Champions canadiens en titre, les Carabins de l’Université de Montréal sont encore parmi les favoris cette saison au soccer masculin. L’entraîneur-chef Pat Raimondo peut miser sur le même groupe de base.

« Nous avons encore une belle équipe, a-t-il raconté cette semaine en entrevue. Les gars ont du plaisir, ils aiment courir et ont montré de belles choses depuis le début de l’année. Et on ne joue pas pour défendre notre titre de l’an dernier. Ce championnat canadien, il est à nous, personne ne pourra nous l’enlever. Cette année, c’est une nouvelle aventure. »

À sa 26e saison au soccer universitaire, Raimondo trouve beaucoup de satisfaction à travailler avec une formation comme les Carabins. « L’année dernière, nous avions 12 nationalités dans le vestiaire et c’est à peu près la même chose cette année, souligne-t-il. C’est une grande richesse, parce que les façons de penser sont très différentes. »

Au début, je croyais qu’il fallait utiliser la même approche avec tous les joueurs, que ce serait plus simple de cette façon, mais j’ai vite réalisé que ça rendait au contraire les choses plus compliquées. Il faut garder l’esprit ouvert et amener les jeunes à aussi avoir un esprit ouvert entre eux.

Pat Raimondo, entraîneur-chef de l'équipe de soccer des Carabins

« En voyage, parfois, j’écoute discrètement les discussions derrière moi et je suis toujours impressionné de voir ce qui attire les joueurs, ce qui les intéresse. Ça reste des jeunes bien de leur âge et on est tous passés par là, mais c’est impressionnant de les entendre discuter de choses plus sérieuses. Ce sont vraiment des jeunes hommes de qualité. »

Garder l’œil ouvert

Contrairement au hockey ou au football, où les joueurs sont recrutés une ou deux années avant leur arrivée à l’université, la formation d’une équipe de soccer universitaire est généralement plus aléatoire.

« Je suis impliqué dans la structure du soccer au Québec et au Canada depuis longtemps et je sais pertinemment que tous les meilleurs Québécois ne sont pas à l’Académie de Montréal, que tous les meilleurs Canadiens ne sont pas avec l’équipe nationale ou au Centre national, explique Pat Raimondo. Il y a une grande faiblesse dans nos structures et je garde toujours l’œil ouvert, car tous les meilleurs ne sont réunis nulle part. Je sais qu’il y a de bons joueurs à l’extérieur de réseaux habituels. »

« Et avec 30 % ou 40 % d’étudiants internationaux, il y a de bons joueurs étrangers qui arrivent chaque année à l’Université de Montréal. Nous organisons des séances d’entraînement ouvertes à tous et, chaque année, une centaine de joueurs se présentent.
Il y a bien sûr un peu n’importe quoi. »

PHOTO JAMES HAJJAR, COLLABORATION SPÉCIALE

À sa 26e saison au soccer universitaire, Pat Raimondo trouve beaucoup de satisfaction à travailler avec une formation comme les Carabins.

Certains étrangers débarquent ici en pensant que le Canada est un pays de hockey et qu’on ne connaît rien au soccer. Ça tourne vite au désastre !

Pat Raimondo

« D’autres, par contre, ont vraiment joué à un bon niveau dans leur pays et ils méritent une chance. Nous n’avons déniché aucun joueur cette année dans ces essais, mais trois joueurs de l’équipe actuelle sont passés par là, dont Guy [Guy-Frank Essomé-Penda], qui a marqué les buts gagnants dans nos quatre premiers matchs cette saison et qui était un “walk-on” à sa première saison. »

Originaire de Russie, l’étudiant en génie informatique avait tenté sa chance il y a trois ans : « On ne le connaissait pas, il n’était pas sur les listes de recrutement. Mais quel joueur, un véritable “mad truck”. Il est grand, solide, courageux, n’a peur de rien. Et c’est aussi un excellent étudiant à l’École polytechnique. »

