« Dans ce groupe, il manque de personnalité. »

La remarque vient du directeur sportif de l’Impact, Olivier Renard, qui a ouvert le bal lors du bilan de fin d’année de son club, vendredi.

Commentant le virage jeunesse et nord-américain pris par l’organisation ces dernières semaines, il a lui-même abordé la question du leadership.

« Encore des jeunes, ou un peu plus vieux ? a-t-il lancé, à propos des prochains ajouts à l’effectif. Ça va dépendre des profils. Mais ce dont j’ai besoin, c’est de personnalité sur le terrain. Un joueur de 22, 23 ans peut avoir énormément de personnalité et un autre de 32, 33 ans, en avoir très peu. Donc, expérience ne veut pas dire personnalité. Quand on parle de leaders, ça n’a rien à voir avec l’âge. »

PHOTO ADAM HUNGER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Thierry Henry, entraîneur-chef de l’Impact

Invité plus tard à commenter les propos de son directeur sportif, le coach Thierry Henry a eu ces réflexions.

« La personnalité se crée. Il y en a qui l’ont à la base. Et il y en a qui deviennent des personnalités. Je pense que Sam [Samuel Piette], par exemple, a grandi cette année dans ce registre. Il parle un peu plus à l’entraînement. Il n’a pas peur d’affronter les joueurs, de dire ce qu’il a à dire. Victor [Wanyama] a énormément apporté aussi là-dessus, a relaté Henry. Oui, quelque part, Olivier a raison. Mais nous, on travaille avec le staff pour ça. »

« Beaucoup trop » d’erreurs individuelles

D’où proviendront-elles, ces prochaines acquisitions ? Et quelles brèches cherchera-t-on à colmater ?

Les places internationales disponibles seront pourvues, affirme Renard. Quant au type de joueur…

« Je sais que tout le monde attend un grand buteur ou des joueurs offensifs. Mais quand on regarde les statistiques de cette année, le problème du club n’était pas forcément offensivement », a-t-il fait remarquer.

L’Impact a terminé la saison à égalité au 5rang, parmi les 14 formations dans l’Est, pour les buts marqués, avec 33. Mais dernier pour les filets encaissés (43).

Thierry Henry a d’ailleurs souligné que son club avait « pris pas mal de buts sur erreurs individuelles ». « Beaucoup trop. »

« Oui, il y a des recherches par rapport à des positions spécifiques. Mais le but, c’est qu’en général, l’osmose totale de l’équipe soit meilleure », a ajouté le directeur sportif.

Nous avons identifié des joueurs et j’espère que dans les prochains jours et semaines, ça pourra se concrétiser. Normalement, on est partis pour trois, quatre joueurs dans les prochaines semaines. Est-ce qu’il y en aura un gros là-dedans ? Je ne peux pas vous répondre à l’heure actuelle.

Olivier Renard, directeur sportif de l’Impact

Peu de précisions sur ce que pourraient être ces prochaines prises, donc. Il y a toutefois une certitude sur ce qu’elles ne seront pas.

« Des joueurs qui ne sont pas en fin de carrière », a-t-il précisé.

Le cas Bojan

Si vous caressez toujours ce mince espoir de revoir Bojan dans l’uniforme bleu-blanc-noir, Olivier Renard risque de vous refroidir grandement.

« L’offre est dans ses mails. Je n’ai toujours pas eu de réponse. Très sincèrement, je ne pense pas que Bojan va revenir chez nous pour la saison prochaine. »

PHOTO VINCENT CARCHIETTA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Bojan Krkić

Cette aventure n’aurait donc duré qu’un peu plus d’un an.

Renard aurait aimé que l’Espagnol se rende disponible contre le CD Olimpia, mardi. Et il a fait d’une pierre deux coups en soulignant, à l’inverse, la présence d’Anthony Jackson-Hamel, qui a disputé son dernier match avec Montréal.

« Je comprends que quand on n’a pas de contrat de 2021, c’est risqué de se blesser. Mais quelle est la différence entre jouer contre Olimpia et avoir joué contre New England trois semaines avant ? [Bojan] savait déjà à ce moment-là que son option n’était pas levée », a demandé le directeur sportif.

« Mais ce n’est pas une critique de ma part, il est assez adulte et mature pour prendre ses décisions. En disant ça, je veux plutôt remercier Jackson. Il y a eu beaucoup de critiques à propos de son professionnalisme. Mais très honnêtement, je n’ai rien eu à lui reprocher depuis mon arrivée ici. »

Olivier Renard aurait aimé que d’autres joueurs suivent l’exemple d’AJH et se présentent sur le terrain à Orlando cette semaine. Ou, du moins, qu’ils accompagnent le club, quitte à demander de ne pas jouer.

