Lorsqu’il lui a été demandé de se tourner afin de montrer le maillot floqué à son nom et orné du numéro 2, Victor Wanyama s’est plutôt mis à tapoter le blason de l’Impact sur sa poitrine. Au centre de l’attention, mercredi, lors de sa présentation aux médias, le joueur désigné souhaitait déjà, par ce geste, mettre l’équipe de l’avant.

« Il a montré sa personnalité durant sa présentation. Il a insisté sur l’esprit d’équipe et sur la fierté du maillot qu’il va porter à partir de maintenant », a résumé le directeur sportif Olivier Renard. « En tant qu’équipe, si on obtient de bons résultats, tout le monde est une star. C’est ma manière de penser, ce n’est pas à propos de moi. Je veux me battre avec mes coéquipiers », a renchéri Wanyama.

Il n’empêche que l’étiquette de joueur désigné s’accompagne d’une pression supplémentaire en MLS. Dans un rôle de l’ombre, où l’on retrouve justement peu de joueurs désignés à travers la ligue, son importance se fera sentir par son volume, son nombre de récupérations et sa capacité à bien relancer le jeu. Renard a vanté sa combativité (« fighting spirit ») tandis que le joueur a indiqué qu’il offrirait de la passion sur le terrain.

Luis Binks, défenseur montréalais et ancien partenaire à Tottenham, complète le portrait : « Il peut apporter beaucoup sur le plan physique et il a beaucoup d’expérience. Il est également très bon avec le ballon. À l’entraînement [mercredi], on a pu voir à quel point il était calme. »

Wanyama vient donc offrir une arme supplémentaire en milieu de terrain. Il sera intéressant de voir les implications de cette arrivée sur le schéma de jeu et sur l’utilisation des autres milieux. On pense immédiatement à Samuel Piette.

« Victor ne vient pas comme concurrent de Sam ou des autres joueurs du milieu de terrain. Il vient pour être partenaire, a rectifié Renard. Ils peuvent jouer ensemble ou à trois dans le milieu, mais ça, c’est la soupe du coach, pas la mienne. »

Des négociations rapides

Le dossier Wanyama s’est réglé en deux temps. Pour commencer, l’Impact a dû s’entendre avec le Revolution de la Nouvelle-Angleterre qui possédait le nom du milieu kenyan sur sa liste de découverte. Après avoir versé 150 000 $ en montant d’allocation général, Renard a pu se tourner vers le club de Tottenham et les représentants du joueur. Wanyama s’est alors entretenu avec Renard, Thierry Henry et Binks. On l’a senti particulièrement enthousiaste à l’idée de travailler avec l’ancien attaquant d’Arsenal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Victor Wanyama et Thierry Henry

« Ça a été une décision facile. C’est l’entraîneur parfait pour moi. Il comprend le jeu très bien et, avec la carrière qu’il a eu et tout ce qu’il a accompli, je me suis aussi dit que je pourrais apprendre sous ses ordres. Je suis heureux d’avoir un entraîneur comme lui. »

L’Impact attend de recevoir son permis de travail avant de penser à la suite des choses. Mais Wanyama, qui a quitté la Premier League en pleine saison, est prêt malgré un temps de jeu anémique en 2019-2020 (quatre matchs toutes compétitions confondues).

« Je n’ai pas joué depuis un certain temps, mais je me suis entraîné fort, a-t-il souligné. Je suis prêt physiquement, mais je laisse la décision [de m’utiliser] à l’entraîneur. C’est son travail. Le mien est de travailler fort et de l’impressionner. »

Freiné par les blessures

Âgé de 28 ans seulement, Wanyama évoluait dans les championnats européens depuis la saison 2008-2009. Après un passage par la Belgique, puis par l’Écosse, il a rejoint la Premier League en 2013-2014 en prenant le chemin de Southampton. Trois saisons plus tard, il a de nouveau passé un cap en s’engageant avec Tottenham. Son bel élan, après une belle première campagne, a cependant été freiné en raison de blessures. Au total, entre 2017 et 2019, il a manqué 232 jours, soit l’équivalent de 47 matchs, à cause de problèmes aux genoux. Ce n’est plus un problème aujourd’hui, a-t-il tenu à préciser.

« Si on passe un scanner maintenant, on va tous avoir quelque chose. C’est vrai qu’il a eu des blessures dans sa carrière, mais on a un staff médical qui a vérifié tout ce qu’il y avait à vérifier. On est confiant et lui aussi », a indiqué Renard.

Wanyama est arrivé à Montréal dans le cadre d’un transfert libre. Tottenham obtiendra cependant un pourcentage dans le cas d’une revente du joueur. L’été dernier, il s’écrivait que Club Brugge, qui disputait la Ligue Europa, était prêt à offrir 22 millions. Cet hiver, des équipes françaises et espagnoles sont aussi venues aux renseignements. Attiré par la croissance de la MLS, il a plutôt choisi l’Impact et Henry pour se relancer.