Le résultat est toujours le même sur le plan comptable, mais il y a des défaites qui font plus mal que d'autres. À un moment de l'année où les points commencent à valoir plus et où le parcours des rivaux d'Association est doublement scruté, l'Impact a reçu une sacrée gifle, hier soir, en s'inclinant 3-0 contre le Fire de Chicago.

Alors que New York City FC et Toronto s'échappent au sommet de l'Association de l'Est, l'Impact est tombé de haut en faisant du surplace face au dernier club de la MLS. De quelle hauteur ? D'assez haut pour entraîner quelques sifflets dans un stade Saputo - encore à guichets fermés - généralement peu démonstratif dans le mécontentement. D'assez haut pour pousser de nombreux spectateurs à quitter l'enceinte dès le deuxième but des visiteurs, à la 73e minute.

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Il était peut-être prématuré de quitter son siège, mais avouons que l'Impact était dans un très mauvais jour face à un adversaire qui n'avait récolté que... deux points hors de chez lui en 2016.

« J'aimerais m'excuser de ma part et de celle de mes joueurs pour cette performance, a d'emblée lancé l'entraîneur-chef Mauro Biello. Quand on a des performances comme ça, ça fait mal. Je n'étais pas content de notre façon de jouer du début à la fin. Chicago a donné plus que nous, [ses joueurs] ont gagné chaque balle au niveau physique. »

« J'espère qu'on ne reverra pas de match comme ça, cette année ».

L'Impact voulait profiter des deux derniers rendez-vous à domicile du mois d'août, contre Chicago, puis DC United, pour faire le plein de points. Inquiet, il se gratte maintenant la tête en se demandant ce qui n'a pas marché et ce qui peut rapidement être corrigé. La liste est longue pour l'entraîneur montréalais : son équipe n'est pas assez fluide en possession et trop dépendante des longs ballons, pas assez tranchante dans les duels, inefficace en milieu de terrain et trop lente pour parvenir à prendre à revers son adversaire.

Hormis Ambroise Oyongo, suspendu, Biello avait pourtant la quasi-totalité de ses joueurs à sa disposition. Cela signifie donc que Didier Drogba, dont la semaine d'entraînement avait été tronquée par des symptômes de gastro, a bien amorcé le match. C'est lui qui s'est montré le plus dangereux (ou le moins inoffensif ?), en première période, grâce à deux coups francs repoussés par Sean Johnson (11e et 33e). Et puisque l'Impact a encore trop souvent tendance à dépendre d'un exploit individuel, Nacho Piatti a failli assumer ce rôle après un slalom conclu par un tir stoppé par Johnson (38e). En deuxième mi-temps, on a surtout vu des frappes lointaines qui n'ont guère inquiété le gardien de l'Illinois.

On le comprend, la copie collective est encore extrêmement brouillonne, avec un déficit de créativité et de rigueur défensive en milieu de terrain. La prestation d'ensemble du onze montréalais a carrément été « au bord de la faute professionnelle », croit Hassoun Camara, l'un des rares joueurs qui étaient dans le vestiaire pour répondre aux sollicitations des médias. « On n'a pas été à la hauteur, [hier] soir, et c'est malheureux parce qu'on avait vraiment besoin des trois points pour se rapprocher des têtes d'affiche, a poursuivi le latéral français. Il va falloir se regarder en face, voir ce qu'on fait très mal en ce moment, l'accepter et tout faire pour travailler collectivement afin d'être meilleurs. »

Accam comme prévu

Evan Bush avait vu tout juste dans son analyse d'avant-match. Dans la même phrase, le gardien montréalais avait dit se méfier d'une défense du Fire très regroupée, de ses contre-attaques et des qualités de David Accam. Le petit Ghanéen a bien utilisé sa vitesse, lors des transitions offensives, en étant le passeur décisif sur le but de Luis Solignac (15e), puis en touchant la transversale (18e). En deuxième période, il a d'abord fallu de bonnes interventions de Wandrille Lefèvre et de Laurent Ciman pour l'empêcher de récidiver sur contres. Il a finalement doublé la mise (73e) avant que Matt Polster ne donne un peu plus d'ampleur à la défaite de l'Impact (89e). Justement, le onze montréalais n'avait plus encaissé deux défaites d'affilée en MLS depuis les 19 mars et 2 avril, et il a maintenant encaissé six buts lors des 180 dernières minutes de jeu.

« Si tu ne défends pas en équipe, tu ne peux pas gagner. On prend des contres et des buts. [Nos adversaires] étaient derrière et étaient là, comme des chiens, à ne rien lâcher. Nous, on s'est crus plus beaux qu'eux en imaginant que le talent allait suffire, a lâché Ciman. [...] On peut avoir les quatre meilleurs défenseurs, si le reste ne suit pas, ce n'est pas possible... »