Créer un esprit

Avec les années, Raimondo prend de plus en plus conscience de l’impact que lui et ses adjoints peuvent avoir sur leurs joueurs. « Nous avons un rôle très important à une étape de la vie de ses jeunes hommes où ils sont en transition vers la maturité adulte. On peut vraiment les marquer. À la fin de la journée, à la fin de la saison, mon but n’est pas de gagner des matchs ou des titres, mais bien d’inspirer mes joueurs à devenir meilleurs pour les prochaines étapes de leur vie. Avec certains, c’est facile, avec d’autres, c’est plus compliqué… Il faut parfois de longues discussions, mais c’est toujours intéressant. »

L’entraîneur insiste beaucoup sur la solidarité que doivent développer ses joueurs. « Le plus important, selon moi, c’est de former une véritable équipe avec tous ses coéquipiers. Dans 30 ans, dans 40 ans, quand ils vont se revoir, les médailles vont être oubliées ou perdues, les détails des victoires et des défaites ne seront plus clairs. C’est leur camaraderie qui les réunira, comme sur le terrain aujourd’hui. »

« Les joueurs de l’équipe de 2001 des Carabins, par exemple, sont restés particulièrement proches les uns des autres. Chaque année, ils louent un grand chalet pour un week-end et s’y retrouvent avec leurs conjointes, leurs enfants. »

Pour moi, c’est très satisfaisant, car c’est ce qui compte le plus dans leur cheminement d’étudiants-athlètes.

Pat Raimondo

Raimondo a amorcé sa carrière universitaire à McGill, en 1994. « Je venais du soccer civil, j’avais travaillé avec l’équipe du Québec. Quand je me suis présenté, l’un de mes adjoints, Salim Brahimi, m’a tout de suite mis en garde : il y avait une façon de faire les choses à McGill, la “Redmen Way”, et j’allais devoir la respecter. Ça n’a rien à voir avec le nom, le logo ou l’uniforme, c’est un esprit qui doit animer les joueurs sur le terrain, mais aussi plus tard dans la vie. »

« De la même façon, je pense que nous avons réussi à créer un “esprit Carabins” autour de cette équipe de soccer. On n’est pas éternel, je ne serai pas toujours ici, mais j’aime penser que ça va rester après moi. »

« Quand je vois nos anciens autour de notre équipe, quand je les présente aux joueurs, je réalise à quel point c’est une richesse, ça aussi. On ne doit pas rester attaché au passé, mais c’est important de savoir que d’autres sont passés avant nous, d’être reconnaissant pour ce qu’ils ont fait. »

Football : Laval veut relancer la machine

Battu par les Carabins samedi dernier au Cepsum, le Rouge et Or de l’Université Laval a non seulement cédé le premier rang du classement provincial, mais aussi celui du top 10 national. Le quart Samuel Chénard a connu une journée difficile devant la très forte défense des Carabins, et celle de McGill, les adversaires du Rouge et Or dimanche, n’est pas vilaine non plus. Difficile quand même de ne pas penser que Laval va profiter de l’occasion pour relancer la machine.

Dans l’autre match, samedi, les Stingers de Concordia tenteront de remporter un premier match cette saison lorsqu’ils recevront le Vert & Or de Sherbrooke. Ce dernier s’est imposé de justesse la semaine dernière contre McGill et aura une belle occasion de prendre une option sur une place en séries.

Samedi : 
Sherbrooke à Concordia, 13h, Stade de Concordia

Dimanche : 
McGill à Laval, 13h, Stade Telus du PEPS

TOP 10 : Western au sommet

Les Mustangs de Western ont profité de la défaite du Rouge et Or de Laval, samedi dernier, pour les devancer au sommet du classement national. Les finalistes de la Coupe Vanier ont récolté 10 des 16 votes de première place, les autres allant aux Carabins de l’Université de Montréal, maintenant deuxièmes du classement.

1. Western (4-0), 473 pts
2. Montréal (4-0), 449 pts
3. Laval (2-1), 416 pts
4. Calgary (3-0), 374 pts
5. Acadia (3-0), 326 pts
6. Guelph (3-1), 299 pts
7. McMaster (3-1) 289 pts
8. Saskatchewan (2-1), 276 pts
9. Ottawa (2-1), 204 pts
10. Toronto (2-1), 141 pts