(Montréal) Comme ses coéquipiers de l’Impact de Montréal, Shamit Shome ne sait pas ce que l’avenir à court terme lui réserve en raison de la pause des activités de la MLS causée par la pandémie de coronavirus. Ces deux derniers mois lui ont toutefois permis de compléter un projet qui, aujourd’hui, lui laisse entrevoir l’avenir à plus long terme avec optimisme.

La semaine dernière, sur son compte Twitter, Shome a fièrement annoncé qu’il avait obtenu son diplôme en génie électrique de l’Université Concordia. Ce fut l’aboutissement d’une démarche académique amorcée en 2015 à l’Université de l’Alberta, dans sa ville natale d’Edmonton, qu’il a complétée au Québec pendant les quatre années suivantes tout en jetant les bases de sa carrière de joueur de soccer professionnel.

PHOTO GRAHAM HUGHES, PRESSE CANADIENNE

Shamit Shome (28), de l'Impact, poursuivi par Luis Caicedo (27), du Revolution de la Nouvelle-Angleterre, lors d'un match à Montréal le 18 mai 2019.

« Ç’a été difficile à finir, a affirmé le milieu de terrain de 22 ans lors d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. En fin de compte, je l’ai fait et je suis fier de l’avoir complété. Maintenant, j’ai un diplôme sur lequel je pourrai m’appuyer lorsque j’aurai 35 ou 40 ans et que je prendrai ma retraite du soccer. »

Pendant les cinq dernières années, la vie de Shome a été centrée autour de deux thèmes majeurs : le soccer et ses cours.

« Une journée normale pouvait commencer le matin avec une séance d’entraînement de 9 h à midi, puis vers 13 h, je prenais la direction de l’université et je pouvais passer trois heures en classe. Au besoin, je restais à l’université après les classes. C’était pas mal toujours comme ça, cinq jours par semaine. Avec le temps, j’ai réussi à établir une discipline dans ma façon d’organiser mes journées », relate Shome, qui profitait des déplacements de l’Impact en avion pour faire du rattrapage scolaire.

Certaines journées ont été plus ardues que d’autres, reconnaît-il. Mais l’objectif ultime a toujours eu préséance.

« Ça n’était pas facile à gérer, car après les entraînements, vous êtes fatigué, vous sentez que vous avez moins d’énergie, renchérit-il. Vous voulez rentrer à la maison, faire une sieste, et parfois, vous n’avez pas envie d’aller à l’école. Mais vous vous poussez à y aller, parce que vous avez besoin de garder le cap et de demeurer à jour. »

Le fait de quitter son coin de pays, ses proches et de s’établir dans un nouvel environnement géographique lui a peut-être été salutaire, laisse-t-il sous-entendre.

« Me retrouver seul, loin de mes amis et de ma famille, a fait en sorte que je consacrais tout mon temps au soccer et à mes cours. C’est pourquoi j’ai été capable d’exceller dans les deux, parce que je n’avais que deux préoccupations. Je n’avais pas une vie sociale très active, parce que j’arrivais dans une nouvelle ville. J’étais seul, et je connaissais très peu de personnes. »

Important

Né d’un père lui-même ingénieur civil, et avec une sœur qui travaille comme médecin à Edmonton, il est facile d’imaginer que la réussite scolaire est une priorité au sein de la famille Shome.

« C’est très important pour moi, et c’est très important pour ma famille. Lorsque j’étais jeune, mes parents m’ont élevé en insistant sur l’importance de l’éducation. C’est quelque chose qui a déteint sur moi et la belle chose dans tout ça, c’est que j’aimais ça. Ce ne sont pas mes parents qui m’ont forcé à aller chercher un diplôme. C’est ce que je voulais, aussi », confie-t-il.

« Lorsque j’ai décidé de quitter Edmonton pour venir à Montréal, je me suis engagé auprès de mes parents à compléter mes études, ajoute Shome. Je savais que le processus serait long, mais j’espérais pouvoir le terminer d’ici 2020. Tout s’est déroulé à l’intérieur de l’échéancier, ce qui est très bien. »

Quant à la décision d’aller en génie électrique, elle correspondait à ses goûts lors de ses années scolaires antérieures.

« Quand j’étais jeune, j’aimais les mathématiques, les sciences et la physique. C’étaient des matières où j’avais l’impression d’être bon. Je suppose que le choix le plus évident était l’ingénierie. Aussi, j’ai beaucoup d’admiration pour mon père, et je voulais suivre ses traces en ce qui a trait à ce que j’allais étudier à l’école. »

Maintenant que ses escales à l’université sont terminées, Shome peut orienter son énergie vers l’Impact et la MLS… si seulement la ligue peut relancer ses activités.

Il avoue que le soccer lui manque et ne cache pas sa hâte de retourner sur le terrain, surtout après avoir vu la Bundesliga, en Allemagne, reprendre le collier au cours du week-end.

« Je ne dirais pas que je suis anxieux. Mais ce qui se passe dans le monde est hors de notre contrôle. Il n’y a rien que nous puissions y faire. Il ne reste qu’à demeurer positif et, en tant que joueur, à continuer à travailler pour demeurer en forme et motivé afin d’être prêt pour le jour où nous allons recommencer à jouer. »

Shome garde espoir que la MLS délivre une saison complète de 34 parties, mais il réalise que le temps commence à manquer. Il souhaite, par ailleurs, que le Championnat canadien ne soit pas sacrifié à cause d’un calendrier de la MLS qui pourrait devenir trop condensé.

« Tellement de choses peuvent se produire, mais ce serait triste de rater le Championnat canadien. Le seul point positif, je suppose, c’est que nous serions les champions en titre pendant deux ans », a-t-il évoqué.