Le rideau est tombé sur la huitième phase finale de la Coupe du monde qui a permis aux Américaines de conserver leur titre. La compétition a été riche en enseignements sur l’évolution du soccer féminin et en controverses en tout genre. Bilan.

La domination américaine

On peut penser ce que l’on veut de leurs célébrations, de l’arbitrage ou de leur confiance qui frise l’arrogance, mais les États-Unis formaient la meilleure équipe du tournoi. La victoire est logique par rapport aux prédictions du début du mois de juin. Comme en 2015, les Américaines possédaient la plus grande profondeur, la meilleure cohésion et un avantage physique. Elles ont aussi gagné de toutes les manières possibles : en prenant le jeu à leur compte – 10 tirs cadrés contre un seul en finale – ou en évoluant plus bas pour tenir un résultat. Malgré la progression européenne, rien ne pointe vers un déclin. Megan Rapinoe aura 38 ans en 2023, mais Alex Morgan devrait être encore là. La relève, symbolisée par Rose Lavelle, 24 ans, ne manque pas de talent.

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Rose Lavelle

L’Europe bien présente

Les Américaines sont donc encore championnes, mais l’Europe comble tranquillement son retard. Sept des huit quarts de finalistes étaient ainsi issus du continent européen. La présence de certains pays, comme la France, l’Angleterre ou l’Allemagne, était attendue. D’autres, comme l’Espagne ou l’Italie, ont soit poursuivi leur progression, soit fait un beau retour sur le devant la scène. Dans l’ensemble, il y a bien entendu eu de larges résultats en phase de groupes – comme la victoire américaine face à la Thaïlande (13-0) –, mais le niveau s’est homogénéisé à partir des huitièmes de finale. Ainsi, 62,5 % des matchs se sont décidés aux tirs au but ou par un seul but d’écart.

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L’équipe de l’Italie a atteint les quarts de finale de la Coupe du monde.

Megan Rapinoe

Elle avait déjà disputé deux phases finales de Coupe du monde et deux Jeux olympiques, mais il semblerait que bien des gens aient découvert Rapinoe dans le dernier mois. Il y a d’abord ses performances sur le terrain avec un Mondial conclu par six buts, dont le penalty décisif en finale, et trois passes décisives. Il y a aussi eu ses prises de position politiques anti-Donald Trump et son éternel combat pour une équité salariale entre les hommes et les femmes. « Ma voix est peut-être plus forte que les autres, mais nous sommes toutes ensemble. On est juste un groupe de femmes fières, fortes et déterminées », a indiqué celle qui divise l’opinion depuis qu’elle a mis un genou à terre lors de l’hymne américain.

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Megan Rapinoe

L’arbitrage vidéo

Autant le dernier tournoi masculin s’était bien déroulé sur le plan de l’assistance vidéo, autant ce Mondial féminin a été riche en controverses. La critique s’est surtout fait entendre lors de son utilisation pour des infractions mineures alors qu’elle devait, à la base, corriger des « erreurs évidentes ». On repense aux penaltys controversés, aux penaltys à retirer parce que la gardienne avait très légèrement quitté sa ligne ou au hors-jeu très discutable. « Si un but est marqué par un joueur en position de hors-jeu, peu importe qu’il le soit de 2 ou de 20 cm, a tempéré le président de la commission des arbitres de la FIFA, Pierluigi Collina. Il n’y a pas de petit ou de grand hors-jeu. Pour les penaltys, c’est la même chose. » Le manque de constance à la vidéo a également été discuté.

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La Coupe du monde féminine de soccer a été riche en controverses en ce qui concerne l’assistance vidéo…

Les retombées

Le soccer féminin fait des bonds de phase finale en phase finale. On est encore très loin de la dotation chez les hommes, mais le président de la FIFA, Gianni Infantino, a promis de doubler les sommes allouées en 2023. Il songe d’ailleurs à une phase finale à 32 pays, au lieu de 24. Le dernier mois peut aussi servir de catalyseur à deux niveaux : l’augmentation de la participation des jeunes filles et une plus grande médiatisation du soccer féminin. Des audiences records ont été enregistrées dans plusieurs pays – 12,2 millions en France pour le duel face aux États-Unis –, et de nouveaux contrats ont déjà été signés. ESPN montrera 14 matchs de la National Women’s Soccer League, qui était sans diffuseur cette année. L’effet durera-t-il ?

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Gianni Infantino, président de la FIFA