(Paris) C’est une fin en queue de poisson: Patrice Evra, passé notamment par la Juventus ou Manchester United, sans contrat depuis un an, a officialisé lundi la fin de sa carrière de joueur, remplie de trophées mais ternie par des dérapages en cascade.

L’annonce a failli passer inaperçue, au cœur de l’été. C’est la première réponse d’une interview en page 5 lundi de la Gazzetta dello Sport : «Ma carrière en tant que joueur de football est officiellement achevé» - qui titre sur une autre déclaration de l’ex-défenseur international français...

«Je me suis dit : "Pat, tu as 38 ans, il est temps de passer à autre chose"», a ensuite expliqué au Figaro celui qui n’avait plus de contrat depuis son passage à West Ham bouclé en juin 2018.  

En février 2018, il s’était engagé avec le club londonien après que son contrat ait été résilié par l’Olympique de Marseille, conséquence directe d’un coup de pied haut donné à un partisan – de l’OM – qui l’invectivait, avant la défaite à Guimaraes (1-0) en Ligue Europa le 2 novembre 2017. Un des accrocs qui ont émaillé la fin de sa vie de joueur.

«Ce gars-là a dit des choses qui dépassent le cadre du football, avec des insultes raciales et d’autres choses. Si c’est à refaire, je referai la même chose», assure Evra dans le Figaro.  

Enquête pour insultes homophobes

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Patrice Evra célèbre la Coupe de la Ligue anglaise, remportée en 2008 avec Manchester United.

À la fin de son parcours, l’habitué des phrases-chocs a aussi versé dans les injures lâchées –notamment envers d’anciens joueurs, devenus consultants ou non – par médias ou réseaux sociaux interposés.

En avril 2019, Evra a ainsi été visé par une enquête pour des insultes homophobes après l’élimination en Ligue des champions du PSG par Manchester United, le 6 mars 2019.

À l’issue de la rencontre, l’ancien capitaine des Red Devils s’était déchaîné sur les réseaux sociaux, ciblant l’ancien joueur parisien Jérôme Rothen – «l’autre tapette de blonde» – puis lançant,  dans une autre vidéo sur SnapChat publiée le 18 mars 2019 : «Paris, vous êtes des pédés... ici c’est les hommes qui parlent».

«Ça a pris des proportions inutiles, ce n’est pas le moment d’en parler», lâche juste Evra dans Le Figaro.

Avant cette fin de carrière houleuse, c’est sur le terrain qu’il s’était distingué. Après avoir signé son premier contrat pro à 17 ans en Sicile – à Marsala – le latéral est révélé en 2002 à l’AS Monaco, pour qui il jouera quatre saisons avec comme point d’orgue la finale de la Ligue des champions en 2004.

Il continuera à entretenir un lien particulier avec la plus belle des compétitions européennes, qu’il remporte en 2008 avec Manchester United. Avec ManU, il remportera, entre autres, cinq titres de champion en Premier League.

«Tu m’emmerdes mais je t’adore»

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Raymond Domenech et Patrice Evra se disputent sur le terrain du stade «Champ des rêves», à Knysna, en Afrique du Sud, le 20 juin 2010.

Sous le maillot de l’équipe de France, Evra est également à créditer d’une carrière plus qu’honorable. Sélectionné à 81 reprises avec l’équipe nationale, il fait partie de l’effectif vice-champion d’Europe en 2016. «Ça reste une immense blessure, confie-t-il au Figaro. Ce poteau de Gignac (en finale) me hante encore. Tu refais la scène et tu te dis que si c’est dedans, tu es champion d’Europe».

Mais avec les Bleus aussi, son histoire est contrastée. En 2010, lors du fiasco de Knysna, il est le capitaine de la sélection emmenée par Raymond Domenech. Il sera même désigné comme l’un des leaders de la grève des joueurs, ce qui lui vaudra cinq matchs de suspension par la FFF.

«J’aurais dû laisser mon portable ouvert et écouter les avis de certains comme Didier (Deschamps), raconte-t-il au Figaro. Je me suis mis dans une bulle […] J’ai écorché cette image de capitaine de l’équipe de France et en cela je m’en veux».

Mais il ne dit pas adieu pour autant au ballon rond : il passe ses diplômes pour tenter de devenir entraîneur. Que dirait le coach Evra au joueur Evra lui demande Le Figaro? «Tu m’emmerdes mais je t’adore».