crois pas. Si les jeunes ont maintenu la forme pendant le confinement, il n’y aura pas de problème. La plupart des clubs au Québec sont aussi restés en communication avec leurs joueurs via Zoom. Les jeunes n’ont donc pas été laissés à eux-mêmes et ils ont pu continuer à s’entraîner.