Cinq responsables de la Fédération afghane de football (AFF) dont son président se sont vu notifier vendredi une interdiction de voyager, suite à de nouvelles allégations de violences sexuelles contre des membres de l'équipe nationale féminine.

Le procureur général a placé le président de la Fédération Keramuddin Karim et quatre autres responsables sur une liste d'interdiction de déplacement par avion et de sortie du territoire « suite à des accusations d'agression à l'encontre de joueuses de l'AFF », a indiqué son porte-parole Jamshid Rasooli dans un communiqué rendu public sur Twitter.

L'une des joueuses a déclaré au quotidien britannique The Guardian que M. Karim l'avait entraînée dans une chambre secrète près de son bureau où il l'aurait menacée d'un pistolet après l'avoir violée et frappée au visage.

« Lorsque je suis revenue à moi, tous mes vêtements avaient disparu et il y avait du sang partout », a témoigné la joueuse sous couvert d'anonymat auprès du journal.  

« Le lit était couvert de sang, du sang coulait de ma bouche, de mon nez et de mon vagin », a-t-elle ajouté.

Une autre joueuse a pour sa part affirmé que M. Karim l'avait menacée de lui couper la langue après qu'elle ait réussi à échapper à ses avances.

Contacté par l'AFP, le porte-parole de l'AFF Shafi Shadab n'était pas joignable vendredi pour commentaire.

Le procureur avait à la mi-décembre suspendu les cinq hommes afin de faciliter l'enquête lancée suite à un premier article du Guardian en novembre. La commission d'éthique indépendante de la Fédération internationale de football (FIFA) avait également suspendu M. Karim pour 90 jours.

Une ancienne capitaine de la sélection nationale, Khalida Popal - qui a fui le pays en 2011 suite à des menaces de mort pour avoir pris position pour la défense des femmes afghanes -,  avait déclaré au journal avoir recueilli des témoignages de violences sexuelles, de menaces de mort et de viols. Les faits se seraient déroulés notamment dans les locaux de l'AFF, impliquant son président, ainsi que lors d'un rassemblement en février en Jordanie.

Le président afghan Ashraf Ghani s'était dit « choqué » par ces allégations, disant ne tolérer « aucune violence sexuelle », et avait demandé à la justice d'ouvrir une enquête.