Le conseil médical de la Fédération du soccer du Québec (FSQ) a présenté hier, en conférence de presse, son rapport sur les commotions cérébrales au soccer. Un comité formé en 2017, composé d'experts du milieu médical, du sport et de parents, propose une série de recommandations afin de mieux encadrer le jeu relativement aux commotions cérébrales.

«La Fédération reconnaît que, quand on joue au soccer, il y a des risques inhérents à la pratique du sport, dont les commotions cérébrales», indique le neurologue Stéphane Ledoux, responsable du comité et coauteur du rapport. La FSQ souhaite mieux encadrer la pratique afin de la rendre plus sécuritaire pour la santé des adeptes et du sport. Des mesures sont déjà effectives, d'autres s'ajouteront prochainement.

Un comité permanent

Les commotions cérébrales font l'objet de plus en plus d'articles scientifiques, note le DLedoux. «Les connaissances évoluent à grande vitesse, la cible est changeante de semaine en semaine, dit-il. La Fédération est suffisamment ouverte et proactive pour reconnaître que l'on doit s'adapter constamment.» Le comité sur les commotions cérébrales sera donc permanent. Les membres, qui ont déjà pris part à quatre rencontres depuis décembre 2017, se réuniront deux fois par année, «ou plus s'il y avait des sujets d'actualité épineux», précise le DLedoux.

Petits: pas de jeux de tête

Le comité recommande, dès ce printemps, de «retirer l'épreuve des jeux de tête pour la catégorie mini». «Si on donne un prix au joueur qui jongle le plus longtemps possible avec la tête, ça n'a pas de sens, indique le neurologue. Ce n'est pas essentiel à la pratique du sport et on veut préconiser le jeu au sol.» Toutefois, l'interdiction de faire une tête chez les joueurs de moins de 10 ans est injustifiée, selon le comité. «Le jeu aérien en situation de match est quasi inexistant dans cette cohorte. Une approche éducative est plutôt prônée en accord avec le plan de développement du joueur», lit-on.

Les filles plus à risque

«Le soccer est un des rares sports où les filles ont une incidence de commotion cérébrale plus élevée que les garçons», indique le DLedoux. Elles sont nombreuses à jouer au soccer, elles répondent moins efficacement aux situations à risque sur le terrain «pour diverses raisons culturelles, anatomiques et hormonales», note le neurologue. La musculature de leur cou, filiforme, est moins développée, si bien que «les forces d'accélération au niveau de la boîte crânienne sont plus grandes ». Dès la catégorie U11, le comité recommande d'introduire «un programme pour améliorer les muscles fléchisseurs et extenseurs du cou tout en améliorant le contrôle neuromusculaire de cette région, en parallèle à l'enseignement des têtes, en particulier au soccer féminin». Le port du bandeau protecteur, qui prévient la contusion mais non la commotion, est facultatif. «Chez les adolescentes, on observe sur le plan clinique une plus grande sévérité des symptômes, à la fois de leur intensité et de la durée.»

Des parents sensibilisés

Le comité recommande, dès le printemps 2019, «qu'une acceptation des risques brève signée par les parents et/ou tuteurs d'athlètes en début de saison soit incluse dans le bordereau d'affiliation des membres, incluant le risque de subir une commotion cérébrale». «On sensibilise les parents. Avant chaque début de saison, quand vous allez chercher les protège-tibias et le maillot, on vous fait signer un papier. On y inscrira qu'il y a des risques, même s'ils sont minimes par rapport aux bienfaits de la pratique du sport», dit le neurologue.

Joueur retiré non comptabilisé

En ligue élite, un professionnel de la santé est toujours présent lors des matchs, selon les règlements de sécurité en vigueur. En cas de soupçon de commotion cérébrale, il doit retirer un joueur du terrain. «C'est le professionnel de la santé qui, après signalement à l'arbitre, a l'autorité pour retirer un joueur du match», indique-t-on dans le rapport. Ce retrait ne sera désormais plus inclus dans le total des substitutions autorisées. «C'est nouveau. Le joueur blessé ne se sentira pas coupable d'avoir pénalisé son équipe. On pense que ça peut favoriser une meilleure détection», dit le Dr Ledoux.

Sept jours et un billet du médecin

Un athlète retiré du jeu en raison de symptômes de commotion cérébrale ne pourra remettre les pieds sur le terrain avant sept jours, et ce, seulement sur l'avis d'un professionnel de la santé indépendant. «On demande à un médecin de signer une aptitude au retour au jeu. On évalue que la période minimale de retour après un diagnostic de commotion cérébrale est d'au moins sept jours, dit le DLedoux. Si on a erré dans le soupçon d'une commotion, le médecin doit signer un billet à l'entraîneur pour lui signifier qu'il y avait erreur de diagnostic.» Très peu de fédérations sportives exigent de tels documents, note le DLedoux. Mais ça viendra, croit-il.