Les fans du Chapecoense, petit poucet devenu grand du soccer brésilien, se sont rassemblés mardi autour de leur stade, choqués et incrédules après l'accident d'avion qui a terrassé leur équipe, épilogue cruel d'une saison en forme de conte de fées.

Toute l'année, ce club longtemps sans grade ni moyens a régalé ses fans de Chapeco, une ville de 200 000 habitants de l'État de Santa Catarina, au sud du Brésil. La joie s'est brutalement muée en désespoir.

Sous un soleil éclatant, les supporteurs se sont rassemblés au stade, avec le même maillot du club qu'ils portaient il y a une semaine, pour célébrer une nouvelle improbable victoire.

Beaucoup sont venus déposer des fleurs et des rubans noirs en signe de deuil.

«J'ai appris la nouvelle à la télévision. Je me suis levé d'un coup et je suis venu ici», explique Nelson Maguluche, la voix brisée par les sanglots. «J'ai toujours été un fan, j'allais voir tous leurs matches», ajoute-t-il.

Chapecoense était encore il y a quelques années un club obscur et désargenté, à la lutte pour sa survie dans les divisions inférieures, comme il en existe des centaines au Brésil. À force de travail, persévérance et envie, David s'était transformé cette saison en Goliath.

Lundi soir, les joueurs, leur encadrement et des journalistes locaux s'étaient envolés vers la Colombie, avec le rêve à portée de crampons de décrocher la lune, en finale aller de la Copa Sudamericana contre l'Atletico Nacional.

Mais les contes pour enfants et grands enfants sont souvent cruels, et leur avion charter s'est écrasé dans les collines proches de Medellin. Seuls six des 71 passagers ont miraculeusement survécu.

«La douleur est terrible. Alors que notre équipe était parvenue à avoir une renommée nationale, il arrive cette tragédie, une immense tragédie», a réagi le vice-président de Chapecoense, Ivan Tozzo, à Globo SportTV.

«Nous sommes tous ici dans le stade pour aider les personnes affectées», a-t-il ajouté.

Le maire de Chapeco, Luciano Buligon, a décrit à travers des sanglots le désespoir de toute une ville à la chaine TV Globo : «Nous sommes passés du rêve à un authentique cauchemar».

Solidarité

Trois joueurs seulement ont survécu : les défenseurs Helio Neto et Alan Ruschel, et le gardien de but remplaçant Jackson Follmann. Les autres survivants connus sont deux membres d'équipage et un journaliste.

Le gardien titulaire Marcos Danilo Padilha, 31 ans, a succombé à ses blessures sur la route de l'hôpital. Son arrêt éclair à la dernière minute de la demi-finale avait garanti le ticket pour la finale...

Des grands clubs du monde entier et de nombreux joueurs comme la superstar argentine Lionel Messi ont exprimé leur solidarité et condoléances. «La famille du soccer brésilien est en deuil» à réagi Pelé. «À partir de  maintenant, je suis supporteur du Chapecoense», a commenté l'Argentin Diego Maradona.

Les Colombiens de l'Atletico Nacional ont demandé que le titre soit remis au club brésilien, dans un «hommage posthume», à leur adversaires disparus.

Au Brésil, plusieurs grands clubs, dont Palmeiras, récemment sacré champion national, Fluminense et Botafogo, ont annoncé qu'ils prêteraient gratuitement certains de leurs joueurs au Chapecoense pour la saison 2017.

«Les clubs pensent que ce moment doit être à l'unité, au soutien et à l'aide de Chapecoense», ont-ils expliqué dans un communiqué.

Ils ont également demandé à la Confédération brésilienne de soccer (CBF) de ne pas reléguer Chapecoense en seconde division nationale pendant les trois prochaines années, pour lui laisser le temps de renaître de ses cendres et rebâtir une équipe, indépendamment de ses résultats.

Les champions de Palmeiras ont également demandé l'autorisation de pouvoir porter le maillot du club martyr lors de leur dernière rencontre de championnat de la saison en décembre.

Et de nombreux clubs brésiliens ont posté sur leurs sites officiels l'écusson de Chapecoense sur un fond noir.

REUTERS

Des membres de Chapecoense, dans une photo de groupe prise début novembre.