En fin de conférence de presse, lundi après-midi au Centre Nutrilait, Patrice Bernier a descendu les quelques marches de l'auditorium avant d'offrir un chandail floqué du numéro 8 à Saphir Taïder. Cette symbolique passation du témoin, entre l'ancien capitaine et le nouveau joueur désigné, résume à merveille la mue réalisée par l'Impact au cours de cet hiver.

Car, si tout se passe comme prévu, le Franco-Algérien sera la pierre angulaire de l'entrejeu chez l'Impact pour les trois prochaines années - plus une année d'option. Au-delà du statut de joueur désigné, qui ajoute toujours une couche de pression, le C.V. du jeune homme fait de lui «un élément important», dixit l'entraîneur Rémi Garde.

Âgé de 25 ans, Taïder a entrepris sa carrière en France avant de prendre le chemin de l'Italie, où il a disputé 162 matchs de Serie A. Il a porté les couleurs de Bologne (2011-2013, puis 2015-2017), de l'Inter Milan (2013-2014), ainsi que de Sassuolo (2014-2015). Il compte également 42 sélections avec l'équipe nationale algérienne.

«C'est un jeune joueur qui possède une grande expérience. Il peut jouer à différents postes dans différentes formations, ce qui est très utile pour moi parce que l'on doit être flexible tactiquement, a annoncé Garde. C'est un milieu box-to-box avec de bonnes habiletés tactiques, comme on peut en voir chez des joueurs du Maghreb. Et comme il a longtemps joué en Italie, il a un sens tactique au-dessus de la moyenne.»

Voilà pour le parcours et les qualités sportives du jeune homme autrefois considéré comme un grand espoir du ballon rond français. Mais, lui, que recherche-t-il dans cette aventure nord-américaine alors que d'autres pistes s'offraient à lui?

Lundi, on a senti un joueur prêt à s'investir à fond et particulièrement séduit par le projet que lui a énoncé Garde. Par exemple, il n'a pas trop hésité quand la possibilité de jouer en MLS s'est présentée. «J'ai 25 ans, j'aurais pu rester en Europe, en Italie, mais je suis venu pour gagner des trophées. Je ne suis pas ici pour me dire: "Je suis en MLS, ça se passe bien, le coach est bon, on a tout ce qu'on veut." Je veux gagner des championnats, a-t-il commencé par dire.

«La MLS est un challenge que j'ai envie de relever. Je veux donner le maximum pour le club qui m'a fait confiance, tout simplement. Le coach a su me mettre à l'aise assez rapidement. J'ai été charmé par son projet et sa façon de voir le football. Le feeling au téléphone est rapidement passé et si je suis là, c'est en grande partie grâce à lui», a martelé Taïder, qui devrait s'occuper des coups de pied arrêtés cette saison.

On ne s'étendra pas sur ses connaissances préalables de la MLS. Comme bien des recrues avant lui, il s'est dit heureux de rejoindre un «championnat qui grandit très vite» avec des «terrains de grande qualité» et des centres d'entraînement où «il fait bon y travailler». Il a quand même pu avoir une idée plus précise du quotidien d'un joueur de MLS par l'entremise d'une conversation téléphonique avec Blerim Dzemaili, déjà buteur avec Bologne ce week-end.

«Il m'a dit qu'il aimait la ville et qu'il avait pris du plaisir pendant les six ou sept mois ici, a indiqué Taïder. Selon lui, c'est beaucoup moins tactique qu'en Italie, mais davantage athlétique, parce que les joueurs sont bien préparés physiquement. Il m'a dit que si j'étais bien physiquement et que je travaillais bien, j'allais prendre du plaisir.»



Les nouveaux visages

Les autres acquisitions montréalaises ont aussi été présentées, lundi, dans la foulée de la conférence de presse. Le milieu offensif Jeisson Vargas s'est mêlé au groupe après l'officialisation de son arrivée quelques minutes auparavant.

«C'est un jeune joueur doté d'un potentiel très intéressant. Il m'a été recommandé par Nick De Santis dès mon arrivée au club et j'ai rapidement validé sa venue, a souligné Garde. Il possède de réelles qualités de percussion et de tir. Il peut évoluer dans différentes positions en attaque.»

Âgé de 20 ans, Vargas a signé une entente d'un an assortie de deux années et demie d'option. Il évoluait avec le club chilien CD Universidad Católica depuis 2014 avec un bref passage par le championnat argentin (Estudiantes de La Plata) en 2015.

Lui et ses nouveaux coéquipiers apprendront à se connaître davantage au cours du camp d'entraînement qui débute mardi. Après une séance d'entraînement au Stade olympique, l'équipe prendra le chemin de Miami au cours de l'après-midi.

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Photo André Pichette, La Presse

Jeisson Vargas

Ce qu'ont dit les nouveaux venus

«Je suis très motivé et je vais tout donner. Rémi Garde, c'est un grand coach très respecté en France. Il va m'apporter beaucoup. La MLS est un championnat vraiment attirant pour les Français et ça a toujours été dans un coin de ma tête. [...] J'ai beaucoup entendu parler de Laurent Ciman. Apparemment, c'était un dieu ici, mais je suis prêt à relever le défi. Vous allez voir.» - Zakaria Diallo, défenseur central

«L'Impact a choisi de rajeunir l'effectif avec de jeunes joueurs qui ont faim de bien faire. Ils ont aussi décidé d'aller dans une nouvelle direction avec un nouvel entraîneur. Je suis très heureux d'être ici. C'est toujours une surprise d'être choisi au repêchage, puis d'être échangé dans la foulée, mais je suis très optimiste pour la saison.» - Raheem Edwards, défenseur/milieu de terrain

«J'ai été surpris d'être sélectionné au repêchage, car je ne pensais pas que ça allait arriver. Au début, j'ai été un peu confus après la transaction m'envoyant à Montréal, mais c'est comme ça. J'ai très hâte de commencer à travailler avec mes coéquipiers.» - Jukka Raitala, défenseur

«Dans certains aspects, le jeu de la MLS peut être différent de celui pratiqué en Angleterre. Mais son style de jeu est direct, rapide, et je crois être en mesure de rivaliser au chapitre athlétique. C'est bon, pour la sélection canadienne, d'avoir autant de jeunes joueurs canadiens au sein de la même équipe.» - Michael Petrasso, défenseur/milieu de terrain

Photo André Pichette, La Presse

Zakaria Diallo