« J’ai appris et souffert avec eux »

On l’a dit et écrit des milliers de fois, 2020 a été pénible pour l’équipe. À propos du passage vers cette nouvelle saison qui arrive à grands pas, l’entraîneur Thierry Henry a dit ceci. Sourire en coin.

Déjà, j’espère que ça ne va pas être pire… Est-ce qu’on est satisfaits de la saison ? Non. Mais au moins, on peut garder la tête haute. Pas mal de choses ont été contre nous. Et on a essayé de faire front chaque fois, de ne pas baisser les bras.

Thierry Henry, entraîneur-chef de l’Impact

Il espère bien ne pas revivre toutes ces « coupures » – longs déplacements et quarantaines – et jouer les matchs à la maison.

Puis, il a eu de bons mots, à différents égards, pour Sejdič, Piette, Binks, Brault-Guillard, Diop, Quioto. Et résumé ainsi, en compagnie de son groupe, cette année qui aura marqué l’histoire du sport professionnel.

« J’ai appris et souffert avec eux. »

Quioto et Binks au tableau d’honneur

Romell Quioto a été nommé joueur de l’année chez l’Impact. Ce n’est pas une surprise. L’attaquant hondurien a été le meilleur de l’équipe lors de la saison régulière de la MLS avec huit buts, dont deux buts gagnants, et six passes décisives en 19 matchs, dont 17 titularisations. Ses huit buts marqués sont un sommet personnel pour lui dans une saison MLS. « On m’avait parlé de Romell en tant que joueur difficile à gérer. Je n’ai vraiment pas vu ça. J’aime les joueurs avec du caractère. C’est toujours plus facile d’essayer d’arrêter un joueur au niveau du caractère que d’essayer d’en donner », a commenté son coach, Thierry Henry, lors du bilan de fin d’année. Le défenseur anglais Luis Binks a quant à lui été nommé joueur défensif du club cette saison. Il a disputé 21 matchs de saison régulière, dont 20 titularisations. Il a par ailleurs été classé au 11rang de la liste des 22 meilleurs joueurs de moins de 22 ans de la MLS.

L’entrée en scène du Montréal FC ?

Radio-Canada avait dévoilé récemment que l’Impact changerait de nom pour Montréal FC l’an prochain. Jamais la direction du club n’avait réagi officiellement. Elle l’a fait vendredi après-midi. Par ce très court communiqué. « Maintenant que la saison 2020 est terminée dans toutes les compétitions, le club tient à confirmer qu’il y aura un important changement identitaire qui sera dévoilé en 2021. Nous vous invitons à suivre nos plateformes pour en savoir davantage. »

Ils ont dit

Samuel Piette

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Samuel Piette (à droite), lors d’un match contre les Whitecaps de Vancouver, en septembre

« Mon rêve serait d’avoir une équipe complètement canadienne, voire québécoise, qui représente Montréal. Pourquoi pas ? J’aime la direction où on s’en va. Une équipe jeune, des joueurs nord-américains. Au bout du compte, c’est ce qu’on veut. Des joueurs qui se battent pour leur maillot, et je pense que c’est ce que sont en train de faire Olivier Renard et son équipe. La seule chose que je n’aime pas, c’est que je commence à être un des plus vieux de l’équipe ! »

Romell Quioto

PHOTO VINCENT CARCHIETTA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Romell Quioto (à droite), lors d’un match contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, en octobre

« Je suis satisfait de ma saison, je considère que c’est la meilleure saison de ma carrière. Et satisfait d’avoir pu aider l’équipe aussi, c’est le plus important. Le fait de ne pas avoir pu jouer au stade Saputo très souvent avec des supporters, de ne pas avoir pu sentir l’appui des fans comme on le sent habituellement, ça a été très particulier. Mais malgré tout, j’ai senti l’amour et le respect du public et ça m’a aidé à traverser cette année très difficile. »

Luis Binks

PHOTO VINCENT CARCHIETTA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Luis Binks (à droite), lors d’un match contre le Nashville SC, en octobre

« Je n’en ai jamais fait un secret, mon but est de jouer en Europe un jour. En espérant que le Bologne FC m’en donne la chance éventuellement. Mais je dois couper des erreurs de mon jeu pour arriver au prochain niveau. Je sais ce que j’ai à faire. Je ne suis pas assez naïf pour dire que j’y suis. Sachant ce que je dois faire, je peux m’y appliquer correctement dans les entraînements et les matchs. »

Jukka Raitala

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Jukka Raitala (à gauche), lors d’un match contre le Toronto FC, en septembre

« Le club ne m’a pas montré de signes qu’il voulait me garder. C’est parfois comme ça que ça se passe. Je suis professionnel depuis 12, 13 ans, je le sais. Nous avons passé du bon temps à Montréal ma famille et moi. J’aurais aimé rester, mais je dois maintenant regarder devant et me concentrer sur mon avenir. »