(San José) Si Thierry Henry était un spécialiste des manœuvres à l’emporte-pièce durant sa glorieuse carrière de joueur de soccer, ça ne semble pas son genre lorsqu’il s’installe derrière un micro. En fait, tout semble bien mesuré, bien dosé et jamais improvisé.

Lors de sa première rencontre avec les médias depuis l’arrivée de l’Impact de Montréal au Costa Rica, le nouvel entraîneur-chef n’a rien dit de bien flamboyant en prévision du match des huitièmes de finale du tournoi de la Ligue des Champions de la Concacaf, qui aura lieu mercredi soir, contre le Deportivo Saprissa.

La prudence était de mise lorsqu’il parlait de sa troupe et il s’est exprimé avec respect au sujet de ses adversaires et de son passé, sans pour autant employer un ton dithyrambique, peu importe s’il répondait aux questions des journalistes en français, en anglais ou en espagnol.

Et un peu comme l’avait noté le milieu de terrain Samuel Piette lundi, Henry a soulevé le fait que le Deportiva Saprissa se présentera devant ses partisans avec plusieurs matchs au compteur, puisque le calendrier de la Première ligue du Costa Rica est déjà en marche.

« On arrive ici avec une envie et c’est d’être prêt physiquement. Vous savez que cette équipe a déjà joué neuf matchs dans son championnat. Ce n’est pas évident pour nous, mais c’est un truc qu’il va falloir gérer », a fait remarquer Henry, qui a rencontré les journalistes environ 30 minutes avant de diriger une séance d’entraînement dont seulement les 15 premières minutes étaient accessibles aux médias.

« Ça va être un match difficile contre une équipe qui a déjà gagné cette compétition trois fois, a-t-il ajouté. Ils sont à la maison, plus prêts physiquement que nous. Il va falloir essayer de trouver une solution pour essayer de ramener quelque chose à la maison pour le match retour. »

Invité à livrer un survol du camp d’entraînement qui s’est terminé samedi, Henry a expliqué qu’il avait consacré beaucoup de temps sur les éléments tactiques, une étape normale pour tout entraîneur-chef qui s’installe à la tête d’une nouvelle équipe.

Par ailleurs, l’Impact n’est pas sorti indemne de ce camp. Saphir Taïder et Clément Bayiha ont été victimes de blessures mercredi dernier face à Nashville. Rien n’a été confirmé, mais il se pourrait quand même qu’ils soient tous deux en mesure de jouer mercredi soir.

PHOTO EZEQUIEL BECERRA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les joueurs de l’Impact se pratique avant le match des huitièmes de finale du tournoi de la Ligue des Champions de la Concacaf.

« Saphir va vouloir s’entraîner aujourd’hui. On verra comment il sera demain. Il y a encore deux ou trois mecs qui ont des trucs qu’on va devoir gérer. Il reste encore une soirée pour pouvoir prendre des décisions, mais ils sont là pour l’instant », s’est limité à dire Henry.

Une question de moments

Maintenant un ton prudent et pondérant les attentes vis-à-vis son équipe, Henry veut voir sa troupe batailler et être compétitive, surtout lors des moments cruciaux de l’affrontement.

« Je parle souvent de ça parce qu’il y a des moments où il va falloir défendre bas et il y a des moments où j’espère qu’on aura le ballon et les faire défendre bas aussi. Les équipes qui s’en sortent en général dans les matchs de ce niveau, ce sont les équipes qui gèrent ces moments-là, qui les gèrent le mieux. Ceux qui ne concèdent pas de buts dans les moments faibles qu’ils ont et qui arrivent à marquer dans les moments forts », a-t-il déclaré.

« Je sais que c’est assez logique, mais quand vous regardez un match, de temps en temps l’équipe qui domine n’arrive pas à marquer, et l’autre équipe a juste une action et la met au fond. Ce n’est pas le nombre de minutes ou le nombre de fois que tu as le ballon, et que tu as le ballon aussi dans la surface de l’équipe adverse. C’est aussi quand tu y rentres, il faut essayer d’être performant et quand ils entrent dans la tienne, il faut espérer qu’ils ne soient pas performants. Je sais que c’est facile à dire, maintenant il ne reste plus qu’à le faire. »

Éviter le Mexique

Du côté du Saprissa, l’entraîneur-chef Walter Centeno a tenu à afficher son respect envers l’Impact dans un contexte où les partisans de l’équipe semblent particulièrement heureux de ne pas voir une formation du Mexique en première ronde.

En 2018, face au Club América, et l’an dernier, contre le Tigres de l’UANL, la formation costaricienne a été éliminée chaque fois au premier tour par des scores cumulatifs de 6-2 et 5-2, respectivement. En 2017, le Saprissa s’était incliné 4-0 contre le Pachuca en quarts de finale.

« Montréal est une équipe qui a déjà connu du succès en Ligue des Champions, ils ont une personnalité imposante au poste d’entraîneur-chef et nous devons les respecter », a déclaré Centeno.

Par ailleurs, l’aspect intrigant du match de mercredi viendra de la section Sud du stade Ricardo Saprissa, habituellement réservée à la Ultra Morada, un groupe de partisans assez énergiques. Or, il semble que ses membres ont été bannis du stade pour la durée du tournoi, à la suite de gestes de violence survenus lors d’un match joué le 9 février dernier contre l’Alajuelense.

Selon des informations qui circulaient mardi, la section sera occupée par des jeunes joueurs de soccer de la région, accompagnés de parents, et par une fanfare, pour maintenir une ambiance aussi bruyante que possible dans le stade d’environ 23 000 places.