(Rome) Déjà victime par le passé d’incidents racistes en Italie et en France, Mario Balotelli a de nouveau été la cible de cris de singe dimanche à Vérone, où il a été tout proche de quitter définitivement le terrain.

L’incident a eu lieu peu avant la 60e minute du match. Après une action sur le côté gauche, l’attaquant de Brescia a pris le ballon en mains et l’a violemment expédié en direction des supporters du Hellas Vérone.

Furieux, il a montré par des gestes qu’il avait entendu quelque chose. Il est alors sorti des limites du terrain et a commencé à marcher derrière le but véronais, comme s’il souhaitait abandonner le match.

Il a ensuite été entouré par ses coéquipiers mais aussi par de très nombreux joueurs de Vérone, qui ont tenté de le calmer et l’ont enlacé.

Le match a été interrompu quelques minutes avant qu’un message soit lu par le speaker du stade, indiquant que les joueurs rentreraient aux vestiaires en cas de nouvel incident du même genre.

Ce message a été sifflé par une grande partie des spectateurs, mais le match a repris, Balotelli restant sur le terrain.  L’ancien attaquant de Marseille a même marqué un but superbe en fin de match, ramenant le score de 2-0 à 2-1.

Dans la soirée, une vidéo prise depuis les tribunes du stade Bentegodi a commencé à circuler sur les réseaux sociaux. On y entend clairement plusieurs supporters faire des cris de singe en direction de Balotelli.

Le joueur a ensuite posté un message sur son compte Instagram, dans lequel il remercie ses « collègues sur le terrain et les autres pour la solidarité » exprimée envers lui, ainsi que les tifosi pour leurs messages. « Merci de tout cœur. Vous avez montré que vous étiez de vrais hommes, pas comme ceux qui nient l’évidence », a-t-il écrit.

Soutien de l’OM

Selon la Gazzetta dello Sport, le joueur, déjà concerné par des incidents racistes quand il jouait à l’AC Milan ou à Nice, avait auparavant quitté le stade sans s’exprimer.

« Je n’ai pas encore parlé avec Mario. Il a dit avoir entendu quelque chose. Il a été courageux, il a été touché au plan émotif mais il a continué à jouer malgré la difficulté », a simplement déclaré son entraîneur Eugenio Corini.

Son agent Mino Raiola lui a également apporté son soutien dans une réaction transmise à l’AFP puis publiée sur les réseaux sociaux : « Nous sommes avec Mario et nous sommes contre toutes les formes de racisme. Les racistes sont des ignorants ».

L’Olympique de Marseille, où Balotelli a joué la saison dernière a également publié un tweet : « Pas de place pour le racisme. Soutien à Mario Balotelli ».

« Public chambreur »

Interrogé par la chaîne Sky après le match, l’entraîneur croate du Hellas, Ivan Juric, a pour sa part assuré qu’il ne s’était « rien passé ».

« Je n’ai pas peur de le dire, aujourd’hui il ne s’est rien passé. Aucun cri raciste, rien de rien. Juste du chambrage, des sifflets, de la provocation envers un grand joueur, c’est tout », a-t-il dit.

Son président Maurizio Setti a été dans le même sens. « Nous sommes un club dont le public a dans son ADN le vrai sport. Nous avons beaucoup de joueurs de couleur. Notre public est chambreur, pas raciste. Cela prend toujours plus d’ampleur quand c’est Balotelli. Si ça avait été un autre, le jeu aurait repris rapidement », a-t-il dit.

Même le maire de Vérone Federico Sboarina, présent au stade, a assuré qu’il n’avait « rien entendu » et a mis en cause Balotelli.

« Ce qu’a fait Balotelli est inexplicable. Sans aucune raison, il a cloué au pilori médiatique un public et une ville. Je condamne toute forme de racisme […] mais je suis tout aussi ferme contre ceux qui construisent à partir de rien une fausse image de Vérone et des Véronais. C’est inacceptable », a-t-il dit, cité par l’agence Ansa.

Le phénomène des cris de singe est récurrent dans les stades italiens et, cette saison, le Belge de l’Inter Milan Romelu Lukaku, l’Ivoirien de l’AC Milan Franck Kessié, le Brésilien de la Fiorentina Dalbert ou l’Anglais de la Sampdoria Gênes Ronaldo Vieira en ont déjà été victimes.

Les sanctions sont le plus souvent inexistantes ou dérisoires mais les instances du football italien et plusieurs clubs se sont récemment engagés à une « tolérance zéro » en ce domaine.