Une barrière qui s'effondre, emportant avec elle des dizaines de partisans : 29 personnes ont été blessées dont cinq grièvement samedi à Amiens, dans le nord de la France, et une enquête a été ouverte sur fond de polémique concernant l'état du stade.

Alors que le joueur lillois Fodé Ballo-Touré se dirigeait vers ses partisans après avoir ouvert le score dans un match de championnat de soccer, les fans de Lille se sont rués comme un seul homme sur une barrière séparant la tribune latérale de la pelouse. Elle a cédé et des dizaines d'entre eux ont été projetés au sol, écrasés par d'autres qui se sont entassés dessus.

«Ca s'est passé d'un coup. Je ne sais même pas qui avait marqué. D'un coup, ça m'est tombé dessus. Plus de son, plus d'image, et après je suis reparti avec les pompiers», a témoigné Georges Penel, un partisan lillois de 21 ans, blessé à la jambe et au dos.

Le match a aussitôt été interrompu, à la 16e minute, par l'arbitre qui a renvoyé les deux formations aux vestiaires. Une scène de confusion a suivi, des soigneurs de la Croix-Rouge et des pompiers prodiguant les premiers soins aux blessés sur la pelouse.

Selon un bilan communiqué par le CHU d'Amiens, 29 partisans ont été blessés - à l'abdomen, au thorax, au crâne... - dont cinq grièvement. Trois mineurs de 17, 16 et 14 ans font partie des victimes.

Le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb a précisé dans un communiqué que le plan NOVI (NOmbreuses VIctimes) avait été mis en oeuvre. Le NOVI est «un plan d'urgence pour secourir un nombre important de victimes dans un même lieu», selon la documentation du ministère. 

«Manquement particuliers»? 

Une enquête a immédiatement été ouverte pour «blessures involontaires» par la justice afin de «déterminer pourquoi il y a eu cette rupture», a affirmé le procureur d'Amiens Alexandre de Bosschère.

«Nous cherchons à savoir s'il y a eu des manquements particuliers», a-t-il dit, précisant: «nous avons placé des scellés sur le site qui fera l'objet d'une expertise dans les prochains jours».

Le président de l'Amiens SC, Bernard Joannin, a déclenché une polémique dans la soirée, en semblant rejeter la faute sur les partisans : «Il n'y a pas de problème de barrière. Les services de police nous avaient prévenus que 200 ultras très énervés étaient dans le parcage réservé aux Lillois. Ils se sont lancés de façon désordonnée, plus de 500 personnes, sur cette barrière qui était en parfait état».

Une mise en cause que le directeur général du club de Lille Marc Ingla a jugé «irresponsable». Il s'est interrogé sur «les conditions d'organisation et de sécurité proposées par le stade et le club d'Amiens».

La maire de Lille et ex-ministre socialiste, Martine Aubry, a voulu calmer les esprits. «Arrêtons les polémiques sur l'accident. Pensons d'abord aux blessés, et attendons les résultats de l'enquête», a-t-elle tweeté.

Inauguré en 1999, le stade de la Licorne, situé dans l'ouest d'Amiens, dispose d'une petite capacité d'environ 12 000 places. Des travaux pour changer sa toiture doivent avoir lieu durant toute la saison 2017-2018, alors que le club du nord de la France a assuré la première montée de son histoire en Ligue 1 au printemps dernier.

Le stade connaît d'autres travaux de rénovation et la tribune latérale face à celle de l'incident est d'ailleurs fermée pour réfection.

«La prise en charge des victimes reste évidemment la priorité absolue avant de faire toute la lumière sur les circonstances de cet accident», a réagi le président de la fédération française de soccer, Noël Le Graet. «Nous allons tout faire pour ne plus voir ça dans un stade», a insisté pour sa part Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de football professionnel (LFP).