Difficile de passer à côté de la déception des supporters de l’équipe nationale de soccer d’Haïti, hier soir à Montréal. Réunis en grand nombre au resto-bar Coin du Métro, ils ont vu leur équipe favorite s’incliner face au Mexique en demi-finale du tournoi de la Gold Cup de la CONCACAF, avec un score de 1-0.

C’est un coup dur pour la diaspora haïtienne de Montréal, après l’euphorie des victoires des dernières semaines. Wilson Ladouceur, qui assistait au match, a d’ailleurs expliqué à La Presse que les réussites sportives de l’équipe jusqu’ici remontaient le moral de la communauté haïtienne. « Notre pays vit actuellement une crise socio-politique importante. Malgré ces temps difficiles, les Haïtiens ont les yeux rivés sur le soccer », a-t-il expliqué.

« Ayiti, mon pays, on va gagner », pouvait-on décoder malgré la cacophonie qui régnait au bar Coin du Métro. Situé dans le quartier Ahuntsic, l’établissement est un repère populaire chez les amateurs de soccer des environs. Avant même le début de la partie, les fans d’origine haïtienne, habillés de leurs plus beaux maillots, scandaient le nom de leur mère-patrie.

Plusieurs étaient vêtus des couleurs de leur équipe fétiche et arboraient un drapeau haïtien noué autour de leurs épaules. L’un d’eux, Gunnaz Germain, était catégorique : « Haïti, 2019 c’est notre année. Comme avec les Raptors, la victoire arrivera pour nous. »

À la mi-temps, alors qu’aucune des équipes n’avait marqué, le suspense était insoutenable. Chaque opportunité manquée par les attaquants haïtiens provoquait les lamentations du public, alors que chaque tir des Mexicains bloqués par la défense laissait place à des exclamations de joie et de fierté.

Les quatre victoires consécutives de la sélection nationale ont nourri les espoirs des Haïtiens, qui ont le soccer comme sport national. C’est pourquoi la défaite a été dure à accepter pour le groupe rassemblé devant les écrans géants de la brasserie. Ils se sentaient désemparés par le penalty en faveur du Mexique, privés d’une victoire qu’ils jugeaient méritée. Le sentiment d’amertume a été amplifié par les tirs au but manqués par l’équipe d’Haïti, a affirmé un partisan présent, qui ne cachait pas son désarroi d’être passé si près du triomphe.

Les deux étages du bar, pourtant animés comme jamais juste avant le but du Mexique, se sont vidés graduellement et le silence le plus total a remplacé les chants rassembleurs.

Si les nombreux partisans n’ont pas obtenu la victoire tant espérée, ils étaient tout de même fiers des exploits des Grenadiers. « Peu importe le résultat ce soir, on a fait l’histoire », disait un groupe d’hommes au cours d’un débat animé sur l’issue du match.

Il n’en fallait pas plus pour redonner du carburant aux fans, qui discutaient déjà des futures performances de leur équipe.