(Moscou) Six joueurs testés positifs au coronavirus, un club entier placé en quarantaine et toute l’équité du championnat russe de football se retrouve menacée alors qu’un calendrier serré attend les équipes dès la reprise, prévue vendredi.

Jouera, jouera pas ? Depuis que le FK Rostov a révélé mercredi que plusieurs joueurs-clés avaient contracté le coronavirus, poussant le personnel technique et l’équipe première à se placer en quarantaine, la question agite le football russe.

L’équipe aurait dû se déplacer à Sotchi vendredi pour la reprise du championnat russe après trois mois d’interruption due au coronavirus. Une rencontre cruciale pour le club jaune et bleu : 4e avec 38 points, un miracle au vu de ses problèmes financiers récurrents, Rostov espère encore décrocher une place lucrative en Ligue des champions en terminant sur le podium du championnat.

Mais début juin, le président de la Première Ligue russe, Sergueï Priadkine, avait été très clair : si un club devait être confronté à des contaminations, il serait déclaré perdant du match. Aucun match ne serait reporté à cause du coronavirus.

À ses yeux, le calendrier serré justifie cette intransigeance. Le championnat de Russie-troisième pays le plus touché au monde par le coronavirus –avec près de 500 000 tests positifs et toujours autour de 7500 nouveaux cas quotidiens– est un des derniers à reprendre parmi ceux n’ayant pas été annulés.

Faire jouer l’équipe B ?

En cinq semaines jusqu’au 22 juillet, nouvelle date de fin de la saison, huit journées de championnat doivent avoir lieu. Puis les clubs auront une quinzaine de jours de pause avant le début de la saison 2020-2021, programmé le 10 août.

Les suiveurs font leurs comptes : la quarantaine, en réalité une « quatorzaine », pourrait contraindre le FK Rostov à déclarer forfait pour trois matchs : contre Sotchi (12e, 24 pts) vendredi et l’Arsenal Toula (7e, 28 pts) le 27 juin, deux adversaires abordables, puis contre Krasnodar (3e, 41 pts), un concurrent direct, le 1er juillet. Autrement dit, Rostov verrait s’envoler ses rêves de C1.

Reste une autre option pour Rostov : faire jouer l’équipe B ou ses jeunes, ces derniers étant plus proches du niveau professionnel. Problème, selon les médias russes : la veille du dépistage positif au coronavirus, le club a organisé un match amical entre les professionnels et son équipe junior, qui serait donc elle aussi contrainte à une quarantaine.  

Rostov n’a pas confirmé que ses jeunes étaient eux aussi à l’isolement. Jeudi, le club n’avait en tout cas toujours pas annoncé sa décision.

Le secrétaire général de la Fédération russe de football (RFS), Alexandre Alaïev, a entrouvert une porte et évoqué un possible report du match au 19 juillet, date des demi-finales de la coupe de Russie.

Une annulation exclue

« C’est la seule date possible », a-t-il déclaré durant une conférence de presse, tout en critiquant la direction de Rostov pour avoir été trop laxiste avec ses joueurs et les avoir laissés « en liberté ».

« Cela ne peut se faire qu’avec l’accord des deux clubs », a-t-il toutefois précisé au sujet du report. Et Sotchi, à la lutte pour ne pas descendre en seconde division, a annoncé dans un communiqué exclure tout report de match et toujours attendre Rostov dans son stade, vendredi.

Alexandre Alaïev a également dit espérer que Rostov puisse mettre un terme précoce à sa quarantaine, ce qui lui permettrait d’affronter Toula et Krasnodar à la date prévue.

Les dirigeants du football russe ont en revanche exclu toute annulation du championnat, convaincus que la reprise était « la bonne décision ». Si plusieurs clubs avaient été touchés en mai par le coronavirus, notamment le Lokomotiv Moscou, aucun à part Rostov n’a déclaré de nouveau cas ces deux dernières semaines.

Pour la deuxième année consécutive, le titre ne devrait pas échapper au Zénit Saint-Pétersbourg, largement en tête avec neuf points d’avance sur ses poursuivants, Krasnodar et le Lokomotiv Moscou. Le club de Saint-Pétersbourg, porté par un Malcom retrouvé, peut même espérer un doublé Coupe-Championnat inédit depuis 2010.