Aussi rapide soit-il sur un terrain, Dominic Oduro a besoin d'un temps de réflexion supplémentaire lorsqu'on lui demande, de façon ludique, s'il se rappelle son nombre de matchs en séries. «Attends, je peux te le dire. J'en ai joué avec Houston, Chicago...» Un membre des communications interrompt alors la phrase et lui souffle finalement la bonne réponse. Oduro a disputé huit matchs en séries avec quatre équipes différentes.

Certains de ses coéquipiers ne manquent pas d'expérience, dans les coupes européennes ou sud-américaines, mais c'est bien le Ghanéen qui connaît le mieux la recette MLS chez l'Impact. Première chose qui lui vient à l'esprit à quelques heures du match de barrage à Washington: la vérité des séries est rarement celle de la saison régulière. Les Timbers de Portland ont parfaitement illustré cette théorie, la saison dernière.

«En séries, ce n'est pas une question de savoir qui veut le plus la victoire, mais bien qui est le plus déterminé à l'avoir. J'ai vu des équipes se sortir du fond de classement pour remporter la Coupe MLS, dit-il. Tu peux jeter les matchs précédents à la poubelle. Ça ne compte plus si on a battu telle ou telle équipe avant. Cette fois, tout le monde est à son meilleur, tout le monde est déterminé et tout le monde joue à 100%»

«Avec l'expérience, on apprend comment changer un peu son état d'esprit pour les séries. Tu dois être un battant sur le terrain. On ne parle que d'un seul match au terme duquel ta saison peut s'arrêter. Ça ne tient qu'à toi de définir ce que sera la saison.»

Parce que le noyau de l'équipe a vécu la défaite, et l'énorme déception, en demi-finale d'association, l'an dernier, Oduro n'aura guère besoin de s'étendre sur ses expériences passées. Du onze partant, ce soir, seul Matteo Mancosu va découvrir les séries de la MLS. Et encore, le numéro 21 a déjà traversé victorieusement cet exercice, en 2014-2015, lorsque Bologne a retrouvé la Serie A.

L'Italien est au coeur de la bonne fin de saison montréalaise grâce aux atomes crochus développés avec Nacho Piatti. L'efficacité de ce duo, surtout sur la contre-attaque, conditionnera une bonne partie de la destinée montréalaise. «On sait que Nacho est un bon dribbleur, mais quand il déséquilibre l'adversaire et qu'il crée une ouverture pour lui, il y a Matteo qui est très fort dans les déplacements en profondeur, a analysé Mauro Biello. Nacho, le dribbleur, peut se transformer en passeur avec les mouvements dans la profondeur.»

Le rôle de Mancosu sera d'autant plus crucial que Biello a mis en veilleuse la longue saga Drogba, hier, en confirmant que l'Ivoirien ne ferait pas le déplacement à Washington. En posant ses crampons à Montréal, au mois de juillet, l'attaquant italien n'aurait sans doute pas imaginé vivre une telle situation.

«Il n'y a pas de discussion. Didier est un grand joueur et un grand champion. Il m'a beaucoup parlé quand je suis arrivé et j'ai beaucoup appris de lui, a-t-il raconté avec l'aide d'un interprète. Mais je me sens très confiant, très bien et je suis content de pouvoir aider l'équipe, surtout avec les problèmes physiques de Didier. Je m'entends très bien avec Dominic et Nacho. Nacho est un grand joueur qui peut faire la différence et un grand ami. Je m'entends bien avec lui en dehors du terrain, et il mérite tout ce qui lui arrive.»

«La vitesse»

Vu de D.C. United, l'Impact a tous les traits d'un adversaire coriace même si sa fiche de saison contre les équipes qualifiées pour les séries n'a rien d'extraordinaire (4-6-9). On se méfie des prouesses de Piatti, d'un milieu de terrain chevronné et des performances de Laurent Ciman. La vitesse montréalaise vient également au premier rang des préoccupations de l'entraîneur Ben Olsen.

«Ce sera la clé du match, a commenté Biello. On sait que, oui, ils ont de bons défenseurs qui peuvent défendre ce qui est devant eux. Mais on doit forcer des gars comme [Bobby] Boswell et [Steve] Birnbaum à s'occuper de nos attaquants, dans la profondeur.»

Le match commence à 19h30. Un party de visionnement aura lieu au Théâtre Corona à partir de 18h30.

> Charles Dubé: L'Impact peut-il s'imposer à Washington?